Cette série d’articles relate les exploits de quelques joueurs du baseball majeur, qui prenaient plaisir à avoir beaucoup de succès contre les Expos… Celui qui venait en tête de liste, est certainement l’ex-numéro 20 des Phillies, Mike Schmidt.

Repêché en deuxième ronde par les Phillies de Philadelphie en 1971, on disait de lui qu’il était un frappeur démontrant une bonne puissance au bâton, doublé d’un excellent sens défensif au troisième but. Les Phillies éprouvaient beaucoup de difficulté sur le terrain et la position de troisième-but était l’un des points faibles de la formation. Don Money et John Vukovich se partageaient la tâche à cette position dans ces années-là et ce, sans grand succès !

Après avoir fait ses débuts en ne disputant que 13 parties à la fin de la saison 1972, c’est l’année suivante, à l’âge de 23 ans, qu’il s’aligna à titre de joueur de troisième-but régulier avec les Phillies. C’est surtout son jeu défensif qui attira l’attention à son année recrue puisqu’à l’offensive, il n’afficha qu’une piètre moyenne au bâton de .196 avec tout de même 18 circuits et 52 points produits. Sans grande surprise, il n’a pas été considéré au scrutin pour le titre de recrue de l’année dans la Ligue Nationale cette année-là.

Si sa production en termes de circuits et de points produits laissaient entrevoir un beau potentiel en 1972, sa moyenne au bâton et le nombre effarant de 136 retraits au bâton en 132 parties laissa un goût amer aux dirigeants et aux partisans des Phillies.

Si l’histoire nous démontrera par la suite que sa puissance et son jeu défensif représentaient ses points forts, elle apprendra aussi aux fans qu’il faudra «dealer» avec son nombre très élevé de retraits au bâton.

L’ÉCLOSION DE SCHMIDT

C’est à partir de 1974 et ce, pour le reste de sa carrière de 18 ans, que Mike Schmidt s’établira comme un joueur d’impact au sein des Phillies.

Cette année-là, Schmidt frappa pour une moyenne au bâton de .282 et domina la Ligue Nationale avec un total de 36 circuits. Au passage, il aura également produit 116 points. Lors de cette saison-là cependant, Schmidt ne frappa que pour .138 avec aucun circuit et seulement 3 points produits en 18 parties contre les Expos, qui semblaient avoir son numéro.

L’équipe montréalaise en paiera chèrement le prix les années suivantes.

1980, SCHMIDT BRISA LE RÊVE DES EXPOS

C’est en 1980 que Schmidt fit le plus mal aux Expos de Montréal, en toute fin de saison de surcroit.

Imaginez le topo. Avec seulement 3 matchs à disputer en saison régulière, les deux clubs se présentent au Stade Olympique le 3 octobre, à égalité en tête de la division Est de la Ligue Nationale, avec des fiches identiques de 89 victoires contre 70 revers.

Devant 57,121 spectateurs au Stade. Mike Schmidt produisit le premier point des Phillies en 1ère manche sur un ballon sacrifice, puis, en 6ème, il catapulta une offrande de Scott Sanderson par-dessus la clôture après 1 retrait. C’était 2 à 0 pour les Phillies. Les Expos ont bien tenté de remonter en marquant un point sur le ballon sacrifice d’Andre Dawson dans cette même manche, mais les Releveurs Sparky Lyle et Tug McGraw ont su fermer les livres en fin de match. Marque finale, 2 à 1 pour les Phillies, ou plutôt, Schmidt 2, Expos 1 !

Le lendemain, les Expos se devaient de l’emporter pour reprendre le premier rang à égalité avec les Phillies et, du coup, forcer la tenue d’un match sans lendemain. Encore, plus de 50,000 spectateurs se pointent au Stade Olympique pour encourager leurs favoris.

Les Expos prirent les devants 2 à 0 en 3ème manche grâce à un circuit de Jerry White. À ce moment, avec Steve Rogers au monticule, tout le monde y croyait dans le camp des Expos.

En cinquième, le premier frappeur des Phillies, Pete Rose, sema le doute chez les partisans montréalais en cognant un simple faisant marquer Larry Bowa du 3ème coussin pour faire 2 à 1.

Puis, après un retrait en 7ème manche, Greg Luzinski frappe un simple au champ-centre avec les buts remplis, faisant marquer Pete Rose et Bake McBride. C’était soudainement 3 à 2 pour les Phillies. Ç’aurait pu être pire car sur le jeu, Schmidt a été retiré au marbre et Luzinski au deuxième sur d’excellents jeux défensifs des Expos.

FIN DE MATCH DRAMATIQUE

Dans la même manche à leur tour au bâton, les Expos ont démontré beaucoup de caractère en reprenant les devants grâce aux points produits de Jerry White (ballon sacrifice) et Rodney Scott (double).

En neuvième manche, avec les Expos en avance, Woody Fryman devait affronter le haut de l’alignement des Phillies, en situation de sauvetage. Il accorda un but sur balles à Pete Rose, mais força Bake McBride à frapper un optionnel. Mike Schmidt  se pointe au marbre et Fryman arrive à le retirer grâce à un roulant au troisième but. Avec McBride posté au deuxième coussin, Fryman affronte Bob Boone avec deux retraits. Boone cogna un dramatique simple, faisant marquer McBride du deuxième. Les Expos n’étaient qu’à un seul retrait de la victoire mais c’était soudainement 4 à 4 !... Le match ira en prolongation.

 

En onzième manche, Stan Bahnsen est au monticule pour les Expos. Pete Rose (encore lui) frappe un simple au champ droit. Bake McBride frappe quant à lui une chandelle au receveur Gary Carter en territoire des fausses balles.

 

Ainsi, Mike Schmidt se pointe au bâton en 11ème manche avec un retrait et un homme au premier coussin. Résultat ? Circuit de deux points (son 48ème de la saison) pour permettre aux Phillies de prendre les devants 6 à 4.

Le releveur des Phillies, Tug McGraw se chargera du reste en fin de 11ème, retirant dans l’ordre Gary Carter, Warren Cromartie et Larry Parrish.

Le rêve prend fin pour les Expos, Schmidt a produit les points gagnants dans chacun de ces deux matchs pour ainsi éliminer les Expos.

On parle beaucoup du fameux circuit de Rick Monday contre Steve Rogers en 1981 ou la grève de 1994 comme moments dramatiques de l’histoire des Expos, mais dans le groupe, on se doit d’inclure ces deux parties disputées à Montréal en ce mois d’octobre 1980.

LA BÊTE NOIRE DES EXPOS PENDANT 18 ANS

En carrière, Schmidt aura été le joueur qui aura frappé le plus de circuits contre les Expos, soit un incroyable total de 57 !!! Juste à Montréal, il en frappa 32 dont 6 au Parc Jarry et 26 au Stade Olympique.

En carrière, il produisit rien de moins que 161 points contre les Expos et, plus souvent qu’autrement, ces points faisaient très mal à la formation montréalaise.

FAITS SAILLANTS DE LA CARRIÈRE DE MIKE SCHMIDT

  • Repêché en 1971, il jouera toute sa carrière avec une seule équipe, les Phillies de Philadelphie
  • Il participa à 12 matchs des étoiles
  • Excellent joueur défensif, il récolta 10 gants dorés à titre de joueur de troisième-but
  • À trois reprises, Schmidt a remporté le titre de joueur par excellence de la Ligue Nationale, 1980, 1981 et 1986
  • Il remporta 6 bâtons d’argent à titre de meilleur frappeur à sa position
  • A gagné une série mondiale (en 1980) où il fut élu joueur par excellence de cette série, frappant pour .381 et claquant 2 circuits tout en produisant 7 points.
  • A terminé 8 fois en tête de la colonne des circuits dans la Nationale.
  • A terminé 4 fois en tête des points produits dans la Ligue Nationale
  • Fut élu au Temple de la Renommée à sa première année d’éligibilité en 1995, avec 96,5% des votes