MONTRÉAL - Si son jeu de puissance avait été le moindrement efficace, lundi face aux Bruins de Boston, le Canadien aurait pu l'emporter et prendre une avance quasi insurmontable de 3-0 dans la série du premier tour. Et ce, malgré l'erreur commise par Carey Price. Et aussi, en dépit d'une performance relâchée en première moitié de rencontre.

Un seul petit but de la part de l'avantage numérique, au fil de ses cinq occasions, aurait permis de transformer radicalement l'allure de la rencontre. Lors de la première tentative surtout, qui est survenue 68 secondes seulement après la mise en jeu initiale.

Les Bruins ont alors été pénalisés pour avoir eu trop d'hommes sur la glace, une gaffe lourde de sens pour quiconque connaît l'historique des confrontations Boston-Montréal en séries. Un but dans ce contexte et les hommes de Claude Julien, malgré toute leur bonne volonté, se seraient fort probablement dégonflés moralement.

Mais c'est le contraire qui s'est passé. Les joueurs du CH n'ont pas vraiment menacé et ce sont les Bruins qui ont marqué quelques secondes après la fin du jeu de puissance montréalais.

Puis, même chose au début de la deuxième moitié de la première période. Patrice Bergeron a été puni pour obstruction, mais le Tricolore n'a pas marqué et peu de temps après le retour au banc de l'attaquant québécois, les Bruins ont fait 2-0.

«On a eu trois avantages numériques tôt dans le match mais le niveau d'exécution n'était pas là, a déploré Mathieu Darche après le match de lundi. Même qu'on n'a pas vraiment réussi à passer du temps dans leur zone.

«On a eu la chance de dicter le rythme du match et on ne l'a pas saisie.»

Pourtant, il suffit parfois de bien peu pour réussir à avoir le dessus sur un adversaire, même dans les séries. Jacques Martin l'a d'ailleurs bien relevé pendant son point de presse d'après-match, lundi, alors qu'il s'apprêtait à donner une journée de congé à ses joueurs.

«C'est toujours serré (en séries) parce que les deux équipes en présence bataillent sans relâche, c'est un véritable combat de chiens. Certains soirs, comme ç'a été le cas samedi, les unités spéciales font la différence. Le deuxième but, le but en avantage numérique qu'on a obtenu tôt dans ce match, a vraiment changé l'allure de la rencontre», a noté l'entraîneur du CH, en faisant allusion au but de Darche, qui a fait 2-0 à 2:20 de la première période du match disputé à Boston, et lancé le Canadien vers une avance de 2-0 dans la série.

«Ce but a perturbé les Bruins, a noté Martin. Mais ce but-là, on ne l'a pas eu (lundi). Au lieu de se donner du rythme, on l'a perdu.»

Un petit but avec un homme en plus, donc, et ç'aurait fait toute la différence même si le jeu de puissance du CH ne pète pas le feu par le temps qui court.

L'avantage numérique n'a fait mouche qu'une fois en 12 tentatives jusqu'ici dans la série contre les Bruins, pour un pourcentage d'efficacité de seulement huit pour cent. Et les problèmes à ce niveau ne datent pas d'hier.

Il est vrai que lors des 15 derniers matchs du calendrier régulier, le jeu de puissance a conservé un taux d'efficacité de 16,3 pour cent, ce qui n'est pas très loin du 19,3 pour cent qu'il a affiché sur l'ensemble de la saison. Sauf que ce pourcentage de 19,3 n'a donné au Tricolore que le 13e rang dans la LNH. Puis, dans le dernier droit, l'attaque à cinq a perdu plus de lustre encore.

Elle a alors marqué huit fois à ses 49 dernières occasions en saison régulière, sauf que les attaquants n'ont obtenu que quatre de ces filets. Alors que sur l'ensemble de la saison, les avants ont récolté plus des deux tiers des buts en avantage numérique.

Bref, la moitié des rares buts à cinq contre quatre ont été l'oeuvre de jeux réduits à leur plus simple expression — essentiellement, un tir de la ligne bleue ou un effort individuel hors de l'ordinaire d'un défenseur venu créer un surnombre.

De son côté, Claude Julien a préféré donner le crédit à ses unités à quatre contre cinq.

«Notre désavantage numérique a été très bon depuis le début de la série, a affirmé l'entraîneur des Bruins après le match de lundi. Le but que le Canadien a marqué chez nous (samedi) était une erreur de notre part. Mais les gars ont généralement fait du très bon travail pour remporter les batailles, leur enlever de l'espace de manoeuvre et ne pas les laisser s'installer dans notre zone trop facilement.

«Il ne fait aucun doute qu'en écoulant des pénalités de cette façon, ça donne de l'énergie aux joueurs sur le banc.»