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« Je suis ici », répète Kei Kamara, mais jusqu'à quand?

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MONTRÉAL – « Je suis ici », a répété jusqu'à plus de souffle Kei Kamara mardi à l'orée de la surface du Stade olympique, une évidence qui ne réglait aucunement la question qui tue et à laquelle personne, même lui, n'a la réponse présentement : jusqu'à quand?

À sa première apparition de la saison devant les médias montréalais, Kamara a plus ou moins répété le discours qu'il avait tenu quelques jours plus tôt dans un direct sur Instagram. Après avoir fait la chronologie des événements qui ont mené à l'impasse de ses négociations avec la direction du CF Montréal, il a pris l'engagement de laisser ses frustrations à la maison et de travailler pour le maillot avec la même ardeur qui lui a permis de réaliser l'un des plus beaux retours en MLS la saison dernière.

Pour rappel, l'option au contrat d'un an que Kamara a signé avec le CF Montréal en février 2022 a été exercée par le club durant l'entre-saison. Le vétéran souhaite toutefois renégocier son entente afin, plaide-t-il, qu'elle lui permette de s'installer au Québec avec sa femme et leurs trois enfants. L'offre « à prendre ou à laisser » que lui a soumise le directeur sportif Olivier Renard ne correspond toutefois pas à ses attentes.

« Je suis ici, j'honore mon contrat et je vais continuer de le faire, a promis l'attaquant. Je viens tout juste d'avoir une conversation avec l'entraîneur. Il m'a demandé comment j'allais et si mon cœur était toujours avec l'équipe. Je lui ai répondu qu'il savait que j'étais avec lui. Jusqu'à ce que quelque chose ne survienne, je suis ici. »

Que pourrait bien être ce « quelque chose »? À ce stade du mélodrame, plusieurs options demeurent envisageables.

La première : une transaction. Kamara a confirmé que son agent cognait activement aux portes à la recherche d'un preneur pour ses services. Les interlocuteurs intéressés, s'il y en a, se font-ils répondre qu'ils devront eux aussi accepter de revoir à la hausse les conditions salariales de leur nouvelle acquisition?

Une chose semble certaine, on ne se bouscule pas aux portes pour les services du joueur de 38 ans. Kamara, qui joue présentement pour une neuvième équipe en MLS, affirme avoir demandé au CF Montréal le droit d'explorer la possibilité d'une transaction en décembre.

Deuxième scénario : un compromis de ses employeurs. Cette avenue apparaît peu probable. Renard s'est montré inflexible dans le passé, notamment dans ses négociations avec Rudy Camacho et Victor Wanyama, et cette stratégie l'a plutôt bien servi. Pourquoi ramollirait-il maintenant sa poigne avec Kamara, dont le pouvoir de négociation s'amenuise à mesure que sa patience s'effrite? Une éventuelle pénurie d'attaquants pourrait peut-être refaire pencher la balance du côté du joueur, mais avec l'arrivée imminente de Chinonso Offor de Belgique, où il était parti en prêt, Renard semble présentement à l'aise avec les cartes qu'il a en mains.

Troisième option : le statu quo. Kamara n'a pas, jusqu'ici, évoqué la possibilité de faire défection. Il s'est dit à la disposition de l'entraîneur Hernan Losada pour le match amical que le CF Montréal jouera contre les étoiles de la PLSQ vendredi après-midi – il avait été laissé de côté pour un match intra-équipe samedi dernier. Il s'attend aussi à faire le voyage en Floride avec le reste de l'équipe pour la deuxième phase du camp d'entraînement la semaine prochaine.

« Dans toute situation, il y a l'espoir d'un dénouement profitable, a-t-il dit. Je ne veux plus être continuellement dans mes valises. Je suis ici en ce moment, je suis à l'écoute des enseignements du coach afin d'être au diapason si jamais je continue ici. Si je quitte, tout sera à recommencer. »

Joue-t-il ici son dernier bluff? Pourrait-il être tenté de quitter l'entourage de l'équipe s'il continue de se sentir injustement traité par ses patrons? Pourrait-il même envisager la retraite si ses efforts ne débouchaient pas sur le résultat souhaité? Rien, dans le discours actuel, ne permet d'en présumer, mais qui sait?

En attendant que le nœud soit dénoué, sa présence semble véritablement appréciée autour de l'aire de jeu.

« Kei est super et pour nous, rien n'a changé, atteste Jojea Kwizera. Cette histoire est plus grosse dans les médias qu'elle ne l'est dans notre vestiaire. Kei est le même gars, il multiplie les conseils, il parle à tout le monde, il aide tout le monde. »

« Je ne suis pas une distraction pour l'équipe », a clamé Kamara avec conviction. Si j'en deviens une, je vais leur demander de me laisser de côté. »