BOKWANG, Corée, République de - Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Eliot Grondin n'est pas un jeune homme stressé dans la vie.

Grondin, qui est âgé d'à peine 16 ans, a appris il y a seulement deux semaines qu'il allait participer à l'épreuve de snowboard cross masculin aux Jeux olympiques de PyeongChang, après qu'une place se soit libérée in extremis pour le Canada en surf des neiges.

ce moment-là, il se trouvait en Europe pour participer à des épreuves de la Coupe du monde.

« J'étais entre deux vols à l'aéroport d'Istanbul, en Turquie, lorsque j'ai reçu l'appel du Comité olympique canadien afin de participer aux Jeux, a-t-il évoqué. Je n'ai donc pas eu le temps de revenir au Québec depuis la mi-janvier. »

Ne faisant ni une, ni deux, Grondin s'est alors engagé dans une course contre la montre. Afin d'être prêt à prendre part à l'épreuve olympique, il a notamment fait appel au père de son coéquipier Baptiste Brochu.

« Ce n'était pas dans mes plans de venir ici cette année, a-t-il reconnu. Et je savais que j'avais des planches à la maison qui convenaient mieux aux conditions ici. C'est donc son père (Alain Brochu) qui me les a apportées, il y a quelques jours seulement. Les techniciens les ont bien cirées, donc ç'a bien été. »

L'athlète originaire de Sainte-Marie a éventuellement été éliminé en huitièmes de finale, après avoir perdu le contrôle à l'atterrissage d'un saut. Heureusement pour le jeune homme, il y a eu plus de peur que de mal.

« Je suis content, parce que ma tête n'a pas frappé le sol, a dit celui qui s'est adjugé le 36e rang au classement cumulatif. J'aurais pu me faire vraiment mal. Je suis certain que j'aurai des bleus demain (vendredi), mais sinon ça va. »

Grondin, qui fréquente l'Académie les Estacades à Trois-Rivières, où il suit des cours à distance en secondaire 5, assure cependant ne pas avoir été intimidé par ses adversaires au haut du parcours du Parc à neige Phoenix.

« Vous savez, pour moi les Jeux olympiques ou une Coupe du monde, c'est du pareil au même, a-t-il poursuivi. J'ai fait comme si c'était une descente d'entraînement, et tout allait bien jusqu'à ce que je commette une erreur. Mais non, je n'ai pas ressenti de pression, parce que je ne suis pas quelqu'un de stressé dans la vie en général. »

Le principal intéressé a toutefois admis qu'il ne réalisait pas encore l'ampleur de l'exploit qu'il venait d'accomplir, à un si jeune âge.

« C'est allé vraiment vite, a-t-il reconnu, quelques minutes après sa prestation. Je n'ai pas encore réalisé que je suis aux Jeux olympiques à 16 ans, mais ça devrait arriver bientôt, je pense. »

Après s'être accordé quelques jours de repos au Québec, Grondin a indiqué qu'il reprendra le collier en Coupe du monde. Entre-temps, il devrait être présent à la compétition du circuit Nor-Am au Mont Orignal, du 21 au 23 février, et pourrait même y participer, a indiqué le directeur général du Mont Original, Marc Lacroix.

Le premier ministre aux premières loges

Grondin était accompagné en Corée du Sud de son père Jean-Francis Grondin et de son frère Ismaël, qui ont décidé à la dernière minute de faire le voyage vers la Corée du Sud pour l'encourager. Sa mère, Mélanie Turcotte, est restée derrière.

Évidemment, le planchiste québécois était conscient que sa performance allait être suivie attentivement au Québec, mais il a admis qu'il ignorait l'ampleur de l'événement.

« Tout le monde au Québec est derrière moi, mais dans les derniers jours je n'ai pas tellement été sur les réseaux sociaux afin d'être prêt pour ma compétition, a-t-il commenté. Mais d'après moi, quand je vais aller y jeter un oeil, j'imagine que je vais recevoir plein de mentions. »

Une soixantaine de personnes se sont réunies au Mont-Orignal de Lac-Etchemin, pour assister aux premières descentes olympiques du Beauceron.

Parmi les spectateurs présents se trouvait le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, qui était accompagné de la députée de Bellechasse Dominique Vien et du député de Beauce-Sud, Paul Busque.

« Il est juste heureux d'être là. Il n'a pas d'attente, car il visait plutôt une participation aux Olympiques de 2022, a déclaré Mme Turcotte à 'La Voix du Sud'. Je trouvais qu'il descendait super bien. Tomber, ça arrive aux meilleurs, mais le plus important, c'est qu'il se soit relevé et qu'il n'était pas blessé. »

« C'est incroyable qu'un jeune athlète de 16 ans comme lui fasse les Olympiques. Je ne connais pas beaucoup ce sport, mais je trouvais qu'il était très fluide dans ses mouvements, a renchéri M. Couillard. Il a un bel avenir devant lui. »