MONTRÉAL – Thomas Bordeleau est biaisé, mettons ça au clair tout de suite. Cole Caufield et lui ont le même agent, ils se sont côtoyés au sein du programme de développement américain il y a deux ans et demeurent aujourd’hui de bons amis. Tellement que la présence de Caufield à l’Université du Wisconsin a presque convaincu Bordeleau de s’y engager avant qu’il ne finisse par accepter l’offre des Wolverines du Michigan.

C’est donc sans surprise que l’attaquant québécois prononce le nom du plus bel espoir du Canadien quand on lui demande de nommer son favori dans la course au trophée Hobey Baker, remis annuellement au meilleur joueur universitaire aux États-Unis.

Mais il y a dans les explications de Bordeleau des arguments qui vont bien au-delà du favoritisme.

« C’est dur de ne pas dire Cole, il a tellement eu une bonne saison, répond celui qui a été élu recrue par excellence de la section Big 10. Il n’a peut-être pas eu la production qu’il aurait voulu au Mondial junior, mais il a gagné l’or. [En saison], il a été le meneur pour les buts, il a fait beaucoup de points. Et ce n’était pas juste des buts dans des matchs de 8-0. Il a marqué des buts importants, souvent en prolongation ou pour créer l’égalité. C’est dur de ne pas dire Cole. »

Le nom de Caufield s’est retrouvé mardi sur la liste des dix finalistes pour l’obtention de la récompense qui a notamment déjà été remportée par Cale Makar, Jack Eichel et Johnny Gaudreau. Le petit tireur d’élite a marqué 28 buts en 30 matchs et a terminé la saison au premier rang du classement des marqueurs de la NCAA avec 49 points.

De tels chiffres, bien qu’impressionnants, étaient attendus d’un attaquant qui a toujours marqué des buts comme d’autres respirent. Mais les discussions au sujet de Caufield ont pris un autre ton au cours de la dernière année. Les éloges sur sa soudaine polyvalence, timides au départ, se sont vites propagées. Ceux qui ont fait leurs devoirs savent maintenant qu’elles n’ont rien d’une légende urbaine.

Pour ceux qui doutent encore, Bordeleau ajoute sa voix à la conversation.

« Ce que tu vois le plus de Cole Caufield, ce que tu remarques le plus qui a changé, c’est son jeu sans la rondelle. Dans ma tête, c’est ça qui lui a fait prendre une coche. On a joué contre lui quatre fois cette année et je pense qu’il a eu un point en quatre matchs (N.D.L.R. deux points]. Mais il a eu un impact dans la game avec ses replis défensifs et son sens des responsabilités sans la rondelle. Évidemment, Montréal c’est un gros marché, on veut voir des points, des points. Mais je pense que c’est vraiment important de réaliser à quel point son jeu a gagné en maturité. »

« Personnellement, si je compare à quand il jouait avec Jack Hughes [dans le programme de développement américain] ou à sa première année à Wisconsin où c’était juste score, score, score, il est passé à une autre étape sans la rondelle, insiste Bordeleau. Il travaille plus, il est dévoué à aider l’équipe même quand il n’a pas la rondelle. Même quand il ne marque pas, il va avoir un impact sur le jeu. »

Cole Caufield fait saliver les partisans du CH dans la NCAA

C’est un secret de polichinelle que Caufield ne jouera pas une troisième saison dans les rangs universitaires. Dès que la saison des Badgers de Wisconsin aura connu sa conclusion, le 15e choix du repêchage de 2019 fera le saut chez les professionnels. La seule question qui demeure est de savoir s’il ira faire ses dents dans la Ligue américaine ou s’il graduera directement avec le grand club.

« J’ai tout le temps cru que sky’s the limit, pour moi, pour lui, suggère prudemment Bordeleau. Je suis sûr que s’il décide de jouer comme il est capable et qu’il fait ce qu’il peut faire, sans doute qu’il peut avoir un impact, peu importe où il va. Ça va être à lui de décider. C’est lui qui décide comment ça va se dérouler. Tu peux penser que c’est le coach qui décide si tu joues ou non, mais si tu joues bien et que tu aides l’équipe à gagner, le coach n’aura pas le choix de te faire jouer ».