MONTRÉAL – Selon Kyries Hebert, si les Alouettes de Montréal tiennent vraiment à lui, le directeur général Kavis Reed aura conservé assez d’argent pour retenir ses services.

Avec 15 saisons de football professionnel derrière la cravate, Hebert connaît sa valeur et il ne se gêne pas pour le dire. De la même manière, le polyvalent secondeur n’hésite pas à déclarer son amour pour la ville de Montréal.

Par contre, ne comptez pas sur Hebert pour demeurer dans l’organisation montréalaise avec un contrat à rabais. L’athlète de 36 ans espère donc que le nouveau directeur général des Oiseaux a bien planifié son budget avec les embauches lucratives de Darian Durant et Keith Shologan.

« Je ne sais pas s’il reste assez d’argent, je n’ai pas compté les salaires sous le plafond salarial; ce n’est pas mon travail. Les Alouettes connaissent ma valeur et, si je suis une priorité pour eux, ils vont avoir gardé de l’argent pour moi. Si non, ils devront jouer contre moi », a exprimé Hebert dans le cadre de l’événement célébrant le 20e anniversaire du programme Ensemble à l’école avec les Alouettes.

Après avoir touché et fait rire les élèves en racontant son parcours à l’École Face, une institution à vocation artistique, Hebert a discuté affaires alors qu’il pourrait aboutir sur le marché des joueurs autonomes dès le 14 février.

« J’ai une rencontre, vendredi, avec Kavis et il m’a dit qu’on s’entendrait sur un nouveau contrat. J’espère qu’il sera à la hauteur de ses dires et que je resterai ici. L’organisation des Alouettes a été bonne pour moi. Ça fait cinq ans que je suis arrivé, j’aime la ville et l’expérience montréalaise.

« J’aime également réussir des jeux sur le terrain et le Angry Bird ne serait pas le Angry Bird sans ces années à Montréal », a confié Hebert qui a relaté certains détails de son enfance difficile en Louisiane.

Avant de migrer à Montréal, Hebert a appartenu à Ottawa, Winnipeg et Hamilton dans la LCF. Il n’écarte donc pas l’idée de poursuivre sa carrière ailleurs que dans la métropole québécoise.

« Si je n’ai pas le choix. J’ai fini avec les mêmes statistiques que la plupart des secondeurs étoiles de la LCF et j’ai eu quatre départs de moins. Ce n’est pas à propos de l’âge, mais plutôt de la productivité. Il y a un seul joueur comme moi, je suis utilisé à quatre positions dans un match (secondeur intérieur et extérieur, maraudeur et ailier défensif) », a précisé Hebert qui est un naturel sur scène et probablement aussi comme négociateur.

Hebert considère que sa valeur est grande pour le coordonnateur défensif des Alouettes, Noel Thorpe.

« Il sait comment m’utiliser et j’aime travailler pour lui. On a une belle relation », a ajouté le numéro 34 qui a fait partie des Bengals de Cincinnati de 2008 à 2010.

Hebert se sent comme un poisson dans l’eau à Montréal, la ville où il a trouvé sa femme.

« Montréal, c’est ma maison. Même si je vais jouer dans une autre ville, je vais revenir en espérant que je ferai part de l’organisation et que je serai impliqué dans la communauté. Je suis tombé en amour avec la ville et avec une fille d’ici », a-t-il raconté.

Le dernier mot reviendra à Reed qui ne gère pas ses dossiers de la même manière que son prédécesseur, Jim Popp. Est-ce une bonne chose? Hebert prétend que la réponse dépendra du résultat de ses négociations.

« Ils ont des stratégies différentes. Si j’obtiens un contrat, je pourrai être plus volubile et, si ça n’arrive pas, appelez-moi et je vais vous en dire plus », a lancé Hebert qui a promis d’aller diriger l’équipe de football sans contact de l’École Face pendant une journée.

Si Hebert constitue un rouage important de l’unité défensive des Alouettes, d’autres joueurs de ce groupe s’approchent de l’autonomie comme Alan-Michael Cash et Marc-Olivier Brouillette.

« Cash serait la plus grosse perte. Il protège les secondeurs, il se rend au quart-arrière, il travaille fort et il accomplit ses tâches de la bonne manière. Ce serait la plus grosse perte, après moi évidemment », a conclu Hebert avec son assurance habituelle.

Questionné sur le sujet, Luc Brodeur-Jourdain réalise que le contexte financier provoque souvent des changements.

« L’implication et le désir de reporter le chandail des Alouettes est quand même grand pour tous ces joueurs. Il y a un désir de revenir à Montréal, mais il faut comprendre aussi que la carrière d’un joueur est tellement courte. Tu es toujours à une blessure majeure d’en arriver à la fin. C’est un engagement émotif plus que financier pour les joueurs de l’extérieur qui décideraient de revenir ici à un salaire moindre. Les gens veulent avoir leur juste part du gâteau. Parfois, il faut tester le marché pour réaliser sa valeur pécuniaire », a décrit Brodeur-Jourdain qui comprend la réalité du milieu.

Brouillette demeure en attente

Tandis que plusieurs de ses partenaires de la défense négocient avec leur directeur général, le maraudeur Marc-Olivier Brouillette doit s’armer de patience.

Le diplômé en droit n’a pas encore rencontré Reed et il sait bien que le temps s’écoule rapidement.

« C’est extrêmement difficile, ce n’est pas une situation facile pour Kavis. Avec les contrats d’un an, les directeurs généraux doivent composer avec plus de joueurs autonomes et ça devient un casse-tête parfois pratiquement impossible. Mais il reste encore quatre jours et je demeure confiant qu’on puisse s’entendre », a déterminé celui qui fêtera son 31e anniversaire le 14 février.

« Ma priorité est de demeurer ici à Montréal. »

Signer un nouveau pacte avec les Alouettes serait donc un beau cadeau pour lui, mais il n’a pas écarté l’idée de poursuivre sa carrière après sept saisons à Montréal.

« Il me reste encore beaucoup de football à jouer. Si jamais ça ne fonctionne pas avec Montréal, je suis ouvert à la possibilité d’aller ailleurs dans la LCF », a convenu le numéro 10.

Brouillette aurait aimé se retrouver dans une position de force puisqu’il a été choisi sur l’équipe d’étoiles de l’Est en défense en 2016. Cependant, l’abondance de joueurs défensifs qui s’approchent de l’autonomie change la donne.

« J’ai eu une très bonne saison donc je veux simplement être dans la moyenne avec les autres joueurs à ma position dans la LCF. Quand j’ai subi plusieurs blessures au début de ma carrière, c’était naturel qu’il y ait un peu de craintes pour me signer. Mais je pense que j’ai prouvé dans les dernières années que je suis non seulement capable de rester en santé, mais aussi de jouer à un haut niveau », a insisté l’ancien des Carabins de l’Université de Montréal.

Dans un monde idéal, Brouillette voudrait attendre le plateau des 10 saisons dans la LCF ce qui impliquerait de jouer pendant trois autres années. Le Québécois caresse également un autre but.

« J’ai été ici dans les bons moments avec l’ère d’Anthony Calvillo où on se rendait à la coupe Grey et on s’attendait d’y retourner chaque année. Il y a aussi eu les moments plus difficiles avec l’exclusion des éliminatoires. Maintenant, je suis rendu plus près de la fin dans ma carrière et j’aimerais faire partie de la génération qui ramènera les Alouettes au niveau de mon arrivée en 2010 », a évoqué l’athlète qui a raté un seul match depuis quatre saisons.