Chaque équipe connaît son lot d’adversité pendant une saison, mais les Patriotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières semblent avoir donné plus que les autres à ce chapitre dernièrement.

Annulation d’une saison complète en raison de la COVID-19, incertitude quant à la reprise des activités au hockey universitaire canadien cet hiver et implantation d’un club professionnel dans leur marché sont quelques-unes des embûches qui ont bouleversé le quotidien des Patriotes.

« Les deux dernières années ont été remplies d’adversité! », reconnaît l’entraîneur-chef Marc-Étienne Hubert en entrevue téléphonique à RDS.ca, alors que l’équipe était à bord d’un autobus les menant à Wolfville, en Nouvelle-Écosse, pour participer à la Coupe U à compter de vendredi.

Le hockey universitaire canadien est porté depuis toujours à bout de bras par des joueurs et entraîneurs passionnés, mais les disparités avec d’autres circuits ont été exposées au grand jour au début de la nouvelle année. Pendant que les Cataractes de Shawinigan (LHJMQ) et les Lions de Trois-Rivières (ECHL) pouvaient disputer des matchs, les Patriotes étaient limités à des séances d’entraînement. C’est dans ce cadre que le mouvement #OnVeutJouer avait été lancé.

Cette incohérence a d’ailleurs incité deux joueurs des Patriotes – le meilleur pointeur William Leblanc et l’attaquant de puissance Thomas Éthier – à quitter l’équipe pour rejoindre les Lions. Ces départs s’ajoutaient à ceux des gardiens de but Zachary Bouthillier et Tristan Côté-Cazenave pour d’autres clubs de l’ECHL. Un phénomène complètement inédit dans l’histoire des Patriotes.

PatriotesMalgré tout, ils ont été en mesure de gagner les éliminatoires de l’Ontario University Athletics, après avoir battu les Badgers de l’Université Brock 3-1 en finale de la Coupe Queen. Ils avaient aussi terminé au premier rang de leur division en saison régulière grâce à un dossier de 10-3-1-1.

« Il y a un ensemble de facteurs qui expliquent nos succès, mais à la base, il y a le niveau d’engagement des étudiants-athlètes envers leurs études et le programme de hockey, explique Hubert, un ex-joueur des Patriotes de 1999 à 2003 avant d’en devenir l’entraîneur-chef en 2013.

« Cela demande énormément d’efforts et de sacrifices pour évoluer au hockey universitaire canadien et ces gars-là les ont faits en ne sachant même pas s’ils allaient ensuite avoir la chance de jouer. Ce n’est vraiment pas facile de garder la motivation et la forme dans un tel contexte.

« À ce niveau, il n’y pas personne qui prend les joueurs par la main. Ils veulent connaître du succès dans leurs études, mais ce sont également des passionnés de hockey. Cela demande beaucoup de préparation et d’organisation, car les journées sont très chargées. C’est pourquoi nous nous efforçons de recruter des joueurs qui collent parfaitement à cette philosophie. »

« Tout peut arriver »

Autant Hubert donne l’impression de ne jamais avoir douté de la capacité de résilience de ses joueurs, autant il fait comprendre que les Patriotes ont réussi un véritable tour de force en parvenant à se classer troisièmes têtes de série en vue de la Coupe U qu’ils amorceront vendredi à 18 h avec un match contre les Thunderbirds de l’Université de la Colombie-Britannique (6es).

C’est que les Patriotes avaient commencé la saison 2019-2020 sous le signe de la reconstruction avec l’ajout de 14 nouveaux joueurs au programme. Mais plus important encore, le club a perdu deux gardiens du but partants en cours de route : Zachary Bouthillier et Tristan Côté-Cazenave.

Heureusement, les Patriotes ont joué de chance et ont été en mesure de recruter Alexis Gravel, un ancien des Mooseheads de Halifax qui avait été repêché par les Blackhawks de Chicago en 6e ronde en 2018. Celui qui a également participé au dernier camp d’entraînement des Canadiens avant de tenter sa chance à Allen, au Texas, dans l’ECHL n’a pas déçu en se classant dans le top-5 pour la moyenne de but alloués ainsi que dans le top-10 pour le coefficient d’arrêts au pays.

« C’est unique ce que nous avons vécu cette année, rappelle Hubert. Ce n’est vraiment pas évident de perdre deux gardiens dans la même année comme cela a été le cas pour nous. Nous avons travaillé fort... Cela dit, nous ne sommes pas la seule équipe à avoir perdu des joueurs. »

C’est possiblement pour cette raison que Hubert est gonflé à bloc à l’approche de la Coupe U et qu’il espère de tout cœur que les amateurs prendront le temps de suivre le parcours de son club et celui des sept autres participants. À ses yeux, le hockey universitaire canadien vaut le détour.

« C’est un hockey complètement différent, plaide celui qui a également évolué et dirigé dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Comme il y a beaucoup moins de matchs en saison régulière et en éliminatoires, toutes les rencontres sont disputées à vive allure. C’est intense!

« Dans la LHJMQ et l’ECHL, les saisons sont longues et les joueurs ne peuvent pas aller à 200 miles à l’heure. Les amateurs pourront voir du hockey qui est physique, mature, stratégique et spectaculaire. Il faut savoir qu’entre 90 à 95 pour cent des joueurs proviennent de la Ligue canadienne de hockey et ont souvent connu des très, très belles carrières dans les rangs juniors.

« Avec des matchs à élimination simple, tout, mais absolument tout, peut arriver. Nos premiers adversaires, les Thunderbirds, auront traversé le pays pour participer à la compétition. Alors pas besoin de dire qu’ils ne seront pas là pour faire de la simple figuration. Nous devrons être bons! »

Après deux titres comme joueurs en 2001 et 2003, Hubert souhaite en savourer un premier en tant qu’entraîneur. Il n’y aurait pas de meilleure manière de couronner une saison marquée par l’adversité.