Tout est en place à Ottawa pour la présentation de la 105^e coupe Grey.

J’apprécie toujours de voir les meilleures formations de chaque association se rendre au match ultime du football canadien, et c’est ce que nous réserve la finale de 2017, alors que les Argonauts de Toronto, premiers au classement dans l’Est, se mesureront aux Stampeders de Calgary, qui ont surclassé la compétition dans l’Ouest.

En me penchant sur ces deux  formations pour analyser les principales confrontations, je me suis vite aperçu qu’il y avait bon nombre de similitudes entre les Argos et les Stamps.

D’une part, on verra à l’œuvre sur les lignes de côté deux entraîneurs-chefs de grande qualité. Marc Trestman l’a prouvé; c’est sa quatrième présence en match de la coupe Grey. Dave Dickinson a dirigé une équipe qui, en dépit des blessures, a su demeurer l’équipe à battre dans l’Ouest tout au long du calendrier régulier. Année après année, la formation de Calgary demeure le standard d’excellence de la LCF et la dernière saison n’y a pas fait exception.

Les deux clubs peuvent compter sur un excellent quart vétéran. Bo Levi Mitchell est le joueur par excellence de la saison 2016. Il a une fois de plus été extrêmement solide cette année, et peut remporter un match en portant l’attaque sur son dos s’il le faut.

De l’autre côté, Ricky Ray n’a plus besoin de présentation en tant que quart de premier plan qui filera tout droit vers le Temple de la renommée lorsqu’il accrochera ses crampons. Ce dernier a été le candidat retenu dans l’Est pour le titre de joueur par excellence. Il peut lui aussi prendre contrôle d’un match à tout moment.

En ce qui a trait au jeu au sol, tant les Argos que les Stamps peuvent compter sur un porteur de ballon au gabarit imposant. Pour Toronto, James Wilder fils a émergé à partir de la mi-saison. On lui a d’ailleurs décerné le titre de recrue de l’année pour récompenser ses efforts. Ses statistiques parlent d’elles-mêmes : 872 verges par la course en seulement 122 portées, ce qui lui confère une moyenne de 7,1 verges par portée. Il a fait admirablement bien dans le jeu aérien aussi : 51 réceptions pour des gains totaux de 533 verges (10,5 verges par attrapé).

De l’autre côté, Jerome Messam est un aussi un joueur robuste, qui encore une fois cette année a prouvé qu’il est un demi offensif no 1 dominant. Tant lui que Wilder peuvent s’imposer lors de matchs physiques disputés dans une température froide comme ça devrait le cas dimanche.

On verra aussi évoluer deux lignes offensives solides qui protègent bien leur général, et qui donc n’accordent que très peu de sacs.

Les fronts défensifs sont aussi excellents de part et d’autre. Du côté de Toronto, avec Victor Butler et Shawn Lemon, on arrive à appliquer beaucoup de pression sur les quarts adverses. Et pour Calgary, Micah Johnson mène un front défensif tout aussi redoutable.

Les secondeurs intérieurs des deux équipes sont aussi terrorisants : pour Calgary, Alex Singleton, récipiendaire du titre de joueur défensif par excellence en 2017, et pour Toronto, Bear Woods, qui a reçu cette même distinction dans l’Est lors de deux des quatre dernières années. On parle ici de deux joueurs qui peuvent faire basculer le rythme d’un match avec un seul plaqué.

Bref, il y a énormément de ressemblances entre les deux équipes finalistes, ce qui me fait dire que le duel pourrait se jouer sur quelques jeux tout au plus, même s’il est vrai que les Stamps ont remporté les deux parties jouées contre les Argos cette saison. Est-ce que ce sera un long jeu aérien, un retour de botté électrique sur les unités spéciales ou un revirement crucial qui fera la différence?

À défaut de pouvoir en faire la prédiction, je vous propose quatre noms (deux à l’attaque, deux en défense) qui pourraient avoir un mot à dire dans l’issue de la rencontre.

Roy Finch

Du côté offensif chez les Stampeders, comment passer à côté de Finch? Le spécialiste des retours de bottés est électrisant, et il peut aider le jeu de course à être productif puisqu’il amène une dimension différente de Messam. C’est en quelque sorte le concept du tonnerre et de l’éclair. Messam est là pour courir entre les blocs et punir la défense physiquement, et Finch pour courir hors l’aile et surprendre la défense avec sa vitesse. C’est la recette qui a été utilisée en finale d’association face aux Eskimos d’Edmonton et je suis convaincu que les Stamps s’en serviront aussi dans le match ultime. Finch est le frappeur de circuits, et ça en prend!

S.J. Green

Pour les Argonauts, j’ai identifié le talentueux receveur du côté offensif. Il y a fort à parier qu’une grosse partie du plan de match tournera autour de Wilder, mais Green possède l’habitude des grands rendez-vous. Il reste calme malgré les enjeux. Il a été la cible que Ray a favorisée tout au long de la saison pour des jeux importants. Les attrapés contestés (les fameuses batailles 50-50 avec les demis défensifs), c’est véritablement l’affaire de Green. Dans ce genre de circonstances, je mets mon argent sur lui.

Micah Johnson

À mon avis, Johnson est le plaqueur défensif le plus athlétique du football canadien. Très polyvalent, il est peut contribuer à n’importe quelle position sur la ligne défensive. On peut donc tenter de mystifier l’attaque adverse, avec des jeux croisés par exemple. En contrôlant le front défensif, il peut limiter l’emprise de Wilder sur le match. Il y a aussi de fortes chances que son brio permettra à Singleton de se démarquer sur la feuille de statistiques.

Marcus Ball

Ball a remporté la coupe Grey avec les Argonauts en 2012. Ce joueur-là est partout sur le terrain. Il porte même main forte sur les unités spéciales. Il est dynamique, frappe fort et contribue autant contre le jeu au sol que contre le jeu aérien. Après la campagne 2013, Ball s’est rendu dans la NFL pour y disputer quelques saisons, avec les Saints de La Nouvelle-Orléans notamment. Mais le voilà de retour et prêt à réaliser des jeux d’impact  qui donnent du rythme et de l’énergie à son club. Il a été un joueur-clé dans la conquête de 2012, et si Toronto devait soulever le trophée cinq ans plus tard, Ball aura possiblement joué un rôle déterminant.

Bonne coupe Grey à tous sur les ondes de RDS!

* propos recueillis par Maxime Desroches