Nous venons d’avoir, si certains avaient encore besoin de se le faire confirmer, un autre témoignage prouvant que le monde traverse une période difficile. Les athlètes canadiens ne participeront pas aux Jeux olympiques de Tokyo cet été. Cette décision, une première mondiale, a été rendue nécessaire pour assurer la sécurité non seulement des athlètes, mais aussi celle de leurs entraîneurs, de leur famille et finalement de toute la population.

 

Comme bien des athlètes canadiens interrogés, je suis absolument d’accord avec cette position qui risque de bousculer bien du monde et de faire rapidement boule de neige sur la planète olympique. Ça ne m’empêche pas toutefois de me sentir triste pour ces sportifs d’exception qui ne pourront faire la démonstration de leur incroyable talent. Pour eux et elles, les prochains jours et les prochaines semaines seront ardus.

 

Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec ce que nous devons désormais tous vivre. En effet, plusieurs d’entre nous sont confinés à la maison, limitant nos sorties au maximum, évitant les contacts avec nos voisins, ou nos amis. Nombreux aussi sont ceux qui se retrouvent sans emploi ou avec des soucis financiers importants. Tous nos projets sont remis à une date ultérieure. Comme les athlètes, nous avons été mis devant une décision qui nous échappe et devons en supporter les conséquences. Nous n’avons aucun contrôle sur ce virus qui se propage dans le monde.

 

Alors, comment réagir?

 

Il y a trois grandes réponses psychologiques possibles, tant pour les athlètes que pour la population.

 

On peut, premièrement, anticiper le pire. C’est-à-dire croire que les choses vont devenir encore plus difficiles et qu’il sera incroyablement ardu de remonter la pente. Une telle attitude favorise la dépression et les idées sombres, tout en augmentant l’anxiété, le stress et la peur. Un athlète qui adopterait cette position mettrait longtemps avant de rebondir et de reprendre les choses en main. Se sentir impuissant et subir les événements (comme le confinement ou l’annulation des Jeux) favorisent la tristesse, le sentiment de solitude, de même que la frustration et la susceptibilité, allant même jusqu’à la colère.

 

On peut ensuite se résilier face à cette situation en se disant qu’on n’y peut rien. Ici, on avoue notre impuissance. On ne fait rien parce que ça ne change rien. Les athlètes qui optent pour cette façon de voir les choses ne sentiront pas le besoin de continuer à vouloir s’entraîner ou se mettre en forme.

 

 À quoi cela rime-t-il, puisque tout est joué? Cette attitude se retrouve aussi dans la population. On peut alors voir apparaître des signes de « je-m’en-foutisme » et d’insouciance. On ne sent pas l’importance de se plier aux règles ou pire, on les ignore. N’est-ce pas d’ailleurs ce que l’on voit auprès de certains jeunes ou de quelques aînés?

 

La troisième approche est plus difficile, mais plus enrichissante. Il s’agit de se demander comment les événements peuvent nous aider à grandir et à s’améliorer. Pour les athlètes, abandonner l’idée de participer aux Jeux olympiques représente une énorme perte. Toutefois, quand j’en parle avec eux, j’essaie de leur démontrer que participer aux Jeux représente un moyen (exceptionnel il est vrai) d’atteindre l’objectif de devenir une meilleure personne et un leader dans la société. Néanmoins, même s’ils ne peuvent y aller cette fois, ça ne change rien à leurs qualités d’être humain. Les efforts mis pendant des années, la persévérance dont ils ont fait preuve, la discipline incroyable mise en place, la passion qui les animait, tout cela est encore présent. 

 

Cette année, ils ne peuvent participer aux Jeux pour une raison de santé mondiale. Mais ils auraient pu être blessés quelques semaines ou mois avant la tenue des Olympiques ou une décision politique aurait pu les empêcher d’y aller, comme ce fut le cas à Moscou en 1980. 

 

Il faut continuer à s’améliorer à travailler pour revenir encore plus fort. À partir de ce moment, on peut poser les gestes qui nous feront avancer malgré la situation. L’athlète s’entraînera dans les limites du possible, il fera preuve de discipline, de détermination et, en d’autres mots, il reprendra le contrôle sur ce qu’il peut contrôler pour s’améliorer. C’est ce qu’on appelle la résilience. 

 

Comme individus, nous pouvons aussi adopter cette approche et nous dire que nous profitons des leçons du présent pour nous améliorer comme être humain, en espérant que nous améliorerons du même coup le sort de la planète. De cette situation difficile, on espère qu’il sorte quelque chose de bon et on décide, consciemment, de faire son bout de chemin pour que cela arrive.

 

Cela implique de garder de saines habitudes de vie, de se mettre en action (tout en respectant les consignes et la distanciation sociale), de maintenir une routine, bref, d’agir sur les choses que nous pouvons contrôler, sans perdre confiance ni en l’avenir ni en l’humanité.

 

J’ai la conviction que la plupart des athlètes réagiront parfaitement à la nouvelle situation. Ce sont des gens que j’admire beaucoup. Ils ont désormais une autre possibilité de nous donner l’exemple de la résilience. Et nous devons, comme population, nous en inspirer pour sortir grandis de la pandémie…