MONTRÉAL – Danny Flynn est un entraîneur d’expérience. Au fil des trois dernières décennies, il a soulevé la coupe Memorial à titre d’adjoint dans la OHL, œuvré au sein des personnels hockey de deux équipes de la LNH et mené les Wildcats de Moncton à une conquête de la coupe du Président en 2010.

Bref, il a tout vu, ou presque.

« Le dernier camp a été différent. C’est comme si je venais d’en vivre trois en un seul », signale l’entraîneur-chef des Sea Dogs de Saint John.

À sa deuxième saison aux commandes du club néo-brunswickois, Flynn a d’abord dirigé un camp de recrues, une initiative lancée par la LHJMQ et adoptée aux quatre coins du circuit cet été. Le « vrai » camp a ensuite suivi avec l’arrivée des vétérans, mais le départ de 11 de ceux-ci pour des camps de la LNH a en quelque sorte ramené Flynn à la case départ.

« On ne sait vraiment pas de quoi notre équipe aura l’air. »

Difficile donc pour Flynn d’élaborer sur les aspirations de son équipe, que bon nombre d’observateurs voient lutter pour les grands honneurs aux côtés des Cataractes et des Huskies, entre autres.

« Dans le hockey junior, bien plus qu’au hockey professionnel, un seul joueur peut faire toute une différence et donner une tout autre allure à une équipe. Tant qu’on ne saura pas qui passera l’année à Saint John, on ne pourra se prononcer », martèle Flynn.

Le plus dur coup pourrait être encaissé en défense, alors que cinq membres réguliers de la brigade tentent présentement d’étoffer leur candidature pour une place chez les professionnels. C’est surtout le cas de Thomas Chabot (Sénateurs) et Jakub Zboril (Bruins), deux choix de premier tour en 2015 qui flirtent de plus en plus avec l’échelon supérieur.

« Je crois fortement qu’au hockey junior, ça se gagne à la ligne bleue. C’est la ligne bleue qui lance l’attaque, encore plus aujourd’hui avec le besoin évident des équipes pour des défenseurs mobiles capables de s’offrir en support offensif », observe Flynn, qui est également privé des arrières Luke Green (Jets), Oliver Felixson (Coyotes) et Bailey Webster (Bruins).

C’est aussi sans les attaquants Nathan Noel (Blackhawks), Matthew Highmore (Panthers), Samuel Dove-McFalls (Flyers), Spencer Smallman (Hurricanes), Mathieu Joseph (Lightning) et Bokondji Imama (Lightning) que les Sea Dogs ont mis le cap aujourd’hui sur Charlottetown, où ils lanceront leur saison en soirée face aux Islanders.

Âgés de 20 ans, Highmore, Smallman et Imama sont sans doute les plus susceptibles de faire le saut avec l’un ou l’autre des clubs-écoles des formations de la LNH qu’ils tâchent d’impressionner.

« Ils évoluent tous dans la ligue depuis l’âge de 16 ans et ils en seraient à leur cinquième saison dans le junior. Leurs équipes professionnelles respectives devront juger s’ils sont mûrs pour la Ligue américaine ou s’il vaut mieux qu’ils soient de retour avec nous pour une autre année de développement », fait remarquer Flynn.

Si l’attaque et la défense risquent d’essuyer des pertes, ce n’est pas le cas devant le filet, où Alex Bishop héritera du poste de no 1 après avoir joué les réservistes au cours des deux dernières campagnes.

« Bish en est à sa troisième année et après avoir connu une bonne deuxième moitié de saison l’an dernier et obtenu du temps de jeu en séries, je le sens en confiance et déterminé à prendre possession du rôle de no 1 », note Flynn, qui a offert les fonctions de substitut au prometteur gardien de 17 ans Alex d’Orio.

« Nos gardiens performeront (sic) au même rythme que l’équipe, l’amélioration sera constante à mesure que l’année avancera », anticipe Flynn.

L’an 2 de Joe Veleno

En attendant d’en savoir davantage sur le réel visage qu’affichera son équipe cette saison, Flynn peut se consoler, il a encore deux saisons complètes devant lui à diriger Joe Veleno avant que celui-ci ne quitte probablement à son tour pour un camp de la LNH.

Joe VelenoAprès avoir complété à 15 ans sa campagne initiale dans la LHJMQ en tant que premier joueur de l’histoire du circuit à jouir du statut de « joueur exceptionnel », le jeune prodige montréalais est de retour à Saint John plus grand de deux pouces, plus lourd d’une dizaine de livres, et surtout, plus confiant.

« L’an dernier, on avait le luxe de l’intégrer lentement, indique Flynn. Très souvent, le tout premier choix d’un repêchage se joint à une équipe en pleine reconstruction majeure et c’est souvent lui qui doit traîner l’équipe d’entrée de jeu.

« Heureusement, on a été capable de la placer au sein d’une équipe comptant sur plusieurs vétérans et de la profondeur. On l’a d’abord placé sur le troisième trio et sur la deuxième unité d’avantage numérique, mais vers la fin de l’année, on l’a jumelé à Mathieu Joseph sur le premier trio et il a connu d’excellentes séries. »

Tout premier choix du repêchage 2015, Veleno a bouclé sa première campagne avec un dossier de 13 buts et 30 mentions d’aide en 62 rencontres.

« Il y a 15 ans, les joueurs de 15 ans évoluaient encore au niveau bantam, rappelle Flynn. Joe a néanmoins tenu son bout. Il ne joue pas en périphérie, il va au filet et où ça brasse. Il est prêt à payer le prix pour effectuer un jeu. »

Promettant de le faire graduer dans son top-6 offensif à tout le moins, Flynn a aussi l’intention d’offrir plus de responsabilités à son petit joyau.

« L’an dernier, il a joué sur le jeu de puissance, mais pas en désavantage numérique, ce qu’il fera cette année. On va ajouter à sa charge de travail à mesure qu’on le jugera prêt, tout en n’oubliant jamais qu’il n’a que 16 ans. Il n’a même pas son permis de conduire encore! »

Aussi jeune soit-il, nul doute que Veleno occupe une place de choix dans le plan et les visées de Flynn qui, sans le dire tout haut, ambitionne de faire mieux que la participation au carré d’as de l’an dernier.

Reste à savoir s’il aura les armes à portée de mains pour partir en mission.