MONTRÉAL - Sept ans après avoir disputé son premier combat dans les rangs professionnels, Mikaël Zewski est prêt à entreprendre un nouveau chapitre dans sa carrière. Le boxeur de Trois-Rivières a définitivement tourné la page sur son aventure américaine afin de rentrer au bercail.

Inactif depuis 18 mois en raison d’une blessure au coude gauche et de problèmes contractuels avec Top Rank, il a accepté l’offre de se battre en sous-carte du gala de Groupe Yvon Michel qui sera présenté samedi soir au Centre Bell. Si tout se déroule comme prévu contre Fernando Silva, une entente à plus long terme entre les deux partis devrait sans doute être conclue par la suite.

Même si son incursion au sud de la frontière n’a pas entièrement rempli ses promesses, Zewski (27-1, 21 K.-O.) ne regrette aucunement sa décision de s’être joint à TKO Promotions à l’époque. Dans la foulée de sa victoire-surprise sur le Cubain Carlos Banteaux aux Championnats du monde de boxe amateur à Milan, en Italie, en 2009, il en avait profité pour monnayer sa nouvelle notoriété. Il est ensuite passé par Golden Boy Promotions et finalement Top Rank.

« Ce que je préfère retenir de tout ça, c’est le positif, a expliqué Zewski en entrevue à RDS.ca en marge d’un entraînement public présenté la fin de semaine dernière au Casino de Montréal.

« Mais c’est certain qu’aux États-Unis, ce sont de grosses écuries avec beaucoup de boxeurs. C’est donc difficile de tirer son épingle du jeu. Il y a souvent des combats annulés et c’est difficile de garder le focus, de demeurer concentré et de se dire que tu vas devenir champion du monde.

« Souvent, je savais que j’allais avoir un combat, que ç’allait se terminer par un knock-out au deuxième round et qu’ensuite, on me ferait une promesse qui ne serait probablement pas tenue. En revenant au Québec, je fais un combat de retour, mais je veux ensuite passer aux choses sérieuses. Je veux un combat pour un titre mineur ou affronter un boxeur du top-10. »

En comparant le parcours de Zewski avec d’autres mi-moyens de son temps tels Kevin Bizier et Antonin Décarie, il est à se demander s’il était bien préparé pour se mesurer à un boxeur de la trempe de Konstantin Ponomarev contre qui il s’est incliné par décision unanime des juges en mai 2015. Il défendait alors son titre de la NABF acquis un an plus tôt pour la deuxième fois...

« De ce que j’ai pu comprendre jusqu’à maintenant en discutant avec Yvon Michel, au Québec, les adversaires sont choisis pour avoir une progression, pour t’amener à un autre adversaire, un gars du top-5, top-4 et ainsi de suite, a précisé le Trifluvien. Aux États-Unis, c’est low profile, les boxeurs affrontent des gars de bas niveau jusqu’à ce qu’ils aient une opportunité sur HBO, où ils affrontent un adversaire de qualité. Mais peut-être que le boxeur ne sera pas du tout prêt. »

Il devient alors difficile de ne pas le prendre aux mots et de lui demander s’il n’a pas été victime de cette façon de faire pendant son combat contre Ponomarev. Toujours invaincu, le Russe fait partie de l’équipe d’Abel Sanchez, l’entraîneur du champion unifié des moyens Gennady Golovkin.

« C’est un gars que j’ai pris à la légère, a reconnu Zewski. Je me disais que même si ça n’allait pas super bien, que j’avais des choses en tête par rapport à ma vie personnelle, que ma femme allait accoucher dans les jours qui allaient suivre le duel, je me disais que j’allais le battre. Même si je me disais que je n’étais pas à 100 pour cent, je trouvais que j’avais les habiletés pour le battre.

« Mais il a livré la meilleure performance de sa vie, alors que moi, j’ai livré ma pire. C’est ça la boxe, ça arrive qu’on perde. J’ai beaucoup de difficulté avec la défaite, mais je me suis regardé dans le miroir et j’ai compris mes erreurs. J’ai vu ce que mon rival a été capable d’exploiter et j’ai travaillé là-dessus. Je pense d’ailleurs que je suis un meilleur boxeur depuis ce combat-là. »

Évidemment, cette défaite a donné des munitions à ses quelques détracteurs qui considèrent que Zewski n’a jamais véritablement mis toutes les chances de son côté en s’entraînant sous la supervision de son père Jean Zewski dans la région de Trois-Rivières. Que le jeune homme aurait plutôt tout intérêt à se déraciner un certain temps afin d’amener sa carrière à un autre niveau.

« Mon but dans la vie, c’est que ma famille soit heureuse et de devenir champion du monde, a répondu Zewski. À part de ça, le fun et les amis, c’est secondaire. Je pense que je suis capable de tasser tout ça pour que ça ne compromette par mon objectif de devenir champion du monde.

« Ce n’est pas pire que les boxeurs qui s’éloignent pour leur camp d’entraînement afin d’être isolés. Je suis déjà dans mes affaires et mes pantoufles. Tout est à proximité. Je pense qu’il va falloir ultimement aller chercher des partenaires d’entraînement de qualité, peut-être aller aux États-Unis comme je l’ai déjà fait en allant à Philadelphie l’année passée. J’aimerais le refaire. »

Mais d’ici à ce que ses plans d’avenir se précisent, Zewski n’a qu’un objectif en tête : profiter du moment présent. En ayant la chance de côtoyer son idole de jeunesse Roy Jones fils - de qui il tient de son crochet de gauche! - à l’entraînement dimanche dernier, il se disait qu’il y a pire.

« Ça fait tellement de bien! Je ne suis pas fébrile, je n’ai pas peur, j’ai hâte comme un enfant a hâte à Noël, a-t-il conclu. Je dors mal, je me réveille, je pense à mon combat, à ma marche vers le ring avec le monde qui m’encourage. Ça fait longtemps que je n’ai pas eu cette énergie-là. »