MONTRÉAL – Le piètre rendement des Alouettes a forcé la main des dirigeants de l’organisation qui ont dû déroger de leur plan en retirant le poste d’entraîneur-chef à Jim Popp pour confier le mandat, de façon intérimaire, à Jacques Chapdelaine.

La décision de miser, en 2016, sur la stabilité en laissant Popp assumer les doubles fonctions de directeur général et entraîneur s’est transformée en véritable fiasco. Une fois de plus, Popp n’a pas été en mesure de s’imposer sur les lignes de côté. Au final, il présente un dossier de 22-36 comme entraîneur et 6-16 depuis qu’il avait succédé à Tom Higgins.

La quatrième défaite consécutive et la sixième en sept parties a précipité le départ de Popp qui pourra se concentrer sur son chapeau de prédilection, celui de directeur général. Étant donné que les Alouettes bénéficient d’une semaine de congé, Chapdelaine vivra son baptême comme entraîneur-chef le 2 octobre lors de la visite des Argonauts de Toronto.

Lors d’une conférence téléphonique, le propriétaire et gouverneur, Andrew Wetenhall, a expliqué que cette décision a été prise par le groupe de leadership dans lequel il est entouré par son père, Bob, le président Mark Weightman et Popp.

« On a réfléchi souvent au cours des dernières semaines pour déterminer une manière de gagner des matchs. On a déterminé qu’un changement serait notre meilleure chance de renverser la vapeur », a commenté Wetenhall.

Cependant, après plus de 45 minutes de réponses et de questions, il a senti le besoin d’ajouter une précision.

« L’identité de la personne qui dirige l’équipe, c’est une décision des propriétaires. C’est une décision de Bob et moi. On a déterminé qu’on voulait placer Jacques dans ce rôle. On verra si on décidera de le garder dans ce poste par la suite », a-t-il relevé avec moins de détours.

Le curriculum vitae de Chapdelaine dénote une vaste expérience qui justifie sa première occasion comme entraîneur-chef dans la LCF. À 55 ans, il a été entraîneur ou coordonnateur pendant 13 saisons dans le circuit canadien. Il a soulevé la coupe Grey à trois occasions en quatre participations.

D’un autre côté, la sélection contient une certaine surprise puisqu’il a été préféré aux entraîneurs adjoints, Noel Thorpe et Kavis Reed.

« Notre rendement est à la hauteur en défense et sur les unités spéciales. C’est en attaque qu’on a besoin de changements et ça permet de ne pas provoquer de répercussions sur les autres unités », a noté Wetenhall.

En raison de cette production déficiente de l’unité offensive, les Alouettes (3-9) croulent au dernier rang de la section Est. Chapdelaine atterrit donc dans une situation difficile à corriger, mais ça ne l’empêche pas de croire qu’il peut relancer cette organisation pour plusieurs années.

« Je comprends entièrement que les défis sont très hauts, ce ne sera pas une tâche facile. Mais, de mon côté, je ne me perçois pas comme un entraîneur par intérim. Je vois mon travail comme l’occasion de procurer une solution à courte échéance et à longue échéance », a raconté Chapdelaine qui connaît les réalités de ce milieu.

« Si je me disais que je le suis par intérim, je ferais un travail partiel et incomplet. C’est mon poste et mon opportunité. Je ne lâcherai pas, je vais tout donner ce que je peux pour demeurer l’entraîneur des Alouettes dans les années à venir », a-t-il ajouté.

Malgré la conviction de Chapdelaine, l’état-major des Alouettes a eu à expliquer la décision de limiter son rôle à des responsabilités intérimaires.

« On voulait vraiment prendre une décision pour la saison 2016, une décision pour corriger la situation actuelle. On souhaitait aussi se donner le temps et le recul après la saison pour regarder l’ensemble de l’œuvre. On a pris beaucoup de temps à en parler, mais on voulait faire les choses une étape à la fois », a déclaré Weightman.

Quant à Wetenhall, il ne cache pas que Chapdelaine devra prouver qu’il mérite cette confiance.

« Confier un titre autre que par intérim aurait été imprudent. Ce serait injuste pour Jacques et d’autres bons candidats dont certains à l’interne. Ça limiterait aussi nos possibilités d’embaucher le meilleur candidat », a admis Wetenhall en songeant notamment à Thorpe et Reed qui pourraient viser cet emploi.

Il pourrait notamment s’attirer des éloges en redonnant vie à l’attaque des Alouettes. Il s’agira de son plus imposant chantier puisque l’unité offensive n’a pas répondu aux attentes sous la supervision de l’inexpérimenté coordonnateur offensif, Anthony Calvillo.

Chapdelaine a confirmé que des changements surviendront, mais ils ne voulaient pas en dévoiler la teneur avant d’avoir rencontré en personne ses entraîneurs.

Que faire de Carter et qui blâmer pour le retour de Popp ?

À moins d’un petit miracle, les Alouettes seront exclus des éliminatoires pour une deuxième saison d’affilée. Même un dossier parfait de 6-0 pourrait ne pas suffire pour éviter ce sort et ça ressemble à une mission impossible considérant les deux affrontements contre les puissants Stampeders de Calgary.

Ainsi, les priorités de Chapdelaine consisteront à ramener de l’ordre dans le nid et modifier quelques éléments en attaque.

En ce qui concerne l’indiscipline, le nom du turbulent receveur Duron Carter refait toujours surface. Chapdelaine admet qu’il devra le replacer dans le droit chemin après ses deux disputes avec le quart-arrière partant, Rakeem Cato. 

« Je crois que c’est important de ramener une certaine structure et une certaine discipline sans que ce soit trop difficile pour les joueurs », a-t-il proposé dans un commentaire qui laisse croire que c’était défaillant durant le régime de Popp.

« Quant à Duron, c’est un joueur exceptionnel pour nous. Je ne l’ai pas caché et il sera le premier à le dire : il s’est retrouvé dans des situations néfastes et il était souvent au centre de celles-ci. Certaines de ses actions ont pu laisser à désirer. J’ai toujours eu comme philosophie que de bons joueurs vont faire de bons jeux et que de bonnes personnes vont faire de bonnes équipes.

« Je ne crois pas que Duron soit une mauvaise personne, mais il doit retrouver une conduite plus parallèle à celle de l’équipe », a plaidé Chapdelaine sans contourner le sujet.

Le dernier sujet incontournable était évidemment l’erreur d’avoir demandé à Popp de revenir sur les lignes de côté en 2016. Wetenhall a continué de prétendre qu’il s’agissait de la meilleure décision dans les circonstances.

« C’est facile de critiquer par après. À la lumière de notre fiche de 3-9, c’est juste de dire qu’on aurait pu prendre une décision différente. Mais, au moment de décider, on avait considéré des informations de plusieurs personnes comme Mark, Jim ainsi que plusieurs entraîneurs et joueurs. On avait traversé beaucoup de changements dans les dernières années du côté des entraîneurs et on a déterminé qu’une année de stabilité était la meilleure option pour gagner des matchs en 2016.

« C’est ce que les joueurs et les entraîneurs voulaient. Ça ne s’est pas produit et c’est malheureux. Je ne peux pas revenir en arrière, mais j’aurais eu besoin d’une autre information pour penser d’une autre manière », a conclu Wetenhall qui n’accorde pas souvent d’entrevues.

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