Passer au contenu principal

Une équipe qui a laissé ses doutes dans le rétroviseur

Publié
Mise à jour

MONTRÉAL – Laurent Courtois aurait pu toiser son auditoire d'un air un peu provocateur, teinter ses réponses d'un soupçon de suffisance. Ça ne lui aurait pas ressemblé, mais il aurait pu. On ne lui en n'aurait pas tenu rigueur.

En face de lui après la victoire qui qualifiait officiellement son équipe pour les éliminatoires de la MLS se trouvaient plusieurs observateurs qui l'avaient laissée pour morte, cette équipe, il y a à peine un mois et demi. L'auteur des mots que vous lisez présentement en faisait partie.

Mais l'entraîneur-chef du CF Montréal ne se sentait pas rancunier samedi soir. « Je ne regarde pas ceux qui n'étaient pas avec nous, je pense à ceux qui étaient avec nous », a-t-il assuré, sur un ton léger, après un 2-0 libérateur aux mains du New York City FC.

Une fierté tout à fait légitime émanait du tacticien français. Dans les passages les plus arides d'un été difficile, certains sont allés jusqu'à évoquer que la solution passait par son congédiement. Ses méthodes ont été sujettes aux moqueries, l'absence de résultats qu'elles généraient interprétée avec impatience.

« De croire, malgré que des gens veulent... voilà, des fois pour t'aider à repenser et à douter, mais voilà, de croire à ce en quoi on croyait ensemble », a répondu Courtois lorsqu'on lui a demandé ce qu'il avait appris sur lui-même pendant cette longue première saison à la barre d'une équipe professionnelle.

L'homme embauché par Olivier Renard est devenu le quatrième entraîneur de l'Impact, après Marco Schällibaum, Mauro Biello et Thierry Henry, à mener l'équipe en séries à sa première saison complète en poste. Maintenant, quoi qu'il arrive à partir de mardi, il est tentant de contempler le chemin parcouru par cette équipe et d'envisager l'avenir avec optimisme.

« Vous vous rendez compte? On est à la huitième place avec [...] le nombre de matchs qu'on a laissé filer qui étaient à notre portée, s'est permis de rêvasser Courtois à la fin de son point de presse. Ça dit à quel point on apprend, mais à quel point on avait quelque chose d'intéressant quand même. Et malgré les buts encaissés, moi les gars me surprennent. C'est énorme ce qu'ils ont fait. D'avoir dû passer par ces moments-là et d'avoir su revenir à ce niveau, c'est fort mentalement. Donc chapeau à eux. »

Peu de temps après au même podium, Samuel Piette offrait son absolution à ceux qui avaient crucifié ce clan dont il est l'un des principaux piliers.

« C'est sûr qu'il y a eu des doutes, a admis le capitaine en repensant aux durs revers avec lesquels ses coéquipiers et lui avaient conclu le mois d'août. Tu te dis que ça va être difficile peut-être de remonter la pente. Mais on a toujours cru qu'on avait les éléments dans l'effectif et aussi avec le staff pour changer les choses, faire quelque chose de bien. »

Une équipe en voiture

Certains éléments déclencheurs de la renaissance du Bleu-blanc-noir sont faciles à identifier, même de l'extérieur. L'acquisition de Caden Clark, qui a fourni quatre buts et quatre passes décisives en neuf matchs, a complètement revitalisé le secteur offensif. La constance dans les performances de certains autres cadres a aidé Courtois à trouver des réponses qu'il a longtemps cherchées.

Une stabilité s'est installée et avec elle des automatismes logiques. Lucide, Joel Waterman s'est permis d'ajouter à cette liste un calendrier plus favorable dont l'équipe a su profiter.

Mais quand rien ne va, aucune contribution n'est à négliger. Au plus fort de la crise, Piette avait rassemblé ses coéquipiers pour une activité de karting. L'initiative, banale dans le contexte de l'époque, doit maintenant être indiquée en caractère gras sur la ligne du temps de cette improbable fin de saison.

« Je viens de recevoir un message de Patrice Bernier qui me parlait du go-kart. Honnêtement, ça a été payant! », faisait remarquer Piette, pas peu fier.

« C'était une des premières activités qu'on faisait ensemble à l'extérieur du terrain. C'est là que t'apprends à connaître les gars différemment. Les gars ont lâché leur fou, ont apprécié ça, ont vu qu'on a aussi des bons ‘jacks' dans ce vestiaire-là à l'extérieur du terrain, humainement. Ça fait en sorte que sur le terrain, tu veux peut-être pousser un peu plus et te battre pour ces gars-là. C'est ce que je trouve qu'on a retrouvé, de se battre les uns pour les autres. L'équipe qu'on a vu ce soir, ça reflète parfaitement ce sentiment-là. »

« L'an prochain, je crois qu'on accordera plus d'importance à ce genre d'activité, a renchéri Waterman. On le voit maintenant, l'équipe est tissée plus serrée que jamais et on veut se rendre le plus loin possible. »

C'est un scénario classique en MLS, celui de l'équipe qui entre en séries grâce à un éclair de génie tardif et qui poursuit sa lancée en y bousculant l'ordre établi. Le CF Montréal a-t-il brûlé toutes ses cartouches ou a-t-il ce qu'il faut pour être l'équipe Cendrillon au-delà de l'Halloween?

« On atteint notre vitesse de pointe juste au bon moment, observe Waterman. On a le momentum. Nos attaquants marquent des buts, nos milieux courent comme des déchaînés, nos défenseurs gardent le fort et Joe [Sirois] fait du travail formidable derrière. Le staff joue aussi un rôle là-dedans et les gars sur le banc nous donnent des grosses minutes. C'est un effort collectif et on veut transporter tout ça dans le match de mardi. »

« On veut se donner une chance d'affronter Miami. »