Joaquim Lemay et Jacob Guévin ont excellé à leur saison recrue dans la NCAA
MONTRÉAL – Joaquim Lemay et Jacob Guévin ont joué ensemble, pour la première fois, au niveau novice. Cette complicité payante a revu le jour, cette année, dans la NCAA alors qu'ils ont chacun été nommé sur l'équipe d'étoiles des recrues. Mais ils ont aussi vécu, ensemble, le décès d'un entraîneur adjoint Paul Jerrard.
Les défenseurs québécois ont vécu cette saison remplie d'émotions divergentes à plus de 2000 kilomètres de leur maison. Recruté par l'entraîneur adjoint Dave Noël-Bernier, Lemay et Guévin ont accepté l'aventure fascinante d'aller jouer et étudier à l'Université du Nebraska à Omaha.
Mais, justement, ils ne se sont pas sentis seuls dans le Midwest américain car ils pouvaient non seulement vivre ce projet à deux, mais aussi patrouiller la ligne bleue ensemble. Avec le grand sourire qui s'accroche au visage de Lemay, on comprend qu'il apprécie cette chance.
Baxter Arena« Je te dirai aussi que pour nos familles et nos mères, de voir leur fils se retrouver ensemble, c'est peut-être même plus le fun pour eux », a-t-il confié.
« Ça faisait longtemps qu'on attendait notre première année universitaire. C'était vraiment plaisant, on avait de grandes attentes et c'était encore mieux. L'école, les entraîneurs, les infrastructures, c'est incroyable tout ce que l'université nous offre comme ressources », a raconté Guévin alors que les Mavericks évoluent dans le magnifique Baxter Arena.
Déjà, que deux défenseurs recrues obtiennent la confiance des entraîneurs pour former un duo, ça en dit long. Mais surtout, il faut savoir que ça se produit dans la puissante division NCHC (National Collegiate Hockey Conference) d'où provient le champion du Frozen Four lors de cinq des six dernières présentations.
Ainsi, même face à des institutions de renom comme North Dakota, Denver, Minnesota Duluth et St. Cloud State, Lemay et Guévin ont été sélectionnés parmi les meilleures recrues. Au Québec, leur rendement n'a pas autant retenu l'attention que celui des espoirs appartenant au Canadien dans la NCAA comme Lane Hutson et Sean Farrell, mais l'exploit n'est pas moindre.
« Oh oui, c'est gros, tu parles de la meilleure division NCAA. Ce n'est pas seulement gros pour notre programme, mais pour eux aussi, c'est un bel accomplissement. L'avenir s'annonce très bien pour les deux », a ciblé Noël-Bernier.
Cet avenir, il devrait passer par le système des Capitals de Washington pour Lemay puisqu'il a été repêché par eux, en quatrième ronde, en 2021. Ces jours-ci, les Caps ne doivent pas regretter d'avoir sélectionné Lemay qui s'est développé tardivement au plan physique.
« C'est Brooks Orpik qui s'occupe des défenseurs, on se parle assez régulièrement », a mentionné Lemay qui est attiré, comme son père, par le développement des habiletés.
Pour Guévin, l'exposé de sa saison recrue attire assurément l'œil des recruteurs et dirigeants de la LNH.
« Même s'il a eu de grosses saisons offensives, je pense que le monde doute encore un peu de son jeu défensif. Mais avec trois autres années avec nous, je pense qu'il va régler tout ça sans problème », a indiqué Noël-Bernier.
L'évolution affichée pendant leur saison recrue a été si convaincante que Guévin et Lemay ont été employés sur la même vague du jeu de puissance. « Tu ne vois pas ça souvent pour des joueurs de première année et ils ont vraiment grandi du côté défensif », a précisé l'entraîneur adjoint qui a travaillé pour les Red Wings de Detroit pendant deux saisons.
« Peut-être qu'ils auraient aimé que ça avance encore plus vite, mais c'est une grosse adaptation de faire le saut dans notre division », a déclaré l'entraîneur.
D'abord et avant tout reconnus pour leurs atouts offensifs, Lemay et Guévin ont trouvé l'équilibre nécessaire pour se partager l'implication offensive.
« Au début de l'année, c'est arrivé quelques fois qu'on comprenait que l'autre aussi voulait foncer. Mais on n'a pas a eu tant de misère parce qu'on se connaît tellement qu'on sait dans quelle situation chacun aime s'impliquer. Sans même regarder, ça m'arrive de savoir ce qu'il fera et je peux le couvrir ou vice versa », a décrit Lemay.
Leur chimie atteint donc un niveau bien plus élevé que de communiquer en français sur la patinoire.
Pas les derniers Québécois à Omaha
Pas étonnant donc d'entendre que Lemay, qui est un an plus vieux, a aidé à convaincre Guévin de le suivre au Nebraska.
Jacob Guévin« On a travaillé fort pour l'avoir et Joaquim a eu son nom à dire là-dedans », a reconnu Noël-Bernier.
« Il a tiré un peu plus la corde de son bord », a admis Guévin en riant.
« Les joueurs qui veulent aller dans la NCAA, on les ‘achale' un peu pour essayer de les amener », a répondu Lemay qui est content de savoir que d'autres Québécois déménageront à Omaha.
Un entraîneur qui a touché bien des gens
Cette fabuleuse saison recrue s'est terminée, dimanche, avec l'élimination face à North Dakota. Mais cette vive déception ne se compare en rien aux émotions reliées à la mort de l'adjoint Paul Jerrard qui encadrait les défenseurs des Mavericks.
Atteint du cancer depuis plusieurs années, Jerrard est décédé, il y a un mois, à l'âge de 57 ans.
« On entendait les gens dire qu'il n'allait pas bien, mais c'était dur à comprendre parce qu'il pensait toujours aux autres. À la fin, c'était difficile de croire que c'était en train d'arriver, ça fessait », a reconnu Lemay.
« Je travaillais avec lui depuis cinq ans, il habitait près de chez moi et on avait la même passion du vélo donc on en faisait beaucoup ensemble. Ç'a été très difficile, très difficile. On a beaucoup parlé en équipe et on a pleuré ensemble. On essayait également de jouer pour lui et pour sa famille », a témoigné Noël-Bernier.
Fort respecté, Jerrard, qui a été entraîneur pendant 25 ans, aura laissé un bel héritage sportif.
« Il était la personne dont j'avais besoin au départ pour m'adapter au calibre de la NCAA. Il maîtrisait le côté défensif et ça m'aide encore. Ce sont des trucs que je vais retenir à vie », a conclu Lemay.