COLLABORATION SPÉCIALE

Pour une deuxième fois dans l’histoire du circuit cette année, un total de 14 équipes sur 32 accédaient au tableau éliminatoire dans la NFL.

 

Il faut en convenir, ce premier week-end des « wildcards » à 12 équipes n’a pas offert aux partisans le meilleur des spectacles à se mettre sous la dent, d’autant plus que quatre des six rencontres se sont conclues par des victoires à sens unique.

 

Ce n’est pas souhaitable, mais c’est un peu ce qu’on aurait pu prédire lorsque le commissaire Roger Goodell a annoncé cette modification au format éliminatoire.

 

Des équipes telles que les Steelers de Pittsburgh (9-7-1) dans l’association Américaine et les Eagles de Philadelphie (9-8) dans la Nationale ont réussi à se se faufiler parmi les clubs qualifiés sans nécessairement avoir « mérité » leur place. Je dis cela en sachant pertinemment que pour les bases de partisans de Pittsburgh et de Philadelphie, c’était très enthousiasmant de savoir que leur équipe avait une chance, aussi mince soit-elle, de jouer les trouble-fête et de rêver au Super Bowl une fois le calendrier régulier terminé.

 

Il fallait s’y en attendre, le spectacle n’a pas été à la hauteur dans plusieurs des duels présentés sur trois jours, de samedi à lundi.

 

La motivation derrière ce changement, comme celle du passage à une saison de 17 matchs au lieu de 16 ou celle d’un horaire de matchs éliminatoires sur trois jours au lieu de deux, c’est bien entendu l’argent. La NFL, c’est une machine à imprimer de l’argent. Tout est pensé en fonction de l’accroissement des revenus, et d’augmenter le nombre de rencontres visionnées à l’échelle nationale, même si celles-ci ne sont pas compétitives, cadre bien avec cette philosophie.

 

Pour les diffuseurs, c’est payant, ce l’est aussi pour les propriétaires des équipes et pour les joueurs eux-mêmes, car les athlètes de deux équipes supplémentaires reçoivent des chèques de paie en calendrier d’après-saison. L’argent n’est pas la seule source de motivation de chacunes des parties, mais il représente le dénominateur commun pour tout ce beau monde. C’est pour cette raison que cela fonctionne, que l’on nous serve du football de grande qualité ou non.

 

Il faudra s’y habituer, car cela risque de devenir récurrent. Selon toute vraisemblance, ce premier tour éliminatoire donnera lieu à quelques corrections année après année.

 

Ni plus ni moins qu’un chef-d’oeuvre des Bills

 

S’il faut essayer de trouver du positif dans certaines victoires aussi écrasantes, il serait facile de débuter avec les Bills de Buffalo, qui ont été carrément ahurissants dans leur victoire de 47-17 aux dépens des Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

 

C’était à mon sens la performance la plus impressionnante du week-end. Si la perfection n’est pas de ce monde, ce match des Bills s’en rapprochait drôlement.

Il y a fort à parier que Buffalo a fait le plaisir d’un bon nombre de partisans de football américain qui en ont eu ras-le-bol au fil des ans de voir les Pats trôner si longtemps au sommet de la pyramide.

 

D’accord, la troupe de Bill Belichick n’a rien généré, mais donnons énormément de mérite à celle de Sean McDermott. On se souvient, les attentes étaient hyper élevées avant le coup d’envoi de la saison. Plusieurs les voyaient accéder au Super Bowl. Ce fut toutefois une année marquée par l’inconstance et des lacunes de toutes sortes (du jeu au sol en passant par les performances inégales de Josh Allen et une incapacité à arrêter la course) jusqu’à ce qu’elle se termine par une séquence de quatre victoires.

 

Mais dans le match de samedi, tous les éléments se sont mis ensemble. La défense a très bien joué, mais ce qui aura marqué les esprits, c’est le dynamisme avec lequel a joué l’attaque, qui a inscrit sept touchés en autant de possessions, devenant la première équipe dans l’histoire de la NFL à accomplir tel exploit en éliminatoires. Aucun dégagement, aucune tentative de placement, aucun revirement. Du jamais-vu!

 

On a finalement trouvé un équilibre offensif qui semble grandement profiter à Allen. D’accord, ce dernier a le talent nécessaire pour multiplier les miracles, mais pourquoi se fier uniquement à ses habiletés? Le fait de miser sur une attaque terrestre soutenue lui permet d’être encore plus imprévisible pour la défense adverse, et ça se ressent. Face aux Pats, il avait l’air tout simplement inarrêtable.

 

Après une telle domination, nul autre choix que de revoir que les attentes fondées en les Bills. Celles-ci ont grimpé de plusieurs échelons, à l’approche de leur face aux Chiefs de Kansas City dans quelques jours. Cet affrontement s’annonce d’ailleurs aisément comme l’un des fascinants de la deuxième ronde.

 

Enfin un 1er gain éliminatoire pour Stafford

 

Beaucoup d’attention a été portée la semaine dernière sur l’énorme pression reposant sur les épaules de Matthew Stafford, condamné à gagner avec les Rams de Los Angeles. Son rendement peu reluisant de 0-3 en matchs éliminatoires avant lundi avait fait l’objet de nombreuses discussions. Pouvait-il faire mieux que Jared Goff lorsque les enjeux devenaient grands? Le fait qu’il avait mené la NFL pour les interceptions (17) n’était pas non plus sans soulever une part de doutes.

 

Au-delà de la conversation entourant Stafford, la pression était élevée sur l’ensemble de l’organisation, qui après tout a investi massivement depuis un an afin de bâtir un effectif capable de rafler les grands honneurs à domicile. L’ajout de Stafford en échange de Goff était un point de départ, et les transactions réalisées afin d’obtenir Odell Beckham, Sony Michel et Von Miller allaient dans le même sens. Sans compter plusieurs hauts choix au repêchage qui ont été consentis afin de greffer d’autres joueurs-clés au groupe .

 

Ce dont il faut convenir, c’est que l’unité défensive des Rams a fait sa part dans la victoire obtenue aux dépens des Cards de l’Arizona. Aaron Donald et Miller ont été fabuleux, harcelant Kyler Murray à peu près chaque fois que les visiteurs cherchaient à déployer leur attaque aérienne. La tertiaire a également joué avec beaucoup de robustesse; ça s’est vu notamment lorsqu’A.J. Green a été plaqué violemment au moment de capter un ballon, l’empêchant de réussir un attrapé qui aurait aidé à donner du rythme à l’Arizona.

 

Le jeu au sol, lui aussi, a porté main-forte au quart-arrière. Le tout a commencé avec un long gain de Michel qui donnait le ton au premier quart. Ce dernier a pris son erre d’aller tard dans la saison, et les Rams en récoltent les dividendes. Récemment revenu d’une blessure sérieuse, Cam Akers a lui aussi été brillant dans ce match en multipliant les longs gains. Ça transforme l’unité offensive de L.A. et c’est parfait ainsi, car au fond de lui, Sean McVay a toujours souhaité que la fondation de l’attaque soit un jeu terrestre dynamique, pavant la voie à du « play action » efficace. C’est quasi exclusivement ça que font les Rams, et présentement, ils le font très bien.

 

Lorsqu’on a eu recours à ses services face aux Cards, Stafford a répondu présent. Il a fait ce qu’il fallait, a été précis et a gagné quelques gros morceaux de terrains.

 

Est-il un simple gestionnaire de match à ce point-ci? Je n’irais pas jusque-là, et son potentiel est plus important que cela, si le besoin s’en fait sentir. Mais lorsque son rôle est d’être un complément à un jeu au sol bien établi, c’est là qu’il est en mesure d’offrir le rendement le plus constant dont il est capable.

 

Bref, j’ai beaucoup aimé ce match des Rams. C’est la formule qui leur convient, et j’ai hâte de voir s’ils seront en mesure de la déployer de nouveau face à des Buccaneers de Tampa Bay qui ont réussi à neutraliser la puissante attaque au sol des Eagles dimanche.

 

Des décisions qui ont coulé Mayock

 

Les Raiders de Las Vegas se sont bien battus à Cincinnati en lever de rideau des matchs de la fin de semaine, mais chapeau à Joe Burrow et aux Bengals, qui méritaient de passer au tour suivant.

 

À mon sens, les Raiders ont représenté une des références dans la ligue lorsqu’il s’agit d’équipes résilientes. Malgré cette participation aux éliminatoires, on a toutefois fait le choix de remercier le directeur général Mike Mayock en début de semaine, après trois campagnes à la barre de l’équipe.

 

Embauché le 31 décembre 2018, Mayock aura pris une série de mauvaises décisions lui ayant finalement coûté son emploi.

 

D’une part - et certains auront sans doute oublié cette saga -, la situation entourant la venue dans l’organisation d’Antonio Brown en provenance de Pittsburgh avait été catastrophique. Ça avait été un flop monumental et il n’avait jamais joué en saison régulière avec les Raiders, trop préoccupé par des controverses liées à un type de casque et à des traitements pour une blessure à un pied qui ne guérissait pas.

 

Il y a eu ensuite le premier repêchage de Mayock dans ses fonctions de DG. Il s’est alors servi du quatrième choix au total pour réclamer l’ailier défensif Clelin Ferrell, qui n’a jamais trouvé sa niche dans la NFL, ne jouant presque pas. Malgré le fait qu’on ait trouvé Maxx Crosby tardivement dans cet encan, cela reste une gigantesque tache à son dossier.

 

Ce fut d’ailleurs une tendance lourde quant au rendement des premiers choix de Mayock. Celui de 2021, le joueur de ligne offensive Alex Leatherwood, n’augure rien de bon lui non plus. Censé être un bloqueur avec les Raiders, on l’a plutôt muté au poste de garde, et à cette position non plus, Leatherwood n’est pas à la hauteur jusqu’à présent. Il est encore jeune, j’en conviens, mais disons que ça commence mal.

 

Et pour ce qui en est des choix de première ronde de Mayock qui avaient du talent, on avait mal évalué la personnalité et la force de caractère de ces joueurs. Ça s’est vu avec Henry Ruggs II et le triste incident survenu cet automne menant à des accusations criminelles, puis ça s’est poursuivi avec l’autre choix de première ronde de 2020 Damon Arnette, qui a proféré des menaces sur les réseaux sociaux en brandissant des armes à feu. Clairement, les devoirs n’avaient pas été faits relativement au sérieux de ces deux jeunes athlètes.

 

Bref, les récents hauts choix des Raiders ont été des échecs soit sur le terrain, soit hors du terrain. L’évaluation des joueurs est l’un des points les plus fondamentaux de la description de tâche d’un DG, et Mike Mayock a simplement échoué à cet égard. Après la démission de Jon Gruden en octobre, le couperet tombe sur Mayock, et on recommence à zéro une nouvelle fois du côté de Vegas.

* propos recueillis par Maxime Desroches