Le CH doit toujours conjuguer au futur
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MONTRÉAL - Le Canadien pourrait réaliser, lundi soir, au Centre Bell, ce qu'il n'a pas été en mesure de faire depuis trois ans : signer cinq gains consécutifs. Un « exploit » réussi entre les 17 et 26 février 2022.
Et comme les Sabres, le pire club de la division atlantique, le pire de l'Association Est que le Canadien a doublé 4-2, samedi, à Buffalo, un club en voie de profiter du dernier droit menant à la date limite des transactions pour vendre quelques joueurs, feront escale à Montréal, les chances de victoire du Tricolore sont un brin intéressantes.
Surtout si le Canadien joue mieux qu'il ne l'a fait samedi. Sans revenir trop en détail sur cette deuxième courte victoire consécutive – mais victoire quand même – il est important de souligner que les joueurs du Tricolore ont tenu leur bout sur le plan physique avec des Sabres qui bardassaient pas mal.
Plus encore, il est impératif de souligner la brillante – une fois de plus – performance de Lane Hutson. Les deux passes qu'il a récoltées n'arrivent pas à illustrer la qualité du match qu'il a disputé. Dans les deux sens de la patinoire en plus. Une performance digne d'un candidat au titre de recrue de l'année dans la LNH.
Une cinquième victoire de suite dans le cadre d'un balayage aux dépens des Sabres cette saison – trois victoires au fil desquelles le Canadien a marqué 17 buts et les Sabres 8 – garderait le Canadien au plus fort de la lutte visant à se hisser en séries éliminatoires.
Est-ce que cette récente séquence heureuse du Canadien pourrait inciter l'état-major à chercher du renfort pour mousser ses chances immédiates de gagner?
Peut-être!
Sans compter que la pression des amateurs prêts à conjuguer au présent s'intensifiera certainement si leurs favoris battent les Sabres lundi soir.
Mais peu importe que le Canadien gagne ou perde face aux Sabres lundi, peu importe qu'il soit plus près qu'il ne l'est déjà des séries, vendredi matin, au lendemain du duel l'opposant aux Oilers d'Edmonton, dans le cadre de la virée annuelle dans l'Ouest canadien avec ensuite une pointe à Seattle, le Canadien doit encore et toujours conjuguer au futur.
Le duo Kent Hughes-Jeff Gorton doit donc maintenir son plan et continuer à gérer en fonction des saisons à venir et non de celle qui achève. Même si elle se conclut par une autre exclusion des séries. Une quatrième consécutive. Ce qui n'est jamais arrivé depuis la naissance du Canadien en 1917-1918.
Mais attention! Conjuguer au futur ne veut pas dire que le duo Gorton-Hughes doit se fermer les yeux et se boucher les oreilles. Qu'il ne doit pas lire ou écouter les offres de transactions susceptibles d'être présentées.
Loin de là.
Surtout que le directeur général devra être très actif en multipliant appels et messages textes s'il veut maximiser la valeur de ses potentiels joueurs autonomes sans compensations – Jake Evans, Joel Armia, Christian Dvorak et David Savard – à défaut de s'entendre avec l'un ou l'autre sur les paramètres d'un prochain contrat avant le 7 mars... ou le 1er juillet.
Conjuguer au futur veut d'abord et avant tout dire de ne pas gaspiller des munitions pour sauver la face en démontrant aux amateurs que l'état-major a fait quelque chose pour éviter une exclusion historique.
Remplacer Dach
Je n'ai pas en main la liste des objectifs que l'état-major du Canadien veut atteindre d'ici vendredi.
Et même avec cette liste en main, il serait bien difficile, voire impossible, d'assurer qu'il les atteindra. Car c'est bien beau avoir des objectifs, mais encore faut-il avoir le partenaire pour y arriver.
Mais en respectant le principe selon lequel le Canadien doit toujours conjuguer au futur, il me semble acquis que la priorité de l'état-major doit être de remplacer Kirby Dach.
Et pas simplement de le remplacer à court terme parce qu'il est à nouveau blessé et que sa saison est compromise. Mais bien de le remplacer à long terme. De trouver le joueur qui sera en mesure d'épauler Nick Suzuki en donnant au Tricolore un deuxième centre digne de ce titre et capable de remplir ce mandat.
Ce que Dach n'a pas été en mesure de faire depuis son acquisition. Le coup valait la peine d'être tenté. J'en demeure convaincu. Les projections associées à Dach étaient fort intéressantes. Le temps a démontré qu'elles étaient démesurées.
Pas seulement en raison des blessures. Mais aussi, mais surtout, en raison du fait que Dach, hormis quelques flashs intéressants – je fais référence ici aux performances en matchs préparatoires avec Juraj Slafkosky il y a deux ans – a donné raison à ceux et celles qui doutaient de ses capacités à occuper un rôle de centre de deuxième trio.
Peut-être qu'il pourrait y camper un jour un rôle à titre d'ailier? Avec Ivan Demidov de l'autre côté?
C'est possible.
Mais au centre? Les réponses obtenues depuis le début de la saison ont démontré que le Canadien doit regarder ailleurs.
Sans rien vouloir enlever à Alex Newhook, il ne représente pas une solution suffisante. Owen Beck? Dans un monde idéal, il succédera à Jake Evans. Ses aptitudes offensives devraient lui permettre d'être plus productif qu'Evans. Donc de remplacer Dvorak au sein d'un troisième trio et de reléguer Dvorak au quatrième… s'il joue encore à Montréal l'an prochain.
Mais comme Evans, Savard et Armia, Dvorak est susceptible de mettre le cap vers une nouvelle destination d'ici vendredi 15 h.
Cozens et Schenn : en haut de ma liste
Brock Nelson est dans la mire de plusieurs équipes en quête d'un solide joueur de centre capable de renforcer, à court terme, leur ligne de centre afin de maximiser leurs chances d'accéder aux séries. Et d'étirer la saison le plus tard possible une fois en séries.
Aussi bon soit Nelson, et il l'est vraiment, il n'est pas le bon candidat pour le Canadien à mes yeux.
Si j'étais à la place de Kent Hughes et Jeff Gorton, je serais très agressif dans ma quête de trouver un solide centre qui sera avec l'organisation pour longtemps. Et non un joueur de location.
Mes deux principaux candidats seraient Dylan Cozens et Brayden Schenn.
Comme plusieurs de ses coéquipiers, Dylan Cozens sous-performe cette saison à Buffalo. Ses 11 buts et 30 points récoltés en 58 matchs font très mal paraître le directeur général Kevyn Adams qui lui a rapidement consenti un contrat de sept ans d'une valeur de 49,7 millions $.
Et c'est parfait ainsi!
Une fois au sein d'une meilleure équipe et surtout d'une meilleure organisation, une fois mieux entouré et mieux encadré, Cozens pourrait rapidement offrir au Tricolore des performances à la hauteur des 7,1 millions $ qu'il occupera sur la masse salariale jusqu'à la fin de la saison 2029-2030.
Ce salaire le placerait tout juste derrière les Suzuki, Caufield et Slafkovsky. Ce qui resterait la structure salariale du Tricolore une fois Patrik Laine parti de Montréal. Ou encore avec le Tricolore, mais avec un salaire bien inférieur à celui (8,7 millions $) qu'il touche cette année et touchera encore l'an prochain.
Cozens n'a que 24 ans. Il a été sélectionné très tôt en première ronde (7e rang) en 2019. Malgré des jugements plus sévères obtenus de collègues de Buffalo, je demeure convaincu que ses 31 buts et 68 points récoltés il y a deux ans, sont plus à l'image de ce qu'il peut apporter que ses performances le laissent croire cette année.
Cette acquisition coûterait cher au Canadien?
C'est évident! Il faudrait offrir aux Sabres un «combo» d'espoir de premier plan, de jeune défenseur déjà établi, de hauts choix au repêchage.
Mais c'est le genre de transaction qui permettrait de vraiment conjuguer au futur et de le rendre plus attrayant qu'il ne l'est actuellement.
Du moins je le crois.
Bon!
Vous n'aimez pas assez Cozens pour hériter de son gros contrat et surtout d'être trop généreux en matière de prix à payer aux Sabres pour l'obtenir? Vous voulez aussi garder une place disponible pour Michael Hage que le Canadien a sélectionné en première ronde (21e) l'été dernier à Las Vegas?
Pourquoi ne pas alors se tourner vers Brayden Schenn.
Oui, il a 33 ans. Oui, il a franchi le plateau des 1000 matchs dans la LNH. Oui, son salaire amputerait la masse du Canadien de 6,5 millions $ pour les deux prochaines saisons. Et oui, les Blues ne le donneront pas.
Surtout que Doug Armstrong pourrait profiter d'une surenchère si quelques équipes jouent du coude dans les coins d'ici vendredi.
Mais c'est le prix à payer pour obtenir un gars de son expérience. Un gars qui aurait beaucoup à apporter au Canadien en matière de performance sur la patinoire et de leadership.
À 34 ans, Ryan O'Reilly peut offrir le même genre d'appui à un jeune club comme le Canadien que Brayden Schenn. En prime, il commande un salaire inférieur (4,5 millions $) et son contrat viendra à échéance à la fin de la prochaine saison.
Michael Hage qui a fait le saut dans les rangs universitaires américains cette année – 13 buts, 33 points en 31 matchs avec les Wolverines de l'Université du Michigan – sera-t-il déjà prêt dans deux ans?
Ça reste à démontrer.
Et c'est pourquoi, pour éviter de se retrouver avec un vide difficile à combler pendant trop longtemps au centre du deuxième trio, je miserais sur Dylan Cozens.
Mais ce n'est pas moi qui mène. Une maudite chance diront plusieurs…
Ça met cependant la table à une semaine qui sera plus importante pour l'avenir du Canadien dans la salle de contrôle de l'état-major que sur la patinoire.