C’était le premier mercredi soir de juin à Buffalo. Quoi faire? Pour Mikko Rantanen et Roope Hintz, la question ne se posait pas vraiment.

Enfermés dans leur chambre d’hôtel, les jeunes Finlandais ont ouvert le téléviseur et ne l’ont pas quitté du regard. À l’écran, les Blackhawks de Chicago et le Lightning de Tampa Bay se disputaient le premier match de la finale de la coupe Stanley. Qu’est-ce que Buffalo la Belle pouvait bien avoir de mieux à offrir?

Ce soir-là, les deux amis ont rêvé éveillés. Devant leurs yeux, leur compatriote Teuvo Teravainen, qui était dans une situation identique à la leur exactement trois ans plus tôt, s’imposait comme le héros d’un match qui rapprochait son équipe à trois petites victoires du championnat.

« On était un peu surpris! C’était bien de le voir marquer et en plus de récolter une aide sur le but de la victoire », se remémorait Rantanen, les yeux illuminés, quelques jours plus tard.

Repêché au 18e rang par les Blackhawks en 2012, Teravainen est l’aîné d’une poignée d’espoirs de premier plan qu’a produit la Finlande au cours des dernières années. Après lui, il y a eu Aleksander Barkov et Rasmus Ristolainen, sélectionnés respectivement deuxième et huitième en 2013. On peut inclure dans le groupe Julius Honka et Kasperi Kapanen, des choix de première ronde en 2014.

Et très bientôt il y aura Rantanen, qui risque d’être le premier Européen choisi en fin de semaine alors que la Ligue nationale tiendra son encan annuel à Sunrise, en Floride.

 « Il est dans une classe à part présentement en Europe. Après Mikko, vous pouvez choisir à peu près n’importe qui pour les rangs suivants », avait déclaré Goran Stubb, le directeur du recrutement européen pour le compte de la Centrale de la LNH, lors de la publication de son palmarès final en avril.

Si vous avez suivi avec moindrement d’attention les matchs de la ronde préliminaire du Championnat du monde de hockey junior disputés à Montréal l’hiver dernier, vous n’avez probablement pas oublié ce jeune géant de 6 pieds 4 pouces qui s’était avéré être l’un des rares éléments positifs à retenir du rendement décevant des champions en titre de la compétition. Quand la Finlande a été éliminée par la Suède en quarts de finale, elle a plié bagage après avoir inscrit seulement huit buts dans tout le tournoi. Rantanen en avait marqué la moitié à lui seul.

« Ça a été un début de saison difficile, pour mon équipe et pour moi aussi. Mais après les Mondiaux, j’ai retrouvé ma confiance et je suis satisfait de la façon dont ça s’est terminé », résume le timide attaquant.

Âgé de 18 ans, Rantanen a déjà trois saisons de hockey professionnel sous la cravate. L’année dernière, alors qu’il n’était encore qu’un adolescent, il a terminé au deuxième rang du classement des marqueurs du TPS Turku en amassant 28 points en 56 matchs tout en affichant un différentiel plus que respectable de moins-1. Ristolainen, un joueur au gabarit similaire qui a suivi exactement le même parcours avant d’être repêché par les Sabres de Buffalo, n’a jamais affiché de telles statistiques.

Rantanen dit tenter de modeler son jeu sur celui de Ryan Getlaf. « Je suis un gros gars avec une longue portée. Je protège bien la rondelle, je joue bien le long des bandes et je peux fabriquer des jeux. Ce sont mes plus grandes forces », juge-t-il.

Faisant osciller le pèse-personne à plus de 210 livres, Rantanen n’est pas nécessairement l’un de ces jeunes adultes chétifs qui sont séparés de la LNH par de nombreuses séances en gymnase. Néanmoins, il doit encore apprendre à se servir de l’avantage que lui confère cette charpente qui a de quoi faire bien des jaloux.

« Je sais que je devrais frapper plus, me servir davantage de mon corps. C’est l’une des choses que je devrai améliorer », conclut-il.

Voici, dans aucun ordre précis, quatre autres espoirs évoluant toujours sur le Vieux Continent qui seront à surveiller au prochain repêchage de la LNH.

ILYA SAMSONOV - Gardien (Magnitogorsk 2)

Un pan de mur de 6 pieds 4 pouces qui cadre parfaitement dans le profil recherché du parfait gardien contemporain, Samsonov pourrait devenir le premier cerbère depuis 2012 (Andrei Vasilevskiy et Malcolm Subban) à être repêché en première ronde. La seule inquiétude à son endroit ne concerne pas ses habiletés, mais plutôt son plan de carrière. Le natif de Magnitogorsk est sous contrat pour les trois prochaines saisons dans la KHL.

Oliver KylingtonOLIVER KYLINGTON - Défenseur (Farjestad)

Le mystère scandinave. Bourré de talent, on compare son coup de patin à celui de son compatriote Erik Karlsson. Un naturel, donc, mais qui est déjà suivi d’une mauvaise réputation. Certains le disent nonchalant et décrient son manque de constance. Une blessure subie en amont du Championnat mondial junior a peut-être nui à sa progression la saison dernière. Premier patineur européen au classement de la mi-saison fourni par la LNH, il se retrouvait au sixième rang sur liste finale. On le voit tantôt comme un pari risqué, tantôt comme un vol assuré.

JOEL ERIKSSON EK – Centre (Farjestad)

Tout le contraire de Kylington : classé 22e par la Centrale de recrutement de la LNH à la mi-saison, il a fait un bond prodigieux pour se retrouver au quatrième rang à la fin de la campagne! Un travailleur acharné, il a compté 21 buts en 25 matchs pour le club junior de Farjestad. On le dit efficace sur les mises en jeu et compétent à chaque extrémité de la patinoire. Plusieurs observateurs le voient comme un bon choix pour le début de la deuxième ronde, exactement où le Canadien a déjà repêché ses compatriotes Sebastian Collberg et Jacob De La Rose.

GABRIEL CARLSSON – Défenseur (Linkoping Jr)

Un autre géant. Du haut de ses 6 pieds 4 pouces, Carlsson n’est pas le genre de défenseur dont vous pourrez suivre les progrès sur la feuille de pointage. Dévoué à la protection de son propre territoire, on vante sa portée infranchissable et son sens de l’anticipation. Unidimensionnel? Peut-être, mais son tir pourrait vous surprendre. La Centrale de la LNH le voit comme le deuxième joueur le plus prometteur en provenance de l’Europe.