MONTRÉAL - Il n’y a pas eu d’incident à la pesée à la veille du combat d’unification des mi-lourds entre Jean Pascal et Sergey Kovalev, mais l’événement n’a cependant pas été dénué d’intérêt.

À la suite de la légère échauffourée survenue mercredi à la conférence de presse finale, le Québécois a tout simplement pris la poudre d’escampette après avoir affiché un poids de 175 livres à la pesée tenue vendredi au Casino de Montréal. Il a ainsi renoncé à un dernier face-à-face avec son adversaire, qui a quant à lui fait osciller le pèse-personne à 174 livres.

Pascal (29-2-1, 17 K.-O.) tentera de ravir à Kovalev (26-0-1, 23 K.-O.) les ceintures de la WBA, de l’IBF et de la WBO qu’il défendra pour la première fois depuis sa victoire aux dépens de Bernard Hopkins en novembre dernier. Il s’agira pour le Lavallois d’un premier combat de championnat du monde depuis qu’il s’est incliné devant ce même Hopkins en mai 2011 à Montréal.

« Avant le face-à-face, Jean m’a dit qu’il n’était pas certain s’il y allait avoir un combat demain soir si je l’envoyais là, a expliqué l’entraîneur de Pascal, Marc Ramsay. Je ne voulais pas d’incident et je lui ai finalement demandé de ne pas y aller.

« Nous ne pouvions absolument pas prévoir la réaction des deux boxeurs, d’autant plus avec ce qui s’était produit mercredi à la conférence de presse, nous pouvions nous attendre au pire. Kovalev était très agressif et je ne voulais pas que Jean se blesse à une main. »

« Je n’avais jamais vu ça de ma vie, s’est étonnée la promotrice Kathy Duva. Après des milliers de pesées, il y a encore des choses intéressantes qui peuvent arriver! Sergey est la personne la plus forte mentalement que je connaisse, alors je suis convaincue qu’il n’a pas été dérangé. » Sergey Kovalev

Précédemment, Kovalev semblait avoir perdu son calme en faisant un doigt d’honneur à un des nombreux partisans de Pascal venu le huer. Sa promotrice a toutefois assuré que son protégé n’était nullement intimidé à l’aube d’un combat déterminant pour la suite de sa carrière.

« Sergey était tout simplement affamé, a expliqué Duva. Il est également dans un autre état d’esprit depuis deux ou trois jours, ce qui est tout à fait normal dans son cas. Il est habitué de se battre sur le terrain de ses adversaires, il s’était produit exactement la même chose au pays de Galles (avant son combat contre le champion de la WBO Nathan Cleverly en août 2013). »

« Ne pas céder un pouce à Kovalev »

« Les émotions peuvent être très positives, mais si tu ne les contrôles pas, elles peuvent carrément devenir dangereuses, a nuancé Ramsay. Chose certaine, j’aime comment Jean se comporte en ce moment. Je ne m’attarde pas vraiment à la réaction de Kovalev. »

Sans surprise, les deux camps sont convaincus qu’ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour se sauver avec la victoire. Ils ont maintenant simplement hâte que la cloche sonne.

« Nous avons porté une attention particulière aux petits détails, a avoué Ramsay. Ils sont importants, parce que ce sont eux qui font la différence dans ce genre de combat. Il n’y a vraiment pas de place pour l’improvisation lorsque deux grands athlètes s’affrontent. »

L’entraîneur est bien conscient que son protégé est négligé pour ce combat, mais il répond que Pascal connaît le tabac et qu’il est outillé mieux que quiconque pour embêter le champion.

« C’est facile de passer le knock-out à des gars qui ne sont pas de ton niveau, a mentionné Ramsay. Ça se complique drôlement quand tu te retrouves au sommet de la pyramide de l’industrie. Jean a affronté ces gars-là - Hopkins, Carl Froch et Chad Dawson -, tandis que Kovalev n’a eu qu’un léger avant-goût pendant son dernier combat contre Hopkins. »

Jean Pascal s’est retiré du processus pour devenir aspirant obligatoire au champion du WBC Adonis Stevenson, a annoncé l’organisme de sanction établi au Mexique vendredi après-midi.

Au cours des dernières semaines, le conseil d’administration du WBC avait décidé que le gagnant du duel entre Pascal et Kovalev obtiendrait ensuite le privilège d’affronter Stevenson.

Si jamais Pascal remporte le combat de samedi soir, le WBC recommencera sa démarche pour déterminer l’aspirant obligatoire de Stevenson. Le Québécois défendra son titre pour la cinquième fois contre Sakio Bika le 4 avril prochain au Colisée Pepsi de Québec.

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Blake Caparello n’a aucune idée de qui remportera le combat de samedi entre Pascal et Kovalev. L’Australien s’est incliné par arrêt de l’arbitre au deuxième round devant le Russe en août dernier, mais reconnaît trop de qualités au Québécois pour le compter pour battu.

Caparello est à Montréal afin d’aider Artur Beterbiev dans la préparation de duel contre Gabriel Campillo le 4 avril à Québec. Caparello a également eu la chance de mettre les gants avec Pascal et Eleider Alvarez, réalisant que le calibre des boxeurs évoluant ici est extrêmement relevé.

Caparello a finalement identifié Kovalev comme le meilleur pugiliste de la division, devant le champion du WBC Adonis Stevenson. « Kovalev ne refuse aucun défi, a dit l’Australien.

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Les événements de mercredi ont donné un sérieux coup de pouce à la vente billets et le président d’InterBox s’attend à ce que plus de 12 000 spectateurs assistent au gala de samedi.