Mardi sur le coup de 16 h s’est refermée la fenêtre de transactions dans la NFL, et quelques mouvements de personnel significatifs ont été complétés avant l’heure limite. Je vous propose dans la chronique d’aujourd’hui un survol des cinq échanges qui à mon sens méritent qu’on s’y attarde plus en profondeur.

5) Ty Montgomery passe des Packers aux Ravens

Avant même de vouloir aborder le sujet de la date limite des échanges, je savais d’ores et déjà que j’allais discuter de Montgomery et de ce qui s’est produit dimanche dernier face aux Rams de Los Angeles, lorsqu’il a pris une décision égoïste et irréfléchie qui a certainement auprès des entraîneurs et de l’ensemble de l’organisation. Pour ceux qui n’auraient pas vu la séquence, vers la fin de la rencontre, alors que les Packers tiraient  de l’arrière par deux points, Montgomery était posté dans la zone des buts dans son rôle de retourneur. La consigne était certainement de ne pas sortir de la zone des buts et plutôt de déposer sagement le genou au sol pour permettre à Aaron Rodgers de mener une dernière séquence offensive à partir de la ligne de 25. Pour une raison inexplicable, Montgomery a fait preuve d’insubordination et tenté une course. Le pire scénario possible s’est produit : il a échappé le ballon, les Rams l’ont recouvert, et Green Bay n’en ont plus eu possession du reste de la rencontre.

Il aurait apparemment piqué une crise sur les lignes de côté durant le match pour critiquer sa sous-utilisation. Clairement mécontent, il a défié l’autorité des entraîneurs et fait perdre toute chance à son équipe de  gagner. Juste pour cette décision, je l’aurais retranché, personnellement. Ce n’est donc pas surprenant que les Packers, tant qu’à le libérer, aient passé quelques coups de téléphone afin d’obtenir quelque chose en retour du no 88. Avec l’émerge d’Aaron Jones dans le champ-arrière et la plus grande stabilité à la position de receveur de passes, la polyvalence de Montgomery était de moins en moins nécessaire. Il a été envoyé aux Ravens de Baltimore en retour d’un choix de septième tour au repêchage de 2020. C’est minime comme retour, mais mieux que rien du tout.

Du côté des Ravens, la transaction revêt un potentiel intéressant. Après tout, c’est une équipe à la recherche de rapidité et de dynamisme. Montgomery est considéré comme un demi offensif, et il apporte une dimension qu’Alex Collins (moyenne de 3,7 verges par course) et Javorius Allen (moyenne de 2,6) n’ont pas nécessairement. L’explosion dont est capable Montgomery est intéressante pour un club qui ne revendique aucune course de plus de 20 verges en huit matchs cette saison. On tente par tous les moyens d’aider Joe Flacco à connaître plus de hauts que de bas. L’ajout d’un porteur de ballon capable de s’aligner comme receveur au besoin est un pari intéressant.

4) Ha Ha Clinton-Dix met le cap vers Washington

La deuxième transaction que je veux aborder a également été complétée par les Packers, alors qu’ils ont démissionné en ce qui a trait au maraudeur Ha Ha Clinton-Dix, envoyé aux Redskins pour une sélection de quatrième tour. Je trouve cela dommage pour les Packers qu’on ait décidé de se débarrasser d’un joueur aussi productif. Clinton-Dix est l’un des joueurs les plus complets du circuit à sa position. Il est un ancien participant au Pro Bowl (en 2016) et a prouvé sa fiabilité dans le passé. De plus, il n’a raté aucun match en quatre saisons dans le circuit.

Je me demande si sa rémunération de 8 millions $ lors de la saison 2019 n’est pas ce qui a fait pencher la balance pour l’état-major des Packers. C’est possiblement un contrecoup au gigantesque contrat consenti à Aaron Rodgers durant l’entre-saison. Green Bay s’en remet désormais à Kentrell Brice et à Jermaine Whitehead. On verra probablement Josh Jones, un choix de deuxième ronde en 2017, obtenir davantage de responsabilités. Le talent et la profondeur n’y sont pas à cette position pour la troupe de Mike McCarthy, donc ça pourrait devenir problématique assez rapidement.  

Quant aux Skins, ils ont réussi à ajouter une pièce intéressante à leur personnel défensif sans avoir à payer un prix exorbitant. Clinton-Dix est un ancien choix de première ronde qui à 25 ans joue à la hauteur de ses habiletés. C’était le moment d’être agressif sur le marché des échanges, sachant qu’ils possèdent une excellente chance de remporter leur division, dont ils sont présentement les meneurs. Il rejoint D.J. Swearinger, ce qui donne deux très bons maraudeurs à l’équipe.

3) Houston ajoute une arme offensive en Demaryius Thomas

Les jours de Demaryius Thomas semblaient être comptés à Denver, principalement en raison de l’éclosion du receveur recrue Courtland Sutton, que les Broncos ont réclamé au 40e échelon au printemps dernier. C’est un jeune joueur qui répond très bien aux rigueurs de la NFL, et ça se traduit par 324 verges sur 17 réceptions, dont deux pour des touchés. À 19,1 verges, Sutton possède la moyenne de verges par attrapé la plus élevée de son équipe. Il est capable de réaliser des jeux explosifs, comme il l’a démontré dimanche dernier face aux Chiefs de Kansas City. John Elway a d’ailleurs mentionné en commentant la transaction que Sutton était prêt à obtenir plus de temps de jeu.

Thomas allait empocher une jolie somme en 2019 (17,5 millions $), ce qui a dû être une importante considération dans le choix d’échanger « DT » aux Texans. Dans une ligue dotée d’un plafond salarial, l’aspect financier peut amener des clubs à réaliser des échanges surprenants par moments. Le facteur monétaire et la volonté des Broncos de s’établir comme une équipe qui privilégie la course sont deux pistes d’explication très plausibles.

Du côté de Houston, il faut être réaliste : Thomas ne possède plus la même explosion et la même capacité qu’autrefois à distancer ses couvreurs. Il ne peut plus être le no 1 de son équipe et faire mal paraître les meilleurs demis défensifs adverses. Cependant, l’équipe allait très bien mais vient de perdre les services du rapide Will Fuller pour le reste de la campagne. Il y avait un besoin criant d’obtenir une autre option dans le jeu aérien, sachant que la recrue Keke Coutee peine lui aussi à rester en santé. Thomas devrait bien cadrer avec les Texans notamment parce qu’il a une très bonne relation avec DeAndre Hopkins. Le nouveau venu a la réputation d’être un joueur facile à diriger qui amène une attitude positive au vestiaire. Sachant qu’un long parcours éliminatoire est une possibilité, le directeur général Brian Gaine a décidé que le moment était bien choisi pour prendre un risque qu’il croit être calculé.

2) Golden Tate est maintenant un Eagle

Des cinq échanges discutés dans cette chronique, le départ de Golden Tate pour Philadelphie est celui qui m’a le plus étonné. Tate était le meilleur receveur des Lions de Detroit, un synonyme de fiabilité. Un gars qui rate peu de matchs, un joueur explosif ayant mérité le titre de « Monsieur Verges-après-l’attrapé ».

Je comprends que Kenny Golladay s’est affirmé comme un receveur de qualité à sa deuxième saison, surtout dans les zones profondes. Il joue bien, mais ne connaît pas une saison à tout casser non plus. On a pris la décision de lui offrir davantage d’opportunités de s’établir comme le joueur qu’on le croit en mesure de devenir, tandis que Marvin Jones fils verra aussi son rôle augmenter.

Detroit ne deviendra pas du jour ou l’autre une équipe axée sur la course, mais je crois fermement qu’on essaie de mettre davantage l’accent sur cet aspect de l’attaque. Une telle volonté de courir équivaut à une diminution du nombre de passes décochées, donc par conséquent un moins grand besoin de compter sur trois receveurs de grand talent.

Pour les Eagles, j’aime beaucoup cette décision. Golden Tate apportera une bonne dose d’attitude à une équipe qui s’est avérée un peu fade, un an après leur conquête du Super Bowl. Il s’agit là à mon avis d’une formation qui avait besoin d’une injection d’énergie. Les blessures avaient rendu la situation plus complexe qu’anticipé à la position de receveur; Alshon Jeffery a commencé l’année blessé et Mike Wallace s’est blessé durant la semaine no 2. C’est sans compter que Carson Wentz a nécessité une période d’ajustement avant de redevenir un quart dominant.

Ça aidera énormément Wentz de compter sur un receveur qui peut transformer une courte passe de trois verges en un gain de 40 verges grâce à sa vitesse et ses feintes. Il sera un bon complément à Jeffery, qui n’est pas du tout le même genre de receveur.

1) Fowler se retrouve avec les puissants Rams

Les Jaguars ont fait tout un énoncé en transigeant l’ancien troisième choix au total, l’ailier défensif Dante Fowler. Depuis deux semaines, on entendait que ça brasse beaucoup dans le vestiaire des Jaguars de Jacksonville, un club en pleine dégringolade, et tout semble indiquer que Fowler était au milieu de la bisbille. Les rumeurs avançaient qu’il avait eu maille à partir avec Yannick Ngakoue, qui l’avait surpassé dans la hiérarchie des Jags depuis deux ans.

C’est rare qu’après trois ans seulement, une équipe décide de jeter l’éponge envers un athlète qui était censé être un joueur de concession. Mais c’est compréhensible du moment où l’on considère qu’il était devenu impératif de changer la culture de l’équipe. On voulait une ambiance plus saine avant que l’équipe ne touche le fond du baril et atteigne un point de non-retour.

Du côté des Rams, je n’ai qu’un mot à dire : attention! Durant la saison morte, lorsqu’on regardait sur papier la composition de l’équipe, sa seule « faiblesse » si je peux le dire ainsi était son manque de punch sur les ailes dans le front défensif. Los Angeles possédait déjà le meilleur duo de plaqueurs défensifs en Aaron Donald et Ndamukong Suh, mais à l’extérieur, le talent manquait afin d’appliquer une pression accrue sur les quarts adverses. Je comprends que Fowler s’est avéré une déception à Jacksonville, mais ses qualités athlétiques sont indéniables. Il évoluera avec deux plaqueurs qui requièrent beaucoup d’attention des lignes offensives adverses. Ça lui permettra possiblement de se mettre en valeur et de relancer sa carrière.

Je serai aussi intéressé de voir s’il se pliera à la culture d’équipe des Rams. Sous Sean McVay, tout le monde joue pour une cause commune. Todd Gurley nous en a servi une preuve dimanche dernier en arrêtant sa course quelques verges avant la zone des buts, sachant que de s’arrêter là assurait son club de la victoire. C’était très altruiste comme geste. Dans un environnement où il a intérêt à se tenir droit, il sera intrigant de voir comment Fowler réagira.

Finalement, nous le savions tous déjà, mais cette transaction vient confirmer le fait que les Rams mettent toutes leurs billes sur la saison 2018, qu’ils croient être la leur. Avec leur fiche immaculée à la mi-saison, ce serait bien naïf de les remettre en question