MONTRÉAL - David Desharnais est un joueur de petite taille qui doit présentement apprendre à naviguer dans un monde de géants. Il se dit toutefois confiant de réussir le coup, comme plusieurs l'ont fait avant lui à leur arrivée dans la LNH.

Tel un Brian Gionta, par exemple.

Selon le capitaine du Canadien, Desharnais ne doit rien changer à sa façon de faire même si c'est maintenant au plus haut niveau qu'il tente de se faire une place.

«L'histoire n'est pas nouvelle, a souligné Gionta qui, à cinq pieds sept pouces, a la même taille que Desharnais - selon les données officielles du Canadien, du moins. Si David a fait autant de chemin dans le monde du hockey, qu'il est passé d'un niveau à l'autre, c'est parce qu'il a toujours joué à sa manière. Alors il n'y a pas de raison d'ajuster son jeu, ou de faire quelque chose de différent une fois dans la Ligue nationale.»

«Tout le monde pense qu'il faut faire ceci ou cela une fois arrivé dans la LNH parce que tu es plus petit, note par ailleurs Gionta. Mais tu dois faire comme dans n'importe quelle autre ligue où tu as évolué quand tu étais jeune. Peu importe le niveau, tu te retrouves toujours contre des plus gros que toi. Tu as toujours le même désavantage au niveau de la taille.»

Et ce, qu'il s'agisse de la LNH ou d'un tournoi pee-wee.

Évidemment, reste qu'un hockeyeur de cinq pieds sept pouces ne peut pas adopter la même approche qu'un Zdeno Chara.

«Si un joueur adverse est prêt pour ta mise en échec, par exemple, tu sais que ce ne sera pas efficace, dit Gionta. David (Desharnais) est un joueur rapide qui excelle en échec-avant, alors il doit chercher à enlever du temps et de l'espace à son opposant, plutôt que de chercher à l'intimider.»

C'est là l'attitude que Desharnais adopte tout naturellement.

«Il faut que tu sois intelligent, il ne faut pas que tu essaies de déplacer un joueur de six pieds quatre pouces quand tu arrives dans le coin et que tu sais qu'il est plus fort que toi, explique celui qui a une mention d'aide en trois matchs avec le Tricolore depuis son rappel des mineures. Il s'agit d'être plus intelligent que lui et de se concentrer davantage sur la rondelle que sur le joueur. Dans le fond, c'est la rondelle qui compte.»

Au fil des ans, Desharnais a aussi cherché à ajouter le plus de buts et mentions d'aide possible à ses statistiques dans le but d'attirer l'attention. C'était pour lui la meilleure façon de combattre les préjugés concernant sa petite taille.

«Ç'a été ça dans toutes les autres ligues, même si ce sera peut-être autre chose ici (dans la LNH)», a indiqué l'attaquant de 24 ans, que le Canadien a embauché à titre de joueur autonome en 2008. Même si je suis d'abord un petit travaillant qui n'a pas peur d'aller dans les coins, d'aller devant le but et qui cherche à créer de l'attaque pour aider l'équipe, les statistiques m'ont beaucoup aidé.

«J'ai été le premier marqueur de mon équipe dans presque toutes les ligues où j'ai joué, alors c'est sûr que ça aide (à ouvrir les yeux des dirigeants de clubs des ligues supérieures)», a dit celui qui a été proclamé joueur par excellence de la Ligue de la côte Est en 2007-08, et qui était le meilleur pointeur de la Ligue américaine au moment de son rappel, le 31 décembre.

Gionta a marqué 21 buts dès sa troisième campagne dans la LNH, en 2002-03. C'était la première fois qu'il disputait plus de 70 matchs. Il a enfilé 48 buts en 82 rencontres la saison suivante. Desharnais se dit optimiste de connaître une courbe de progression ascendante, lui aussi.

«Jusqu'à maintenant ça va bien, et ça ne va qu'aller de mieux en mieux, lance Desharnais, confiant. Pour l'instant, je pense que je m'adapte bien.»

Plus calme que la normale

Desharnais a effectivement bien fait jusqu'ici. Son trio, complété par Mathieu Darche et Benoit Pouliot, a permis au Canadien d'avoir le dessus sur les Penguins de Pittsburgh, jeudi dernier. Cette unité avait aussi été menaçante plusieurs fois en territoire ennemi face aux Thrashers d'Atlanta, quatre jours plus tôt.

Selon Darche, c'est parce que Desharnais joue avec confiance. C'est là une chose qu'on ne voit pas toujours chez un joueur qui vient d'obtenir une promotion dans la LNH.

«Un joueur qui se fait rappeler, bien souvent, a tendance à jouer surtout pour ne pas commettre d'erreur, au lieu de jouer son match, a souligné le vétéran de 34 ans. Même moi, la saison dernière, j'avais tendance à faire ça après un rappel. Mais je pense qu'avec Benoit et moi, il est moins nerveux parce qu'il nous connaissait déjà un peu. Lui et moi avons joué un peu ensemble à Hamilton.»