Quand une équipe ne gagne pas, l'esprit d'équipe ne peut pas être à son sommet et je trouve que chez le Canadien, on ne prend pas le taureau par les cornes pour remédier à la situation. Pourtant en début de saison, on clamait sur tous les toits que l'équipe de Michel Therrien refusait de se laisser abattre et de baisser les bras.

Un club ne peut pas espérer gagner qu'avec quelques vedettes qui jouent de façon individuelle. Il faut que tous les joueurs poussent dans une même direction. Pour ce faire, il faut que le Canadien joue mieux, en défensive pour commencer.

Je trouve également que certains joueurs s'apitoient sur leur sort et avec un dossier de 4-14 à leurs 18 derniers matchs, il faut que les leaders comme P.K. Subban, Max Pacioretty, Tomas Plekanec et Andrei Markov se lèvent.

Ça fait quelques fois qu'on voit Pacioretty jeter un oeil à Subban en semblant lui indiquer de cesser de faire des déclarations-chocs. J'ai été assez longtemps dans un vestiaire pour voir qu'il se passe quelque chose. Le capitaine a beau dire qu'il n'y a pas d'histoire, ça sonne faux et ça fait bizarre.

Je ne veux pas m'acharner sur Subban, mais je pense qu'il n'aurait pas dû faire sa déclaration samedi à l'effet que ce n'est pas à lui à marquer les buts. Quand on te donne neuf millions par année en moyenne, je ne pense pas que ce type de déclaration doit plaire. On aurait préféré entendre qu'il allait travailler plus fort. Ce n'est peut-être pas sa responsabilité de marquer 40 buts, mais il pourrait nous en donner au moins une quinzaine. P.K. n'en a que deux au compteur cette saison.

Il est évident qu'il y a une frustration chez les joueurs. Personne ne peut nier l'évidence. Je suis déjà passé par là plusieurs fois et c'est ce qui arrive quand un club ne gagne pas. C'est un cliché, je le sais, mais le seul remède est la victoire. Dans un contexte perdant, le grenouillage est presque normal. On entend alors des joueurs jeter le blâme sur les autres.

S'il ne marque pas de but, Subban devrait au moins exceller en défensive, mais il est parmi les défenseurs qui ont commis le plus de revirements dans la LNH cette saison. Ce n'est pas le P.K. que je connais. Quand je suis revenu à Montréal il y a cinq ans, j'ai découvert un athlète qui excellait et je n'en revenais pas combien il avait de l'adrénaline et comment son jeu était diversifié. Je pense qu'il est parmi ceux qui doivent lever leur jeu d'un cran.

Pour l'instant, la solution aux problèmes du Canadien doit provenir de l'interne. On peut exiger une transaction de Marc Bergevin, mais dans le fond, quelle transaction peut-il faire? D'un autre côté, il a les mains attachées. Ses homologues de la LNH le voient venir de loin. On le répète souvent, mais il manque un joueur de centre numéro un au sein de cette formation. Plekanec va donner environ 55 points à l'équipe et il n'en donnera pas plus. Il n'est pas un centre élite qui mérite de pivoter le premier trio. Mais il n'y en a pas d'autres. Dans une bonne équipe, il serait un troisième centre et sur le marché, je pense que sa valeur est moyenne.

On s'est un peu emballé avec le début de saison et les neuf victoires de suite. À mon avis, le Canadien n'est ni un club de tête ni un club de queue. Sa réelle valeur se situe un peu entre les deux. Le Canadien a une équipe pour faire les séries, mais après ça, je lui souhaite bonne chance. La perte de Carey Price est énorme, mais on ne peut pas blâmer Mike Condon pour ce qui arrive. Le Canadien ne marque pas de but et il faudrait aussi que les unités spéciales, spécialement l'avantage numérique, retrouvent leur lustre. Pour marquer des buts, il faut payer le prix et aller au filet, comme le fait Brendan Gallagher. Ce n'est pas simplement en lançant qu'on va marquer. C'est en lançant de l'enclave ou près du filet que les chances sont meilleures.

Encore cinq à sept matchs pour Therrien

Je ne vois pas la nécessité de changer d'entraîneur pour le moment. Quand un directeur général reste près de son entraîneur, c'est bon signe pour ce dernier. Quand il l'ignore pendant un certain temps, l'entraîneur peut se poser des questions. Ça ne donnerait pas grand-chose de relever Michel Therrien de ses fonctions. Je crois qu'on va donner de cinq à sept parties à Therrien pour redresser la barque. Si ça ne fonctionne pas, les réflecteurs seront alors braqués sur lui.

Le CH prend l'air!

Therrien doit trouver un moyen pour remédier à la situation. Je sais que le Canadien jouera deux fois contre Chicago et une fois contre St.Louis cette semaine, mais c'est la réalité du calendrier. À lui de relever le défi.

C'est un cliché, mais le Canadien doit y aller une période à la fois. Il faut que les gars se regardent dans le miroir et arrêtent de se demander ce que l'équipe peut faire pour eux, mais se demander plutôt ce qu'eux peuvent faire pour le club. Therrien disait après la partie contre Pittsburgh que son équipe avait rivalisé avec les Penguins, mais il a oublié de dire que son club ne s'est pas présenté en première période. Il faut que le club sorte fort pendant 60 minutes. C'est la seule façon de s'en sortir.

Les gars devraient jeter leurs complexes aux poubelles et se prendre en main. Ça commence par les joueurs.

*propos recueillis par Robert Latendresse