HOLLYWOOD, Floride – Après réflexion, Trevor Timmins a reconnu que sa sélection de Carey Price, il y a déjà 10 ans, constitue sa plus grande décision en tant que responsable du repêchage pour le Canadien.

« Je dirais que oui, ce l’était parce que nous avions de la profondeur devant le filet. Notre travail demeure de projeter le rendement des athlètes dans l’avenir et c’est ce que nous avons fait avec lui », a décrit Timmins.

« Les joueurs que nous allons choisir cette année ne vont pas nécessairement aider notre équipe dans une, deux, trois ou quatre années, mais ils vont peut-être contribuer à une conquête de la coupe Stanley dans 10 ans », a-t-il poursuivi en faisant un lien avec le repêchage de 2015.

Comblé du dénouement de celui qu’il voyait comme un joueur pouvant s’établir comme le pilier de son organisation, Timmins a profité de l’occasion pour rendre hommage au cerbère qu’il avait choisi au cinquième échelon en 2005 malgré la présence de quelques gardiens, dont José Théodore, au sein de l'équipe.

« Je suis vraiment heureux pour Carey, c’était une soirée très excitante pour lui et il le mérite amplement. Quand on l’a repêché, on croyait qu’il pouvait devenir la colonne vertébrale de l’équipe et c’est pourquoi nous l’avions pris à ce rang », a déclaré Timmins.

Quand la loterie organisée par la LNH avait accordé le cinquième choix au Canadien, Timmins avait tout de suite compris qu’il aurait une décision importante à prendre. Le vice-président personnel des joueurs et directeur du recrutement amateur avait remarqué que les coéquipiers de Price adoraient jouer pour lui.

« Il était en contrôle, patient et calme. Mais ça prend du temps, il faut être patient avec les joueurs et particulièrement avec les gardiens ainsi que les défenseurs », s’est-il rappelé qui avait l’appui des hauts dirigeants pour miser sur Price.

Fier de sa sélection, Timmins a tout de même avoué qu’il avait eu besoin d’une certaine dose de chance étant donné que Benoit Pouliot était dans la mire du Canadien avant d’être sélectionné au rang précédent par le Wild du Minnesota.

« Ça prend toujours un peu de chance au repêchage et on espère en avoir encore cette année », a prononcé Timmins avec le sourire.

Dix ans plus tard, le Canadien ne parlera qu’au 26e rang à moins d’une transaction changeant cette situation. Heureusement, la profondeur de la cuvée 2015 en inspire plusieurs. Ceci dit, Timmins a lui-même mentionné que ce n’était pas impossible que le Canadien accepte de reculer en première ronde pour obtenir un choix supplémentaire.

À moins d’un revirement, ce serait donc étonnant que le CH puisse mettre la main sur un joueur qui viendra brouiller les cartes dès l’automne prochain. L’an dernier, la sélection de Nikita Scherbak avait encouragé plusieurs amateurs, mais le Tricolore ne devrait pas dénicher un athlète aussi prêt que lui à s’implanter dans la LNH.

« L’an dernier, on se considérait chanceux quand on a pu repêcher Scherbak à notre rang. Pour que ça arrive, il faut bien saisir ce qui devrait se passer, se croiser les doigts et voir qui est encore disponible à notre rang », a témoigné Timmins.

« Mais n’écartez pas l’option qu’on puisse renoncer à cette 26e sélection pour obtenir plus de choix en deuxième ou troisième ronde », a-t-il enchaîné.

Si cette réalité peut s’avérer décevante pour quelques partisans, la bonne nouvelle concerne justement Scherbak et les autres espoirs de l’organisation du Tricolore qui se rapprochent de leur but professionnel.

Timmins a confié que le divertissant Russe s’était grandement amélioré, surtout en défense, cette saison avec les Silvertips d’Everett.

« Il y a un accent important sur le jeu défensif au sein de cette équipe. Ce fut une très bonne année pour lui afin de s’améliorer sans la rondelle. Il admet lui-même qu’il a beaucoup appris et que ce fut une année profitable de développement », a décrit Timmins.

« Je ne peux pas dire s’il est proche de jouer dans la LNH tant qu’il ne viendra pas jouer avec nous (au camp d’entraînement). Mais vous l’avez vu jouer l’an dernier en sortant du junior et il était déjà proche », a aussi mentionné le recruteur aguerri en rappelant que le Canadien ne force pas ses espoirs à jouer trop tôt dans le circuit Bettman.

Outre Scherbak, d’autres athlètes intéressants ont terminé leur carrière junior comme Michael McCarron, Brett Lernout, Jérémy Grégoire et Zachary Fucale. Timmins a pris le temps de nommer ces différents espoirs repêchés en 2013 en développant davantage sur ce dernier.

« Fucale gagne, c’est ce qu’il fait. Certaines personnes peuvent critiquer ses performances certains soirs, mais quand tu regardes sa fiche, il démontre beaucoup plus de victoires et une médaille d’or avec l’équipe canadienne. C’est un gagnant », a résumé Timmins.

Au passage, il a vanté l’éthique de travail irréprochable de Grégoire, le retour en force d’Artturi Lehkonen à la suite d’une mononucléose et le potentiel offensif de Martin Reway qui poursuivra son développement en Europe.

Fucale et Lehkonen avaient été repêchés au deuxième tour comparativement au quatrième pour Reway et au sixième pour Grégoire. En raison de la profondeur perceptible en 2015, le Canadien pourrait dénicher des espoirs autant intéressants, mais Timmins a démontré une certaine prudence.

« On pourrait choisir un joueur au 45e rang qui deviendra aussi bon dans quelques années qu’un autre sélectionné en 25e place, mais je n’irais pas plus loin que la deuxième ronde pour arriver au même verdict », a-t-il indiqué.

Timmins est emballé à l’approche de ce qu’il considère comme le Super Bowl des dépisteurs. Pour lui, c’est toujours le moment d’améliorer la qualité d’une organisation.

« C’est la chance d’ajouter de nouveaux atouts à notre organisation et de façon gratuite », a conclu Timmins soucieux de la réalité économique surtout qu’il aspire à un poste de directeur général.