67-0. Voilà à quoi ressemblait la fiche de Tom Brady à domicile lorsqu’il retraitait au vestiaire du Gillette Stadium avec l’avance après une demie. Ça, c’était avant que les Ravens de Baltimore ne se mettent sur son chemin dimanche.

À l’instar des 49ers de San Francisco, qui ont réservé la même médecine aux Falcons d’Atlanta quelques heures plus tôt, les Ravens ont en effet su s’ajuster en cours de rencontre pour mériter un billet pour le Super Bowl.

Difficile de mettre le doigt sur le bobo pour les Patriots, qui doivent à un ensemble de facteurs leur élimination surprise. D’abord privé de l’ailier rapproché Rob Gronkowski, l’entraîneur-chef Bill Bellichick a de plus dû composer avec la perte des services du demi défensif Aqib Talib tôt dans la rencontre. À lui seul, Talib pouvait couvrir le meilleur receveur des Ravens.

En bons charognards, ces derniers ont aussitôt attaqué cette nouvelle faiblesse des Pats, en tentant une passe dans 80 % des jeux qui ont suivi.

Accusant un déficit de six points (13-7) à leur retour sur le terrain en deuxième demie, les Ravens ont tôt fait de prendre les devants avec trois touchés successifs. Pendant que le quart des Ravens Joe Flacco opérait la remontée des siens, son opposant, lui, était menotté.

Pourtant réputé pour sa capacité à s’ajuster à tout moment, le duo Brady-Bellichick a pour une rare fois échoué, ne générant pas le moindre point.


Tout le mérite revient toutefois aux Ravens. Ce ne sont pas les Pats qui ont perdu, mais bien les Ravens qui l’ont emporté.

Inspirée, fière et robuste, la défense des Ravens a ajouté une autre proie à son tableau de chasse déjà impressionnant. Après avoir limité les attaques explosives des Colts et des Broncos à 9 et 21 points respectivement, Ray Lewis et sa bande n’ont concédé que 13 points aux Pats. Ça ne relève pas du hasard.

Lewis, Haloti Ngata, Terrell Suggs et Ed Reed, les quatre vétérans, solidifient la défense et lui inspirent confiance. Critiquée en cours de campagne, cette unité est revenue en force en fin de saison et on est à même de le constater.

Et que dire de Flacco, souvent pointé du doigt pour son manque de constance en saison régulière. Depuis le début des séries, le quart des Ravens a lancé huit passes de touché et aucune interception. Des statistiques éloquentes.

Kaepernick admirable

Au football il existe à mon avis deux types d’entraîneurs. D’abord, il y a ceux qui se préparent extrêmement bien durant la semaine menant à un match en concoctant des plans de match et des stratégies exceptionnelles. Puis, il y a ceux qui s’ajustent à merveille en cours de rencontre.

On en a eu la parfaite démonstration lors du match opposant les 49ers aux Falcons. Il n’y a aucun doute dans mon esprit que l’entraîneur-chef d’Atlanta, Mike Smith, appartient à la première catégorie.

Bien préparée, son équipe s’est dotée d’une avance 17-0 en tout début de deuxième quart. Or, la perte de du porteur de ballon Michael Turner en première demie a pesé lourd sur les Falcons, qui ont petit à petit abandonné le jeu au sol.

Incapables de concrétiser leurs chances, ces derniers jouaient pour ne pas perdre et non pas pour gagner. Plutôt que de passer le K.-O. à un adversaire qui était dans les câbles, les Falcons ont continué à danser au lieu d’y aller d’un bon uppercut au menton des Niners.

Il est toutefois difficile de blâmer le quart Matt Ryan pour cet effondrement, lui qui a amassé 396 verges de gains et lancé trois passes de touché. Pour gagner, il se devait cependant de connaître un match extraordinaire.

Victime d’une interception, Ryan a surtout échappé le ballon sur une remise pourtant parfaite alors qu’il se retrouvait à la ligne de 29 des 49ers et qu’il pouvait au pire espérer mener les siens à un placement. En bousillant cette opportunité, les Falcons ont fait basculer le momentum dans le camp des 49ers.

Ces derniers n’ont jamais bronché, encaissant d’abord les premiers coups pour ensuite mieux se relever.

Tout au long de la semaine menant à ce match, on en avait que pour Colin Kaepernick. Et pour cause! Face aux Packers de Green Bay la semaine précédente, le quart recrue des 49ers avait couru pour 181 verges de gains, en plus d’en ajouter 263 par la passe. Une machine.

Au lendemain de la plus récente victoire des Niners, j’ai encore plus d’admiration pour Kaepernick. À défaut d’amasser des statistiques aussi flamboyantes cette fois-ci, il a plutôt distribué le ballon selon ce que la lecture de la défense adverse lui dictait.

Alors que les Falcons faisaient tout pour stopper une éventuelle course de Kaepernick ou encore une passe à Michael Crabtree, sa cible favorite, le quart des 49ers s’en alors remis à Vernon Davis, qui a capté cinq passes pour 106 verges de gains et un touché.

Non, l’entraîneur-chef Jim Harbaugh ne regrette sans doute pas sa décision plus qu’audacieuse d’enlever le ballon à Alex Smith pour le remettre dans les mains de Kaepernick en mileur de campagne. La formation californienne n’est par contre pas la seule à devoir une partie de sa participation au Super Bowl à un choix risqué.

Au lendemain de la meilleure performance offensive de son équipe, John Harbaugh, le frère de l’autre, a récemment remplacé son coordonnateur offensif Cam Cameron par Jim Caldwell. S’en sont suivis d’importants changements au sein de la ligne offensive qui se sont avérés payants.

Le courage, voilà donc un trait de personnalité propre aux Harbaugh.

Porter pour remplacer McPherson

En terminant, un petit mot sur les Alouettes, qui ont annoncé lundi les mises sous contrat du quart Quinton Porter, du demi défensif Byron Parker et du receveur Arland Bruce III.

Tout le monde s’attend à ce qu’Adrian McPherson parte et le directeur général des Alouettes Jim Popp n’a d’ailleurs pas fait de cachettes à ce sujet. Il n’est pas prêt à satisfaire les demandes salariales de son quart substitut, qui devra visiblement se trouver du boulot ailleurs dans la ligue.

En allant chercher Porter, les Als ont mis le grappin sur un quart qui excelle en situation de deuxième ou troisième essai et court. Il l’a d’ailleurs démontré la saison dernière alors qu’il secondait Henry Burris chez les Tiger-Cats de Hamilton.

Un passeur plus naturel que McPherson, Porter a énormément de potentiel, mais il est âgé de 30 ans. Une donnée à ne pas négliger pour un joueur de football. N’empêche, Porter a de l’expérience et risque davantage de croître dans l’ombre de Calvillo.

De tous les quarts substituts de la LCF, c’est le meilleur que les Alouettes pouvaient embaucher afin de développer un éventuel successeur à Calvillo.

Quant à Parker et Bruce III, il s’agit de deux joueurs d’expérience capables de réaliser de gros jeux. Brillant, Parker connaît bien les receveurs du circuit et peut évoluer partout sur le terrain.

Pour ce qui est de Bruce III, il peut jouer comme receveur éloigné, receveur intérieur et même comme porteur de ballon.

Bref, il s’agit d’excellentes acquisitions pour les Alouettes.

*Propos recueillis par Mikaël Filion