MONTRÉAL – Pour Mavrik Bourque et Louis Robitaille, la pilule de l’annulation du Mondial junior est encore difficile à avaler et seul le temps pourra guérir la marque laissée par cette mauvaise nouvelle.

« Je ne m’en suis pas encore remis et je pense que ça va prendre encore beaucoup de temps. Aujourd’hui, on est le 31 décembre et on aurait joué contre la Finlande », a confié Bourque dans une entrevue accordée à notre collègue Antonin Besner, alors qu’il tente encore aujourd’hui de mettre des mots sur les derniers jours.

L’annonce est tombée comme un véritable coup de massue pour Équipe Canada junior, qui avait signé deux victoires en lever de rideau du tournoi.

« Je faisais ma sieste pour le match contre l’Allemagne et mon coéquipier m’a réveillé pour me dire qu’on avait une rencontre à 13h. Ils nous ont tous enlevé nos téléphones, dans une salle. On savait un peu à quoi s’attendre. Il n’y a pas beaucoup son qui sortait de la salle », explique Bourque.

Âgé de 19 ans, l’attaquant des Cataractes en était à sa dernière chance de défendre les couleurs de l’Unifolié.

« Dès que tu fais partie de l’équipe, c’est quelque chose de spécial. De se le faire enlever, c’est comme un rêve qu’on réalise, mais qu’on ne vit pas à fond. C’est un peu ça que je ressens présentement. »

Même son de cloche pour l’entraîneur adjoint Louis Robitaille, qui admet avoir eu du mal à observer les réactions des joueurs lorsque la nouvelle est tombée.

« Quand tu vois les jeunes pleurer, être dévastés, tu ne peux pas le croire. De voir leur rêve anéanti, c’est extrêmement difficile. La pandémie touche les jeunes dans le quotidien, mais la santé mentale aussi. Ces athlètes-là ont travaillé tellement fort toute leur vie pour arriver ici et ils ne peuvent pas y toucher. C’est ça qui vient me chercher », admet difficilement Robitaille.

« J’ai juste hâte que tout ça se finisse »

L’annulation du Mondial junior représente tristement la carrière de Bourque et de centaines d’autres jeunes joueurs de hockey au niveau junior, qui ont eu à s’adapter à des conditions pour le moins particulières.

« On dirait que c’est une roue qui tourne et qui ne finit pas. Quand on arrive junior, on se fait dire que ce sera quatre belles années. Après mes années de 17 et 18 ans, et maintenant celle de 19 ans, ça met un peu un point d’exclamation sur ma carrière junior, je n’ai plus vraiment d’attente. On dirait que j’ai juste hâte que tout ça finisse. »

S’il est difficile de voir la lumière au bout du tunnel, le message de Robitaille pour les jeunes demeure le même.

« Le message pour les jeunes, c’est de garder la tête haute. Contrôlons ce qu’on peut contrôler. Il y a plusieurs bonnes choses à retenir, explique Robitaille. Mais c’est dur de trouver du positif quand tu te fais enlever ton rêve », acquiesce-t-il.

Et si le tournoi était repris ?

Dès l’annulation du Mondial junior, l’IIHF s’engageait déjà à faire ce qu’elle pouvait pour trouver une solution et reprendre le tournoi à une date ultérieure dans des conditions sécuritaires.

« Je te garantis qu’on serait prêts. Le groupe d’entraîneurs, on se l’est dit, on se revoit au mois de juin et on s’en va finir ce qu’on a commencé. Habituellement, ces évènements-là, les dirigeants se gardent une gêne, ils ne veulent pas faire de faux espoirs. Voir le président de l’IIHF dire qu’ils veulent trouver une solution pour terminer le tournoi, ça me rend confiant. Ça nous a mis un sourire. On va laisser le temps dicter les choses. »

Bourque, lui, se montre un peu moins confiant et refuse de se faire des attentes.

« C’est sûr que si tu m’appelles au mois de mai pour me dire que je peux reprendre le tournoi je serais content. En ce moment, je n’attends pas après ça. »