Cette série d’articles est destinée aux joueurs qui n’auront été que de passage avec les Expos, mais qui auront laissé une marque très positive dans l’histoire de l’équipe.

Aujourd’hui, je vous présente un digne passager avec les expos, le très coloré Pascual Perez… "Tout un moineau» comme dirait Serge Touchette.

Pascual était le gars forgé sur mesure pour les partisans des Expos. Historiquement, ces derniers aiment les athlètes qui tentaient de surmonter un passé houleux… Et Pascual correspondait parfaitement à ce type de joueur.

 Le 27 janvier 1976, les Pirates de Pittsburgh lui accordent un contrat à titre d’agent-libre amateur. Il connut un certain succès dans les rangs mineurs de l’équipe, de sorte que Perez fit ses débuts avec le grand club en 1980.

Affichant des statistiques très modestes avec Pittsburgh lors de ses deux premières campagnes, Perez est échangé aux braves d’Atlanta contre Larry McWilliams le 30 juin 1982.

C’est à Atlanta que Perez connaîtra ses meilleures statistiques, et ses pires moments. Utilisé tantôt en relève et tantôt comme partant, Perez connait une première saison ordinaire de 4 victoires contre autant de revers en 1982. En 1983, cette fois utilisé exclusivement comme partant, Pascual affiche ses vraies couleurs avec un excellent dossier de 15 victoires contre 8 revers. Une belle carrière semblait se dessiner devant lui.

Cependant, Perez a également affiché ses vraies couleurs hors du terrain lors de la saison morte de cette même année, se faisant arrêter pour possession de cocaïne en République Dominicaine. Néanmoins, les Braves décident d’user de patience avec lui et le dominicain connait une autre saison gagnante (14-8) en 1984.

TOUT SÉCROULE EN 1985

Après deux bonnes saisons victorieuses, tout s’écroule en 1985 pour Perez alors qu’il cumule un dossier horrible d’une seule victoire contre 13 revers et une moyenne de points mérités astronomique de 6.14. Il n’en fallait pas plus pour que les rumeurs s’intensifient à son sujet concernant une possible rechute.

Après un mauvais camp d’entrainement et, à bout de patience, les Braves libèrent Perez le 1er avril 1986. Cette année-là, toutes les équipes du baseball majeur le boudent de sorte qu’il ne reçoit aucune offre et ne jouera pas de l’année. Sa carrière semble en péril.

UNE MAIN TENDUE DE LA PART DES EXPOS

C’est le 16 février 1987 que les Expos lui offre une autre chance avec un contrat des ligues mineures que Perez accepte sur le champ. Il fit son bonhomme de chemin dans le club ferme des Expos à Indianapolis jusqu’à la fin du mois d’août de la même année.

Impliqué dans une course au championnat malgré des problèmes chez les lanceurs partants, les Expos le rappellent le 22 août 1987. En effet, seuls Dennis Martinez et Neal Heaton semblent tirer leur épingle du jeu à ce moment. Floyd Youmans, Bryn Smith Jay Tibbs et surtout Bob Sebra affichent des rendements très inconstants cette année-là.

C’est la relève pivotée par Tim Burke, Andy McGaffigan et Bob McClure qui a su aider les Expos à se maintenir au plus fort de la course.

L’effet Pascual Perez se fait sentir dès son arrivée. Au final, Il présentera une fiche impeccable de sept victoires contre aucune défaite et une excellente moyenne de points mérités de 2,30.

Mais dès le 22 août 1987, les amateurs de baseball de Montréal ont succombé à son charme. Le style coloré de Perez, doublé de son esprit très compétitif et son côté très «enfant» ont fait en sorte qu’il est devenu instantanément un des préférés de la foule à Montréal.

Les Expos, avec une fiche de 91-71, ont finalement terminé au troisième rang cette année-là, mais à seulement 4 parties des Cards de Saint-Louis.

L’EFFET PEREZ CONTINUE D’OPÉRER

En 1988 Perez continue de bien performer (12-8 MPM 2.44) mais surtout, on remarque une hausse des assistances lors de ses départs à Montréal. Il est définitivement devenu une attraction en ville et les amateurs de baseball l’apprécient au plus haut point.

Pascual PerezSource: CBS
Légende: Pascual PerezIl faut dire que Perez est tout un «animateur de foule». Il faisait rire les gens en surveillant les coureurs au premier but en faisant une pause entre ses jambes, distribuait aux frappeurs à l’occasion, une balle «arc-en-ciel» qui était un lancer super lent, en plus de multiplier des faciès et des mimiques plus drôles les unes des autres. Il avait aussi l’habitude de faire un geste d’appuyer sur la détente d’un révolver lorsqu’il retirait un frappeur sur trois prises (ce qui ne plaisait vraiment pas aux adversaires) ou encore, toujours après un retrait sur trois prises mais qui mettait fin à une manche, il courait à toute allure vers l’abri en sautant par-dessus la ligne de démarcation.

Après une saison 1989 de 9 victoires contre 13 défaites mais une moyenne de points mérités respectable de 3,31, les Expos décidèrent de ne pas lui offrir de contrat de sorte qu’il a signa une entente avec les Yankees l’année suivante.

La décision de ne pas lui offrir de contrat fut très impopulaire chez les amateurs des Expos.

Pascual Perez n’effectuera que 17 départs en 2 ans avec les Yankees. Les blessures semblent être la raison principale de ses déboires à New-York mais plusieurs personnes sont d’avis à ce moment qu’il aurait plutôt renoué avec ses vieux démons loin de Montréal. L’année 1992 confirmera cette thèse lorsque le Baseball Majeur décida de suspendre Perez pour toute l’année pour usage de drogue. Il décida alors de prendre sa retraite à l’âge de 34 ans.

Une chose est certaine, la Ville de New-York et ses tentations, ne pouvaient pas être un paradis pour un gars fragile comme Pascual.

Il dira quelques années plus tard en entrevue, que c’est à Montréal qu’il aura vécu ses années les plus mémorables.

Après tout, c’est surtout à Montréal que Perez pouvait agir comme l’enfant qu’il a toujours été sans être jugé par les amateurs. Ce sont des jeux d’adultes loin de Montréal, qui auront causé sa perte.

Le 1er novembre 2012, Pascual Perez est retrouvé mort dans sa résidence de Sans Gregorio dans sa République Dominicaine natale. Il aurait été poignardé par des voleurs à ce que l’on dit. Mais connaissant Pascual, était-ce le vrai motif ?

Une chose est certaine, en seulement deux saisons et un tiers à Montréal, il aura laissé des souvenirs impérissables aux amateurs de baseball québécois… Et pour les bonnes raisons !

La preuve, on en parle encore !

FAITS SAILLANTS SUR LA CARRIÈRE DE PASCUAL PEREZ

  • Engagé à titre d’agent-libre amateur le 27 janvier 1976
  • Débute sa carrière dans la MLB avec les Pirates en 1980, à l’âge de 23 ans.
  • A présenté un dossier global de 67 victoires contre 68 revers et une MPM de 3,44
  • À Montréal, a présenté une fiche de 28 victoires contre 21 défaites et une excellente moyenne de points mérités de 2,80.
  • Fut surnommé «I-285» après s’être perdu sur l’autoroute du même nom en se rendant à un match des Braves. Il arriva avec 10 minutes de retard.
  • N’a été utilisé que 5 fois en relève à Montréal, affichant une ronflante moyenne de 5,40. Buck Rodgers a eu sa leçon.
  • À Montréal, il a réalisé 18 départs sans obtenir de décision, affichant pourtant un MPM de 1,92, laissant supposer que sa fiche de victoires-défaites, aurait facilement pu être bien meilleure s’il avait eu l’apport offensif de ses coéquipiers.
  • Pris sa retraite après avoir été suspendu un an par le baseball majeur pour consommation de drogue
  • Fut assassiné le 1er novembre 2012.

Voici un petit clip vidéo qui vous permettra de découvrir un peu le personnage ! ;)