Comme cela est maintenant devenu la norme depuis quelques années, il n’y a pas de prétendant qui se démarque clairement dans la course pour l’obtention du titre de boxeur de l’année.

Les cinq candidats - Saul « Canelo » Alvarez, Tyson Fury, Gennady Golovkin, Roman Gonzalez et Floyd Mayweather fils - proposés par l’Association des chroniqueurs de boxe d’Amérique ont tous des arguments qui militent en leur faveur, si bien que tous les choix peuvent se valoir.

Étant donné qu’il a enfin fini par accepter d’affronter le plus grand rival de sa génération - Manny Pacquiao - après des années d’attente et qu’il a été au cœur du combat le plus lucratif de l’histoire de la boxe professionnelle, Mayweather est le boxeur de l’année en 2015 selon RDS.ca.

Cela faisait un bon bout de temps - depuis que « Money » était sorti de sa retraite en 2009 - que les amateurs réclamaient une rencontre au sommet entre ceux qui ont été considérés comme les deux meilleurs « livre pour livre » dans les classements de fin d’année de 2007 à 2011.

L’étoile de Pacquiao avait peut-être légèrement pâli à la suite de ses défaites contre Timothy Bradley fils et Juan Manuel Marquez en 2012, mais « Pac Man » avait néanmoins remporté ses trois combats suivants face à Brandon Rios, Bradley et Chris Algieri. Et Pacquiao reste Pacquiao.

L’engouement pour ce mégachoc a été immédiatement monstre et les réseaux américains HBO et Showtime se sont même associés pour télédiffuser le duel, une première depuis le combat entre Lennox Lewis et Mike Tyson en 2002. Mayweather-Pacquiao dépassait le cadre sportif.

Évidemment, la plupart des observateurs s’attendaient à une victoire de Mayweather et c’est ce qui s’est produit. Sa domination a été telle qu’il a contraint Pacquiao à lancer son plus petit nombre de coups de poing dans un combat de 12 rounds depuis le début de sa carrière. C’était la 13e fois que le Philippin se rendait à la limite dans un duel de championnat du monde.

Mais plus impressionnant encore, le combat a généré des revenus de plus de 400 millions de dollars grâce à 4,4 millions d’achats à la télévision à la carte. Les précédents records étaient de 150 millions (Mayweather-Alvarez) et 2,48 millions (Mayweather-De La Hoya) respectivement.

Mayweather a conclu son année en battant Andre Berto pour porter sa fiche à 49-0 - égalant ainsi la marque de Rocky Marciano - avant de tirer sa révérence. Certains croient cependant qu’il sortira encore une fois de sa retraite pour disputer un 50e et ultime combat. Même s’il ne faisait pas l’unanimité, le départ de Mayweather laissera un immense vide difficile à combler.

Autres candidats au titre de boxeur de l’année

Saul « Canelo » Alvarez : Après être rentré à la « maison » en signant un lucratif contrat avec HBO en septembre 2014, Alvarez a profité de la dernière année pour devenir champion du monde dans une deuxième catégorie de poids différente depuis le début de sa carrière.

Alvarez a d’abord passé le knock-out à James Kirkland au troisième round en mai à Houston avant de se mesurer au champion des moyens du WBC Miguel Cotto en novembre à Las Vegas. « Canelo » a offert une prestation inspirée avant de l’emporter par décision unanime des juges.

Tout est maintenant en place pour un duel contre le champion unifié Gennady Golovkin, mais le promoteur Oscar De La Hoya osera-t-il mettre son veau d’or dans les pattes de l’intraitable kazakh? Le WBC a offert une défense optionnelle aux deux boxeurs, question de faire monter les enchères et susciter l’intérêt. Mais l’histoire prouve qu’il ne faut pas s’exciter trop rapidement.

James DeGale : Après avoir remporté la médaille d’or chez les moyens aux Jeux olympiques de Beijing en 2008, DeGale avait vu George Groves lui infliger un premier revers chez les professionnels en l’emportant par décision majoritaire à son 11e combat en mai 2011.

DeGale a ensuite parfait son apprentissage, ce qui l’a notamment mené au Danemark et à Gatineau - pour y affronter Sébastien Demers en mai 2013 -, puis il a eu l’occasion de s’emparer de la ceinture vacante des super-moyens de l’IBF en mai contre l’ancien Olympien Andre Dirrell.

En terrain ennemi à Boston, DeGale s’est étonnamment imposé par décision unanime, et il a effectué sa première défense face à Lucian Bute en novembre en finale du premier gala de l’histoire du Centre Vidéotron de Québec. Encore là, « Chunky » a eu le dessus aux points.

Tyson Fury : Normalement, Fury n’aurait dû être qu’une autre des victimes du champion unifié des lourds Wladimir Klitschko, mais le Britannique a choqué le monde de la boxe en surprenant l’Ukrainien par décision unanime pour mettre fin à la série de 22 victoires de ce dernier.

Déjà aspirant obligatoire depuis sa victoire sur Dereck Chisora en novembre 2014, Fury avait mis sa position en jeu contre Christian Hammer en février, mais il s’est débarrassé de l’Allemand en l’obligeant à abandonner après le huitième round. Il l’avait envoyé au plancher au cinquième.

Dans leur duel très peu palpitant disputé en novembre, Fury a été plus actif que Klitschko, le poids des années commençant à se faire sentir. L’ancien champion possède une clause de combat revanche et les deux boxeurs devraient normalement se retrouver l’année prochaine.

Gennady Golovkin : Les années se suivent et se ressemblent pour Golovkin, qui a vaincu les trois adversaires qu’il a affrontés avant la limite. Le champion unifié des moyens a remporté ses 21 derniers duels par knock-out ou arrêt de l’arbitre, ce qui est franchement impressionnant.

« GGG » a ainsi battu Martin Murray en février à Monaco, Willie Monroe fils en mai en Californie et finalement David Lemieux en octobre à New York pour ajouter la ceinture de l’IBF à celles de la WBA et du WBC intérimaire qu’il détenait déjà. À l’heure actuelle, personne ne peut l’arrêter.

Et c’est exactement ce qui le prive du titre de boxeur de l’année encore une fois. Malgré toute sa bonne volonté, l’élite refuse de l’affronter. Tel que mentionné précédemment, le WBC lui a offert une défense optionnelle avant qu’il ne soit « obligé » de se mesurer à Alvarez. À suivre!

Roman Gonzalez : Reconnu comme le meilleur « livre pour livre » de la planète depuis la retraite de Mayweather, Gonzalez n’a pas chômé en gagnant avant la limite les trois duels qu’il a livrés.

Il a défait Valentin Leon en février, puis a défendu son titre des mouches du WBC en prenant la mesure d’Edgar Sosa en mai et de l’ex-champion unifié des mouches Brian Viloria en octobre.

« Chocolatito » est toujours invaincu en 44 combats, mais est également victime de son talent. Leon présentait un dossier de 38-29-3 avant qu’il ne l’affronte, tandis que Sosa et Viloria avaient déjà franchi le cap de la mi-trentaine avant qu’il ne les domine. Mais qui pourra donc l’arrêter?

Badou Jack : Freiné dans son élan vers un titre mondial par Derek Edwards l’année dernière, Jack ne s’est pas laissé abattre par cette surprenante défaite subie au premier round.

Il avait remporté ses deux combats suivants et grâce à son association avec Al Haymon, il a été désigné comme adversaire au champion des super-moyens du WBC Anthony Dirrell pour la première défense de ce dernier. Jack a sauté à pieds joints sur l’occasion en l’emportant par décision majoritaire. Il a ensuite défendu son titre en battant Groves par décision partagée.

Ce n’est donc peut-être pas un hasard si Bute l’a mentionné comme l’un des rivaux avec qui il aimerait croiser le fer. Jack est évidemment prenable, mais il a prouvé qu’il peut gagner.

Daniel Jacobs : Jadis considéré comme l’un des plus beaux espoirs de la boxe professionnelle, Jacbos avait raté une première occasion de devenir champion en juillet 2010 en se faisant surprenant par Dmitry Pirog, qui a par ailleurs laissé planer un retour à la compétition en 2016.

Il avait disputé son combat de retour à Québec en décembre 2010 avant d’être frappé par la maladie. Il est éventuellement devenu champion des moyens de la WBA en août 2014 et a défendu son titre trois fois cette année contre Caleb Truax, Sergio Mora et Peter Quillin.

Jacobs a arrêté Truax au 12e round en avril avant de ne passer que 4:20 dans le ring avec Mora en août et Quillin en décembre. « Miracle Man » a même visité le plancher au premier round pendant son combat avec Mora, l’un des plus excitants présentés cette année.