Mondial Junior : la discrète progression de Petteri Nurmi

EDMONTON – Sans regarder, nommez les cinq espoirs du Canadien qui sont présents au Championnat du monde de hockey junior.

Joshua Roy et Riley Kidney? Facile. Jan Mysak? Vous n'avez pas de mérite, on vient de vous en parler. Oliver Kapanen? Vous êtes fort!

L'autre? Moins évident, hein?

Petteri Nurmi serait le dernier à vous blâmer pour avoir omis de remarquer sa présence à Edmonton. Lui-même, il n'y a pas si longtemps, n'aurait jamais cru se retrouver dans un tel décor.

Le sympathique Finlandais se classe lui-même humblement dans cette catégorie de joueurs qui se sont développés sur le tard. Il y a deux ans, il était, de son propre aveu, en retard sur les meilleurs joueurs de son âge. Être repêché dans la Ligue nationale? De la pure fantaisie. À 17 ans, Nurmi considérait même la Liiga, la meilleure ligue professionnelle de son pays, comme un rêve inaccessible.

L'automne dernier, après une saison passée dans l'équipe réserve du club HPK, le jeune défenseur s'est présenté au camp d'entraînement de la première équipe. « J'essayais seulement de mériter un poste au sein de l'équipe », se remémore-t-il.

Même Antti Pennanen, son entraîneur actuel avec l'équipe nationale junior, admet qu'il en connaissait peu à ce moment sur Nurmi. Pourtant, il a dirigé le HPK pendant quatre saisons et habite toujours à Hämeenlinna, la ville où le club est établi.

« Mais plus je l'observais, plus j'ai appris à apprécié ce qu'il avait à offrir, professe-t-il. Il joue un jeu propre, il ne fait jamais de grosses erreurs. »

Nurmi a finalement gagné sa place dans l'effectif principal du HPK. L'équipe a connu un début de saison difficile qui a coûté son poste à l'entraîneur Matti Tiilikainen. Lorsque son successeur est arrivé en poste, Nurmi est allé jouer deux matchs en Mestis, la ligue de deuxième division. C'est lorsqu'il est remonté au HPK que sa saison a vraiment pris son envol.  

« J'ai trouvé un peu de confiance, j'ai commencé à avoir plus de temps de jeu et avec ça j'ai gagné encore davantage en confiance. Ça a fait boule de neige comme ça pendant toute la saison. Au final, ça a donné un résultat au-dessus de mes attentes. J'ai réalisé que j'avais ce qu'il fallait pour jouer à ce niveau. La dernière année a vraiment été un 10 sur 10 pour moi. »

Sur la première paire

En plus de percer chez les pros, Nurmi a pour la première fois attiré l'attention de l'équipe nationale. En novembre, il a participé à un premier tournoi qui devait servir d'outil de mesure aux dirigeants du groupe U20 pour bâtir l'équipe qui continuerait au Mondial junior en décembre. Il y est allé avec comme seul objectif de faire du mieux qu'il pouvait. Il en est ressorti avec une invitation pour l'emblématique compétition du temps des Fêtes.

« Il a connu son éclosion sur le tard, confirme Antti Pennanen. Il a attendu longtemps pour être ici, mais son état d'esprit et son attitude positive lui ont permis d'atteindre ce niveau. Il l'a fait de la bonne façon. C'est un jeune homme discipliné, assidu à l'entraînement. Tellement que je dirais qu'il a parfois tendance à trop en faire! »

« Il n'y a pas de formule magique, estime Nurmi. Je me suis rendu ici en travaillant fort et en n'abandonnant pas. »

Effacé à l'extérieur de la patinoire, Nurmi joue un rôle de premier plan avec la jeune sélection finlandaise. Pennanen l'a placé sur sa première paire de défenseurs à la gauche de Topi Niemela, un espoir des Maple Leafs de Toronto qui a été élu le joueur par excellence à sa position au Mondial junior 2021. Les deux partenaires ont été les joueurs les plus utilisés dans le match contre la Lettonie mardi.

« Topi est bon avec la rondelle et Petteri ne la demande pas très souvent, alors ils vont bien ensemble, rigole Pennanen. Mais plus sérieusement, Petteri est capable de bien supporter Topi en zone défensive. C'est la raison principale. C'est une bonne combinaison. »

« Je joue un jeu simple, je joue pour l'équipe, résume Nurmi. Je suis là pour aider Topi. Il est évidemment beaucoup plus talentueux que moi! »

Objectif Amérique du Nord

Au fil de la dernière saison, Nurmi s'est bien douté que ses bonnes performances avaient commencé à placer son nom dans quelques discussions à l'extérieur des frontières de l'Europe. Le Canadien s'est très tôt montré intéressé. Il a eu quelques conversations avec leur recruteur finlandais de l'équipe, Hannu Laine, et a aussi été invité à un camp d'évaluation avec quelques autres joueurs européens à Stockholm, en Suède.

« J'ai fait de mon mieux et il faut croire que ça a été suffisant puisque j'ai été repêché! », dit-il avec un sourire timide.

Il a participé au camp de développement du Canadien en juillet. L'expérience lui a permis de mesurer la distance qui le séparait des espoirs qui ont un futur mieux défini que le sien de ce côté de l'Atlantique.

Son prochain objectif est d'un jour traverser pour une saison complète et, qui sait, parvenir à faire carrière dans une partie du monde à laquelle il ne pouvait accéder qu'en rêve il y a quelques années.

« Je crois en mes chances de jouer un jour en Amérique du Nord. Je dois juste continuer dans la voie que j'ai commencé à tracer. Je crois que je n'ai pas fini de m'améliorer. Je vais continuer à travailler fort et on verra où ça me mènera. »