Plusieurs promesses ont été faites durant le long point de presse tenu par Geoff Molson et Marc Bergevin. Même si les deux principaux dirigeants du Canadien ont semblé remplis de bonnes intentions, j’imagine qu’il faut en prendre et en laisser, comme c’est habituellement le cas dans chacun des bilans de fin de saison de l’organisation.
 

On a parlé de transparence, mais il y eu certains éléments sur lesquels on n’a pas obtenu de réponses très claires. On a aussi parlé d’attitude. Si l’attitude des joueurs avait été meilleure, l’équipe n’aurait pas encaissé 40 défaites, selon le directeur général.

 

Ce qui m’a vraiment étonné, c’est qu’on soit souvent revenu sur l’attitude des joueurs sans jamais prononcer le nom de Claude Julien. Il me semble que l’attitude des employés au niveau de la patinoire, c’est avant tout la responsabilité de l’entraîneur. C’est lui qui sait vraiment ce qui se passe dans le vestiaire. C’est à lui d’identifier ceux qui n’ont pas le pas.


Était-ce un blâme voilé à l’endroit de Julien? Molson et Bergevin ont préféré parler de leurs propres responsabilités dans l’hécatombe dont nous avons été les malheureux témoins.


On a demandé à Bergevin s’il y avait dans cette chambre des joueurs pas très dédiés à l’équipe et qui perturbent le groupe par leur comportement. Curieusement, le président de l’équipe s’est empressé de répondre à sa place.


« C’est drôle, j’ai justement posé la question à Marc, il y a quelques heures, a-t-il dit. Moi je pense qu’il y en a. Et ceux qui ne sont pas prêts à changer ne seront pas là, l’an prochain ».


Ce qui n’a pas empêché les deux têtes dirigeantes de reconnaître leur part de blâme dans cette saison de misère. Si l’équipe a été aussi mauvaise du premier au dernier match, c’est parce que ces deux-là l’ont laissé s’enliser sans trop réagir. Ça explique probablement pourquoi ils ont décidé d’annoncer rapidement que plusieurs choses sont appelées à changer.


Au moins, ils se sont gardés une petite gêne en évitant d’invoquer le facteur blessures pour expliquer autant de déboires. C’était beaucoup plus que ça, à commencer par la période estivale désastreuse connue par Bergevin et par le camp d’entraînement désorganisé qui a mené à un début de saison horrible. Ça s’est poursuivi quand il a été incapable d’offrir aux joueurs le renfort qu’ils ont vainement attendu pour pouvoir remettre le train sur la voie ferrée. Bergevin a expliqué en long et en large qu’il aurait bien voulu dépenser les 8 millions de dollars disponibles sur sa masse salariale, mais qu’il a été incapable de trouver preneurs.

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Dans une tentative pour ramener une clientèle frustrée, fâchée et désabusée, Molson a confirmé qu’il n’y aura pas d’augmentation du prix des billets l’an prochain. Il n’a besoin de personne pour lui préciser si le public est en rogne contre le Canadien, c’est beaucoup parce qu’on se fait une spécialité de lui cacher des choses. On lui répète que l’équipe lui appartient, mais on ne lui donne jamais l’heure juste.


J’ai aimé que Molson s’implique fréquemment durant ce point de presse. Il a parfois interrompu son directeur général pour apporter des explications additionnelles. Comme s’il avait vraiment voulu faire la démonstration que les changements promis dans le but d’améliorer l’image de l’équipe, c’est du sérieux, cette fois.


Il l’a dit clairement : « On n’était pas assez bons. Être meilleurs n’est pas juste l’affaire des joueurs ».


Le reste du pain sur la planche est celui de Bergevin. Il joue gros. En fait, il joue sa peau car s’il devait être remercié dans un avenir plus ou moins rapproché, il n’est pas dit qu’il profiterait d’une seconde chance ailleurs. Un directeur général qui échoue dans un marché aussi visible et aussi réputé que Montréal crée habituellement un trou béant dans son c.v.. Après avoir quitté Montréal, son prédécesseur Pierre Gauthier a peut-être mérité deux bagues de la coupe Stanley dans son rôle de directeur du personnel des joueurs à Chicago, mais il serait étonnant qu’il puisse à nouveau diriger une équipe.

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Bergevin a donc une tonne de pression pour faire rapidement tourner les choses. Il n’a plus le droit de prétendre qu’il est difficile de réussir des transactions ou d’attirer des joueurs autonomes d’impact, comme il l’a répété encore une fois. Il y a des failles énormes à corriger dans son organigramme. Il doit son premier job de directeur général au fait que le Canadien a bouclé la saison 2012 au 27e rang. Elle occupe cette fois la 28e place. S’il ne sent pas le chauffé dans sa cuisine, c’est qu’il n’est pas conscient du danger.
 

« Le statu quo n’est pas acceptable, a claironné son président qui, sur un ton calme et posé, est parfaitement capable de refiler les messages les plus clairs. Dans les cas de Markov et Radulov, il a précisé que l’argent était disponible, mais qu’on a été incapable de leur faire accepter des contrats.


On aurait bien aimé que le propriétaire nous dise s’il avait apprécié la façon avec laquelle son directeur général avait négocié des ententes qui ont incité les deux joueurs vedettes à foutre le camp, mais il y a quand même des limites à la transparence qu’on nous a promise.


Un partisan m’a abordé sur un ton posé avant le post mortem du Canadien.


« J’ai juste une question », a-t-il dit.


Laquelle?


« Pourquoi nous dit-on que Marc Bergevin est le meilleur s’il n’a encore rien gagné? »


Sans doute parce qu’il a un plan, monsieur.