Mike Modano avait l’air de tout sauf d’un solide joueur de hockey lorsque les North Stars du Minnesota l’ont sélectionné au tout premier rang du repêchage en 1988. Après une carrière de 22 saisons dans la LNH, trois ans après sa retraite, Mike Modano ressemble toujours bien plus à une vedette d’Hollywood qu’à un futur intronisé au Temple de la renommée du hockey.

Mais parce que Modano était bien plus que la simple star des North Stars du Minnesota d’abord et des Stars de Dallas ensuite, parce que derrière son visage de jeune premier et son corps frêle qui aurait dû justifier l’intervention de doubles chaque fois qu’il sautait sur la patinoire, Modano était tout un joueur de hockey.

Un vrai de vrai joueur de hockey qui a marqué 561 buts et récolté 1374 points en carrière dans les LNH. Deux records pour un hockeyeur américain auxquels il est important d’ajouter celui du plus grand nombre de points récoltés en séries éliminatoires : 145. Sans oublier ses 1499 parties disputées dans la LNH. Un autre record pour les joueurs nés au sud du Canada.

Un vrai de vrai joueur de hockey qui a connu trois saisons consécutives de 100 points dans la LNH, qui a soulevé la coupe Stanley en 1999, à Dallas, qui a remporté la médaille d’or à la première Coupe du monde en 1996 et qui a défendu trois fois les couleurs des États-Unis aux Jeux olympiques, dont à Salt Lake City en 2002 où les Américains ont dû se contenter de la médaille d’argent après un revers aux mains du Canada.

L’image de vedette de Modano lui a joué des tours lors de son entrée dans la LNH. Ironiquement, c’est l’arbitre Bill McCreary, qui sera intronisé avec lui lundi soir, qui lui a servi une mise en garde qui lui a ensuite toujours servi. « J’étais un bébé gâté qui arrivait dans la LNH avec tous les honneurs d’un premier choix au repêchage. Dès les premiers matchs, je me faisais accrocher, retenir et je criais aux arbitres de sévir. Bill m’a abordé lors d’un match pour me dire : "travaille et peut-être qu’on t’accordera alors le bénéfice du doute". Je n’ai jamais oublié ce conseil que j’ai tenté d’appliquer au fil de ma carrière.»

Étoile filante

S’il avait des allures de star à l’extérieur de la patinoire, Mike Modano se transformait en étoile filante dès qu’il chaussait les patins.

« Les joueurs sont plus rapides aujourd’hui. Mais à l’époque, Mike était tellement rapide qu’il était le seul qui arrivait à faire battre son chandail au vent à un point qu’il faisait du bruit. Il était rapide sans bon sens. Mais sa vitesse cachait des aptitudes réservées à quelques rares chanceux », a indiqué Rob Blake.

Après avoir remercié Blake pour son commentaire élogieux, Mike Modano a admis que le fait qu’il ne pouvait endurer un chandail trop serré sur les bras, l’avait poussé à endosser un chandail une pointure trop grande. « J’étais rapide, c’est vrai, mais le fait de jouer avec un chandail trop grand devait aussi m’aider à le faire claquer comme un drapeau », a confessé Modano en riant.

Le visage d’ange de Mike Modano et sa stature loin de commander le respect, encore moins d’intimider l’adversaire, ont contribué à ses succès, car ses adversaires le prenaient parfois à la légère. Une erreur que Dominik Hasek s’est assuré de ne pas commettre trop souvent.

« La vitesse est une grande qualité. Surtout dans le hockey d’aujourd’hui. Être rapide, c’est bien, mais être rapide et capable de décocher des tirs des poignets alors qu’on est en pleine vitesse, c’est mortel pour les gardiens. Et c’était à mes yeux la plus belle combinaison de qualités affichée par Mike. Il filait à toute vitesse et pouvait de surprendre en décochant un tir vif sans le moindre avertissement. J’ai croisé Mike surtout dans la deuxième portion de ma carrière lorsque je suis passé de Buffalo à Detroit, mais chaque fois qu’il était sur la patinoire, il était le meilleur des six attaquants sur la glace», a indiqué le Dominator.

Sous les ordres de Pat Burns

Avant de faire une entrée remarquée dans la LNH, Mike Modano s’est exilé du Michigan où il est né pour se rendre à Prince Albert dans les prairies canadiennes pour y jouer avec les Raiders dans la Ligue junior de l’Ouest. Lors de ses rencontres avec Line Gignac, l’épouse de Pat Burns qui acceptera l’honneur réservé à son mari lundi soir, Modano a raconté qu’il était passé à un cheveu de jouer sous les ordres de Burns dans les rangs junior.

« J’étais courtisé par les Olympiques de Hull. Nous avions eu plusieurs discussions et j’étais convaincu que c’est là que je poursuivrais ma carrière. Mais à la dernière minute, les Olympiques ont changé d’idée et ils se sont tournés vers un autre joueur. J’aurais bien aimé jouer pour lui, surtout quand je regarde tout ce qu’il a accompli au cours de sa carrière, mais j’ai connu de très bons moments à P.A. et j’y ai beaucoup appris », expliquait Modano samedi après-midi.

Pour les férus d’histoire, les Olympiques avaient tourné le dos à Mike Modano pour faire une place à un autre Américain du nom de Joe Suk. Si le nom ne vous dit pas grand-chose, ne soyez pas inquiet. Bien qu’il ait connu de bons moments avec les Olympiques, Suk n’a jamais atteint les rangs professionnels. Comme quoi même les plus grandes organisations juniors peuvent parfois commettre des erreurs…

« Made in USA »

S’il s’est expatrié au Canada afin de profiter de la Ligue canadienne de hockey (LCH) comme tremplin vers la LNH, Mike Modano est très fier de voir que les jeunes Américains n’ont plus à s’exiler au nord de la frontière pour parfaire leurs aptitudes au hockey. Le programme américain s’est tellement amélioré, il a pris tellement d’ampleur que les équipes de la LNH viennent y piger des joueurs de premier plan aujourd’hui.

« J’ai connu une carrière formidable. Je me considère chanceux, privilégié d’avoir pu connaître les succès que j’ai connus en m’amusant comme je l’ai fait. Mais de voir un gars comme Seth Jones et tous les autres jeunes qui ne viennent plus maintenant de la Nouvelle-Angleterre ou du Minnesota faire leur entrée dans la LNH me rend très fier des progrès effectués au fil des 20 dernières années aux États-Unis. Le hockey restera toujours le quatrième des sports majeurs. C’est évident. Mais le hockey est solidement implanté en Californie, au Texas, en Floride, dans des endroits où on n’aurait jamais cru que le hockey survivrait. Et il ne fait pas que survivre. Il produit des joueurs et de très bons qui sont ou seront dans la LNH. C’est vraiment une source de fierté pour un gars comme moi de voir que la relève est là et qu’elle est solide. »

La conclusion revient à Peter Forsberg. S’il a eu des commentaires aigres-doux (à la blague) à l’endroit des intronisés qui l’entouraient samedi après-midi lors de la rencontre avec les amateurs au Temple de la renommée, le Suédois est demeuré coi lorsqu’il a été appelé à commenter la carrière de Mike Modano. « J’ai beau fouiller, je ne suis pas capable de trouver une seule chose négative à dire sur Mike. J’aimerais bien, mais c’est impossible. Mike était un joueur formidable. Vraiment! »

Malgré son visage angélique et le fait qu’il était un pacifiste sur la patinoire, Mike Modano n’a jamais mis la main sur le trophée Lady-Byng remis annuellement au joueur le plus gentilhomme. Il faut dire que tous les honneurs individuels, dont le titre de recrue de l’année, ont fait faux bond à Modano qui s’est toutefois bien repris avec la coupe Stanley.