BROSSARD – Nouveauté cette année au camp de perfectionnement du Canadien : Artturi Lehkonen, l’un des trois choix de deuxième ronde de l’équipe en 2013, est en santé.

Il y a deux ans, une fracture à un pouce avait empêché le petit Finlandais d’effectuer ses premières enjambées dans son nouvel uniforme. Exactement un an plus tard, il s’était retrouvé sur le carreau après avoir contracté une mononucléose.

« L’été dernier a été terrible, le pire de ma vie! », se remémore, dans un mélange d’exaspération et de soulagement, l’un des espoirs les plus sympathiques et les plus colorés de l’organisation du Tricolore. « Je n’ai rien pu faire pendant trois semaines, je ne pouvais même pas manger. J’ai perdu cinq kilos et croyez-moi, c’est énorme pour un corps comme le mien! »

Toujours souriant, Lehkonen pète le feu et profite de chaque seconde de sa première « vraie » expérience montréalaise. « Je veux montrer que je peux encore marquer des buts », a-t-il répondu du tac au tac lorsqu’on lui a demandé ce qu’il espérait laisser comme impression avant de retourner poursuivre sa carrière en Europe.

Quelques heures plus tard, il trouvait le fond du filet deux fois dans le premier de trois matchs simulés intégrés à l’horaire de la semaine. Pour l’occasion, l’entraîneur des Rouges l’avait jumelé à Michael McCarron et Jérémy Grégoire.

Les partisans du Canadien devraient observer attentivement Lehkonen pendant qu’ils le peuvent, parce que celui qui a été précédé de McCarron, Jacob De La Rose et Zachary Fucale dans la cuvée 2013 du CH ne donne pas l’impression qu’il a l’intention de précipiter son passage à l’ouest. Le jeune ailier gauche, qui a célébré son 20e anniversaire de naissance samedi dernier, débutera à l’automne la dernière année d’un contrat de deux ans qui le lie avec le club de Frolunda, en ligue élite suédoise. Pour la suite, rien n’est moins sûr.

Un peu mal à l’aise, Lehkonen a tenté de contourner poliment la question mardi avant d’admettre qu’un passage obligé avec le club-école ne l’entichait pas plus que ça.

« Je veux venir ici lorsque je saurai que je peux me battre pour un poste avec le grand club. Je ne pense pas que ça serait bon pour moi de venir en sachant que je vais jouer dans la Ligue américaine. Ce serait comme déclarer forfait avant même le début du camp d’entraînement. »

« On ne sait jamais, les jeunes sont tous différents. S’il peut faire une année complète en santé, ça va être un plus. Il va sûrement être plus fort physiquement et on verra où il est rendu à la fin de la saison », s’est contenté de répondre le directeur du développement des joueurs du Canadien, Martin Lapointe, lorsque questionné sur l’avenir de son projet finlandais.

À l’aise en Suède

Lehkonen ne veut pas rabaisser le calibre de jeu de la LAH. Seulement, il commence tout juste à trouver ses repères en Suède, où il a déménagé il y a un an après trois saisons passées dans le principal circuit professionnel de son pays.

« Le jeu en Suède est tellement plus rapide qu’en Finlande, compare-t-il. En Finlande, toutes les équipes jouent la trappe tandis qu’en Suède, tout le monde vole sur la glace. Tu n’as pas le choix de patiner, sinon tu te fais passer sur le corps. C’est un peu comme ici, avec comme seule différence que la surface de jeu est beaucoup plus grande. »

Meilleur marqueur du Kalpa de Kuopio à sa dernière saison en Finlande, Lehkonen n’a pas connu la saison escomptée à ses débuts au pays voisin. L’éprouvante saison morte qu’il a traversée s’est traduite par un départ difficile. Il a ensuite vécu une vive déception au Championnat du monde junior, où l’équipe dont il était le capitaine, championne en titre de l’événement, a été éliminée en quarts de finale.

« Mais en fin de saison, j’ai trouvé que j’ai très bien joué, balance-t-il. J’avais de bons compagnons de trio, on se complétait très bien et on a fait un bon bout de chemin en séries. J’ai retrouvé mon rythme et marqué des buts. »

Il en a marqué huit, pour être exact, dont deux tours du chapeau en 47 matchs. Ses 16 points lui ont conféré le dixième rang au classement des pointeurs de Frolunda.

Une journée avec la Coupe

Une participation au camp de perfectionnement du Canadien ne sera probablement pas le fait saillant de l’été d’Artturi Lehkonen.

L’espoir du Canadien compte parmi ses bons amis Teuvo Teravainen, qui vient tout juste de remporter la coupe Stanley avec les Blackhawks de Chicago. En prévision de la journée qu’il pourra passer en possession du précieux calice, Teravainen a loué une suite dans un hôtel de Helsinki et prévoit y inviter ses potes. Lehkonen sera assurément de la fête.

« Mais je ne toucherai pas à la Coupe!, s’écrie-t-il en riant. Je suis au courant que ça porte malheur et je n’y toucherai pas! »

Lehkonen et Teravainen sont comme les deux doigts de la main. Durant les récentes séries éliminatoires, les deux copains s’appelaient chaque fois que les Blackhawks profitaient d’une journée de congé.

« Je crois qu’il ne réalise pas encore tout ce qu’il a accompli, raconte Lehkonen, impressionné. Tout est allé tellement vite pour lui. D’abord le Championnat du monde junior, ensuite la coupe Stanley. Je vous dirais qu’il est un peu perdu présentement! »

Lehkonen, lui, a l’air de savoir où il s’en va. Reste à souhaiter que sa route le mènera un jour pour de bon à Montréal.