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RÉSULTATS

Kristin O'Neill : pas de but, pas de problème

Kristin O'Neill et Brianne Jenner Kristin O'Neill et Brianne Jenner. - Getty
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MONTRÉAL – Les statistiques de Kristin O'Neill suggèrent qu'elle connaît une première saison difficile dans la Ligue professionnelle de hockey féminin. Son entraîneuse-chef, Kori Cheverie, rejette avec vigueur cette trame narrative.

O'Neill a été le deuxième choix de la formation montréalaise, le septième au total, au repêchage inaugural de la LPHF. Elle a signé l'un des six contrats de trois ans que pouvait distribuer la directrice générale Danièle Sauvageau. Elle est bien établie au sein de l'équipe nationale canadienne. Elle y remplit surtout des missions défensives, c'est vrai, mais on pourrait s'attendre à ce que les aptitudes qui lui valent d'y être convoquée se traduisent par une plus importante production offensive quand elle revient en club.

Ce n'est pas le cas. En 13 matchs cette saison, l'Ontarienne de 25 ans a seulement grappillé trois mentions d'aide. Elle est l'une des trois attaquantes de l'équipe montréalaise qui n'ont toujours pas marqué cette saison. L'une d'elles, Alexandra Poznikoff, a joué son premier match en fin de semaine dernière.

O'Neill a terminé au cinquième rang du classement des meilleures pointeuses de la PWHPA, à égalité avec sa coéquipière Laura Stacey, l'an dernier. Elle a aussi produit à un rythme supérieur à un point par match dans trois de ses quatre saisons à l'Université Cornell. Le potentiel est là. La volonté aussi. « En termes de points, ça ne correspond pas vraiment aux attentes que j'ai envers moi-même », a-t-elle confessé après un entraînement la semaine dernière.

Mais la contribution d'O'Neill aux succès d'une équipe s'étend sur tellement de tableaux qu'il serait inapproprié de réduire sa contribution à quelques colonnes de chiffres. L'étendue de ses habiletés avait été décrite en détails dans ces pages en novembre. Dans un extrait d'entrevue qui n'avait pas été publié, son entraîneur à Cornell, Doug Derraugh, disait s'attendre à ce que le rendement offensif d'O'Neill dans la LPHF ressemble davantage à celui qui la caractérise en équipe nationale qu'à celui qu'elle a laissé dans les archives à Cornell.

C'est sur un même air que son entraîneuse actuelle se porte aujourd'hui à sa défense.

« Sa valeur est inestimable pour nous, insiste Cheverie. Toutes les équipes dans cette ligue aimeraient pouvoir compter sur une Kristin O'Neill. On n'a pas besoin qu'elle empile les points. Ses chiffres, ce sont les minutes qu'elles nous donne, son succès aux cercles des mises en jeu, son brio en désavantage numérique et sa capacité à rendre les équipes adverses complètement folles. »

« Est-ce qu'elle souhaiterait produire un peu plus offensivement? Pas de doute, toutes les joueuses aimeraient ça. Mais on est vraiment heureux avec ce qu'elle nous donne. »

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Le lendemain de cette déclaration, Montréal accueillait Boston à l'Auditorium de Verdun. Les manchettes ont toutes souligné, avec raison, le retour au jeu triomphal de Mélodie Daoust. La solide performance d'Elaine Chuli a aussi retenu l'attention, tout comme les deux passes décisives de Marie-Philip Poulin.

Sur un deuxième trio complété par Tereza Vanišová et une combinaison de Catherine Dubois et Maureen Murphy, O'Neill a livré une performance qui concordait en tous points avec la description qu'en avait fait Cheverie la veille. Sa vitesse entre les deux lignes bleues était saisissante et son acharnement près de la gardienne adverse aliénante au possible. Elle a remporté 58% de ses mises en jeu, a aidé Montréal à purger la seule punition qui lui a été décernée et a contribué à faire perdre les pédales aux visiteuses, qui ont écopé de trois pénalités mineures en troisième période.

« J'adore la façon dont joue KO, a renchérit Cheverie après la rencontre. Elle joue de façon très rugueuse. Parfois, on se demande si elle va sortir d'un duel en vie! Mais elle n'a peur de rien. »

S'il y a un ajustement qu'O'Neill pourrait apporter à son jeu afin de maximiser son efficacité, il est peut-être là, dans son implication physique.

Depuis le lancement de la LPHF, la robustesse est l'un des traits les plus souvent soulignés au sujet de la nouvelle ligue. Aucun secteur de la patinoire n'est accessible sans la volonté d'assumer une certaine part de risque. Une touche un peu nonchalante en zone centrale? Une mince ouverture entre une défenseuse et la bande? Une rondelle libre dans un coin? À vos risques et périls.

O'Neill a beau n'avoir pas froid aux yeux, elle flotte dans son chandail. À 5 pieds 4 pouces, on a souvent eu l'impression qu'elle peinait à se faire justice dans ce climat de permissivité arbitrale.

« Honnêtement, je suis habituée au jeu physique avec l'équipe nationale et je ne pense pas que ça m'affecte vraiment, réfute-t-elle avant de mettre un peu d'eau dans son vin. Je crois que je suis encore en apprentissage, j'essaie d'éviter d'encaisser trop de dommage le long des rampes. C'est un ajustement, mais c'est un détail qui pourrait m'aider à conserver mon énergie en cours de match. »

Cheverie est d'accord sur ce point.

« C'est vrai qu'il lui arrive de s'engager dans ses situations où elle ne devrait peut-être pas se trouver. Elle est tellement rapide, elle sait bien utiliser son bâton, elle n'aurait pas besoin d'aller au corps-à-corps. Mais c'est son style, elle recherche toujours le contact! Je ne veux pas dire qu'on essaie de la changer, mais plutôt de l'aider à s'adapter. C'est une petite nuance qui pourrait faire une belle différence. »