Mauvais avec et sans la rondelle!
La remontée de troisième période et le point arraché en prolongation ont permis de sauver le spectacle samedi soir au Centre Bell.
Ils ont aussi réjoui bon nombre de partisans.
Cette remontée, le point arraché, le but marqué en avantage numérique, un premier après une disette de 27 attaques massives consécutives, un premier but de Nick Suzuki en 11 matchs, l'éveil de Joel Armia et les quelques rares autres aspects positifs à tirer de cette défaite encaissée en prolongation ont toutefois semblé laisser Martin St-Louis de marbre.
L'entraîneur-chef avait le caquet bas après le match. Avec raison!
Car ce point, le Canadien ne le méritait pas vraiment. Je me retiens pour ne pas écrire pas du tout!
Coupables d'affreux revirements, coupables de cafouillages autant lors des relances offensives qu'en couvertures défensives et coupables aussi de laisser leurs adversaires entrer en zone du Tricolore comme on entre dans un moulin, les joueurs de St-Louis se battaient eux-mêmes.
« On avait des gars qui n'étaient pas prêts», que St-Louis en lancé en guise de premier commentaire après la rencontre.
Il a pris soin d'ajouter un « beaucoup » aussi nécessaire que justifié tant ses joueurs ont gentiment offert aux Red Wings de Detroit les trois premiers buts de la rencontre.
Pour une 16e fois en 24 matchs cette saison et dans un cinquième match de suite, le Canadien a encaissé le premier but. Il a perdu 11 de ces 16 rencontres. Neuf en temps réglementaire.
Il s'est aussi retrouvé avec un recul de 0-3 à combler pour une septième fois cette saison. Pour une troisième fois à ses quatre derniers matchs.
À se demander s'ils ne font pas exprès!
Mais bon! Juste à voir la mine défaite du coach, il était clair que ces départs aussi moribonds ne sont pas prévus dans ses plans de match...
Croisés dans le vestiaire après la rencontre – je vous invite à lire le texte du collègue Éric Leblanc – les joueurs du Canadien plaidaient coupables à tous les chefs d'accusation retenus contre eux. On va se le dire, il était impossible de défendre un début de match aussi mauvais que celui de samedi. Un autre...
Cela dit, plaider coupable, c'est facile. Trop! Prendre les moyens pour ne pas avoir à le faire, c'est plus dur. Beaucoup! Et il serait grand temps que les joueurs du Canadien cessent de prendre le chemin facile.
Communication, concentration, préparation
En première période samedi, le Canadien a multiplié les mauvaises décisions avec et sans la rondelle.
Je vous invite à revoir le premier but des Wings. Le but que Joe Veleno a marqué alors qu'il était seul au monde à la gauche de Jake Allen.
Sur ce jeu, Kaiden Guhle décampe vers la ligne bleue pour mettre de la pression sur Lucas Raymond qui est allé y rejoindre les défenseurs Jake Walman et Moritz Seider. Pourquoi abandonne-t-il comme ça son gardien et son partenaire Justin Barron? Surtout que ce dernier n'est pas le plus efficace dans la phase défensive du jeu?
Parce que Sean Monahan a les deux patins enfoncés dans la glace. Immobile au centre de l'enclave, il laisse Guhle foncer sans prendre la décision nécessaire de le remplacer pour couvrir le devant du but.
Ce manque de réaction, de communication, de concentration, de préparation a coûté le premier but.
Du jeu mollasson avec la rondelle à la ligne bleue ennemie pendant une supériorité numérique a mené au deuxième but marqué moins de cinq minutes plus tard.
Sur le troisième but, le Canadien offre une descente à deux contre un aux Wings. La situation n'est déjà pas facile pour Allen et Johnathan Kovacevic. Mais le défenseur la complique beaucoup en offrant à Daniel Sprong un accès non contesté au gardien.
Oui! Dans une telle situation, le défenseur laisse à son gardien la responsabilité d'affronter le tir alors qu'il tente d'éviter une passe transversale. Sur la reprise, on voit clairement que Kovacevic est bien trop déporté sur sa droite. Ce mauvais positionnement permet à Sprong de profiter d'un bien meilleur angle d'attaque. En plus, il n'a pas la moindre pression susceptible de compliquer son travail.
Il a marqué!
Avec la rondelle, le Canadien a aussi connu plus que sa part d'ennuis. On l'a surtout remarqué en deuxième période alors qu'il a obtenu une supériorité numérique de deux hommes. Pendant 61 secondes à cinq contre trois, les membres de la première unité d'attaque à cinq n'ont pas obtenu le moindre tir.
Décimé par les blessures encore cette année, vulnérable en raison de l'inexpérience relative de plusieurs de ses joueurs et le manque de talent de plusieurs autres, le Canadien ne peut se permettre de contribuer à ses défaites avec des débuts de rencontre comme celui de samedi.
Wings coupables eux aussi
À ceux et celles qui se demandent comment diable le Canadien a pu pousser le match en prolongation s'il a été aussi mauvais avec et sans la rondelle, la réponse est simple :
Parce qu'en deuxième moitié de match, les joueurs des Red Wings ont été tout aussi coupables que ceux du Canadien l'avaient été en première moitié de rencontre.
L'avance de 4-2 dont ils profitaient après deux périodes aurait dû être suffisante. Et si elle ne l'a pas été, ce n'est pas parce qu'une avance de deux buts et la pire au hockey.
Pas du tout.
C'est parce qu'ils ont eu la très mauvaise idée de se contenter de protéger cette avance au lieu de continuer à jouer au hockey. Plutôt que de continuer à mettre de la pression sur le Canadien et de le forcer à l'erreur, les joueurs des Wings se sont mis à dégager la rondelle et à inviter le Canadien à tenter de générer de l'attaque.
Au lieu de jouer comme le club qui s'est hissé – pour l'instant – en séries, les Wings ont joué à l'image des prédictions qui les plaçaient dans un duel avec le Canadien pour terminer au dernier rang de la section Atlantique.
« N'importe quoi! »
Bon! St-Louis mérite une petite étoile en guise de récompense pour avoir chambardé ses trios après deux périodes.
C'était nécessaire.
Car si, après l'échauffement, j'avais hâte de voir ce que Monahan ferait à la droite de Suzuki et Cole Caufield à nouveau réunis, je suis resté sur mon appétit.
Monahan a été tellement inefficace que c'est Armia qui l'a remplacé au sein du premier trio en troisième période.
Armia méritait cette promotion. Il a été un des trop rares joueurs du Tricolore à disputer un match solide. Il a marqué en désavantage numérique – son sixième en carrière – et a décoché neuf tirs en direction du filet de Ville Husso qui a stoppé quatre de ses cinq tirs cadrés.
S'il jouait plus souvent comme il l'a fait samedi, Armia éviterait des renvois dans les mineurs et l'odieux de se retrouver au ballottage avant de prendre le métro en direction de Laval.
Mais bon!
Expulsé du premier trio par Armia, Monahan s'est retrouvé avec Jake Evans et Josh Anderson; Juraj Slafkovsky avec Christian Dvorak et Jesse Ylönen; Brendan Gallagher avec Mitchell Stephens et Tanner Pearson.
Pourquoi autant de changement?
« Il fallait faire quelque chose. N'importe quoi parce que ça marchait pas », que St-Louis a convenu.
En passant, j'aimerais le voir apporter ce genre de modifications en cours de match plus souvent.
St-Louis a été tout aussi franc quand il a imputé à un coup de chance le but de Suzuki en avantage numérique en début de troisième. Le tir du capitaine était parfait. Mais c'est à un coup de chance qu'il doit attribuer le fait d'avoir hérité de la rondelle.
« On a encore beaucoup de travail à faire », que le coach a admis avant de saluer tout le monde et de terminer son point de presse.
Entre les lignes
– Après quatre victoires consécutives, le Canadien a encaissé sa première défaite en prolongation de la saison samedi. Il a aussi gagné deux fois et perdu à deux reprises en tirs de barrage...
– Armia a marqué le troisième but en désavantage numérique du Canadien cette saison. Monahan a inscrit les deux premiers...
– Le Tricolore a toutefois été victime de cinq buts marqués alors qu'il évoluait en supériorité numérique au fil de ses premières 24 rencontres...
– Pendant que le Kraken de Seattle fera escale à Montréal, lundi, Gary Bettman, son état-major et les 32 gouverneurs de la LNH seront réunis à Seattle pour faire le point sur la situation actuelle autour de la Ligue et se pencher sur l'avenir. Les dossiers de Phoenix, des Jeux olympiques, d'une coupe du monde qui pourrait se limiter à un tournoi de quatre nations entre autres choses devraient être à l'ordre du jour. C'est de là que je reconnecterai au cours des prochains jours...
– Bon dimanche