La saison de la NFL s'amorcera le jeudi 4 septembre alors que les Packers de Green Bay visiteront les Seahawks, à Seattle. Le match vous sera présenté sur RDS2. Du 25 août au 4 septembre, le RDS.ca vous présente une série d'articles afin de mettre la table pour la saison 2014, une division à la fois. Aujourd’hui, survol de l’AFC Nord.

C’est monnaie courante, les évènements à l’extérieur du terrain viennent dérailler ou précipiter les manœuvres des équipes chaque saison dans la NFL. Parfois, un concours de circonstances s’opère afin que plusieurs équipes d’une même division rencontrent un vaste éventail de problèmes troublant les prévisions sur le terrain pour tout le monde à l’approche de la saison.

L’AFC Nord de 2014 multiplie les distractions et les histoires sordides à un point où ça en est presque loufoque.

Il y a eu la saga Ray Rice et le fiasco de gestion de la NFL par rapport à sa suspension. Il y a la suspension d’un an qui a été maintenue contre le receveur étoile Josh Gordon des Browns après une deuxième offense du code de conduite sur les substances illicites. Au cours de la présaison, deux joueurs des Steelers ont découvert que l’on pouvait se faire arrêter pour conduite avec facultés affaiblies même sans boire d’alcool. Les Bengals ont offert un énorme contrat à Andy Dalton et l’internet s’est enflammé. Et, bien sûr, Johnny Manziel est passé de College Station à Cleveland avec tout le cirque médiatique que ça implique. Toutes ces histoires sans même mettre un pied sur le gazon au cours de la saison.

De quoi donner le tournis.

Démystifions alors cette division trouble afin de voir ce qui se passera sur le terrain et laisser les tabloïds loin derrière.

Steve SmithCe qui a changé dans la division

Après une troisième sortie consécutive lors du premier tour des éliminatoires, les Bengals ont ajouté ce qu’ils espèrent être les pièces manquantes vers une tentative concrète de faire un petit bout de chemin jusqu’à la finale du Super Bowl. Ils ont d’abord misé sur le repêchage afin de trouver des perles rares et l’organisation semble confiante sur les capacités du demi de coin Darqueze Dennard (1re ronde) et du demi offensif Jeremy Hill (2e ronde). Les deux jeunes, en plus du retour des éclopés de la saison dernière comme Geno Atkins et Leon Hall, solidifient une équipe déjà très talentueuse. À l’exception de Michael Johnson sur la ligne défensive, les Bengals n’ont rien sacrifié de la formation de l’an dernier. Par contre, Jay Gruden (coordonnateur offensif) et Mike Zimmer (coordonnateur défensif) ont quitté la formation pour tenter leur chance à titre d’entraîneurs-chefs, laissant les Bengals avec la tâche de remplacer les deux principaux assistants de l’entraîneur Marvin Lewis avec des promotions à l’interne (Hue Jackson et Paul Guenther respectivement).

À Pittsburgh, rater les éliminatoires est toujours un petit drame entraînant de nombreuses secousses au sein de la formation. Avec un deuxième raté consécutif, il n’y a pas d’exception à la tradition cette saison avec une vente de débarras doublée d’une razzia auprès des autres formations de la NFL. Sur la route loin de Pittsburgh, notons les départs de Ryan Clark, Jerricho Cotchery, Jonathan Dwyer, Larry Foote, Ziggy Hood, Felix Jones, Emmanuel Sanders, LaRod Stephens-Howling et LaMarr Woodley. Parmi les nouveaux résidents de la Pennsylvanie, notons LeGarrette Blount, Darrius Heyward-Bey, Brice McCain, Lance Moore en plus des recrues Dri Archer (3e ronde), Martavis Bryant (4e ronde), Ryan Shazier (1re ronde) et Stephon Tuitt (2e ronde).

Du côté des Ravens, disons que la saga Ray Rice a fait couler beaucoup d’encre et c’est quand même surprenant de constater que la formation ne s’est pas tout simplement dissociée du demi offensif à la suite d’une saison décevante et de ses frasques avec la justice. Baltimore peut compter sur une défensive de qualité n’ayant presque pas perdue de plume durant la saison morte, avec seulement des réservistes comme Corey Graham et Arthur Jones vers d’autres cieux en plus du maraudeur partant James Ihedigbo. C’est surtout en attaque que les Ravens avaient des comptes à rendre et ils vont tenter de remanier le tout avec un nouveau coordonnateur, Gary Kubiak, en plus de l’arrivée de Steve Smith (photo), Owen Daniels et de l’imposant Jeremy Zuttah sur la ligne offensive. Certains osent même murmurer que C.J. Mosley, le choix de première ronde de l’équipe au repêchage, aurait de la graine d’un jeune Ray Lewis au cœur des secondeurs. De gros éloges pour un joueur n’ayant pas encore évolué dans le circuit.

Finalement à Cleveland, il n’y a qu’un nom sur toutes les lèvres : Johnny Manziel. Le nouvel entraîneur Mike Pettine a choisi de laisser Johnny Football sur le banc pour le moment, mais le jour où la nouvelle coqueluche de Cleveland s’emparera des commandes de l’attaque viendra plus tôt que tard, particulièrement avec les performances fragiles de Brian Hoyer depuis son retour de blessure. Fini l’expérience Brandon Weeden chez les Browns, on passe à un autre chapitre en plus de s’être départi du vétéran D’Qwell Jackson et du receveur Greg Little. En plus de Manziel, les Browns ont aussi rapatrié quelques éléments afin de combler la perte de Josh Gordon pour la saison, soit les vétérans Miles Austin et Nate Burleson qui tenteront de se tailler une place dans l’alignement. L’ancien second d’Arian Foster à Houston, Ben Tate, débarque aussi avec le mandat de prendre le gros du travail derrière la ligne offensive à titre de demi offensif. Cleveland s’est aussi permis l’ajout de robustesse en défensive avec Donte Whitner, Karlos Dansby et le demi de coin recrue Justin Gilbert (1re ronde). Encore une fois, beaucoup de changements à Cleveland après une (autre) saison oubliable.

Troy PolamaluÀ quoi s’attendre en 2014

Les Bengals, à plusieurs égards, présentent l’une des formations les plus talentueuses de la NFL. L’excellente défensive, décimée par les blessures la saison dernière, reprendra du service derrière un Geno Atkins de retour en forme et A.J. Green est un cadeau du ciel pour l’offensive avec ses mains en velcro et son flair pour être au bon endroit au bon moment. Sur papier, les Bengals ont les effectifs pour être en lice pour le Super Bowl de cette année, sauf qu’on ne sait toujours pas si Andy Dalton est l’homme de la situation, et ce, malgré son lucratif nouveau contrat. À sa quatrième saison dans la NFL, Dalton n’a jamais raté les éliminatoires et a toujours amélioré la fiche de son équipe d’une saison à l’autre (9-7, 10-6, 11-5). Douter de son talent semble particulièrement intransigeant, mais le quart n’a jamais trouvé le moyen de gagner une victoire en éliminatoires et c’est à se demander si les performances de l’équipe surviennent en dépit de sa présence et non grâce à celle-ci. Ce sera à Dalton de faire taire ses détracteurs et, par le fait même, d'alimenter les aspirations très réalistes des Bengals qui veulent vraiment sortir du premier week-end des éliminatoires.

Du côté des Steelers, on a terminé la saison en force en 2013 (6 victoires lors des 8 derniers matchs), mais difficile de savoir s’il s’agissait d’une bonne séquence ou de la pointe d’un changement dans l’organisation après un passage à sec et quatre défaites consécutives en ouverture de saison. L’âge joue certainement contre les performances de la défensive avec Troy Polamalu (33 ans, photo) et Ike Taylor (34 ans) encore en poste au cœur de la tertiaire. On a infusé beaucoup de jeunesse au sein du front défensif au cours des deux dernières saisons, mais les dividendes sont encore timides. Le secondeur extérieur Jason Worilds s’est fait connaître du grand public avec une superbe saison en 2013 et on espère le revoir en forme cette année à titre de meneur au niveau des sacs du quart. C’est à l’attaque que quelques questions s’imposent, notamment au niveau des cibles de Ben Roethlisberger. Antonio Brown a connu la meilleure saison de sa carrière en 2013, mais son acolyte Emmanuel Sanders a signé un contrat avec les Broncos et Jerricho Cotchery ne fait plus partie des plans de l’équipe. On doit donc rebâtir une dynamique autour de Brown et des nouveaux venus Lance Moore (ex-Saint) et le fragile Darrius Heyward-Bey. De plus, les porteurs de ballon des Steelers se sont passés le mot afin de donner des maux de tête à Mike Tomlin en étant tous les deux appréhendés pour la même offense en même temps. Quand la fumée se dissipera, Le’Veon Bell devrait connaître une belle deuxième saison dans la NFL.

À Baltimore, il faut bâtir autour d’une défensive perpétuellement solide et s’offrir le luxe d’une attaque constante. En 2013, les Ravens avaient possiblement le pire jeu au sol de toute la NFL et les choses ne seront pas forcément plus roses cette saison, et ce, malgré l’ajout du coordonnateur Gary Kubiak qui a toujours préconisé l’attaque au sol dans son approche. Depuis un Super Bowl en 2012, suivi de la retraite de Ray Lewis, les Ravens vivent un long lendemain de veille et on se demande si l’équipe n’a pas atteint son plafond au niveau du potentiel des effectifs en place. Avec un futur intimement lié à celui de Joe Flacco, l’offensive des Ravens se devra de trouver des solutions au manque de performance de l’an dernier. Steve Smith, rejeté par les Panthers, voudra sans doute prouver sa valeur au sein de sa nouvelle formation, même si Torrey Smith sera encore la cible favorite de Flacco. Il est réaliste de croire qu’avec une ligne offensive revampée et l’ajout de Steve Smith l’attaque des Ravens retrouvera son souffle. Très réaliste même. C’est juste difficile de bien établir des projections sur un terrain méconnu. On connaît la force du bras de Flacco et quelques-unes de ses performances d’antan laissent présager de belles choses. Reste à voir si une bonne défensive pourra rallier l’équipe suffisamment vers un retour en éliminatoires.

Giovani Bernard

Et les Browns, que dire des Browns? Encore un autre bordel annoncé. En fait, on dirait que l’équipe est construite pour la saison 2015 avec le retour de Josh Gordon, la pleine ampleur de Johnny Football et l’ajout d’autres éléments autour de Ben Tate et des jeunes choix au repêchage. Le hic, c’est qu’on doit jouer la saison 2014 avant avec Hoyer derrière le centre, des receveurs quelconques qui seront probablement ajoutés au fil de la saison et une nouvelle direction qui voudra laisser ses marques vite. La lueur d’espoir se trouve au niveau de la tertiaire avec l’incomparable Joe Haden et le jeune Justin Gilbert. Mais les partisans à Cleveland ont déjà le regard tourné vers les Cavaliers et le retour de LeBron James dans la NBA.

Les détails qui feront la différence

À Cincinnati, le jeu au sol sera déterminant afin de réaliser les aspirations de l’équipe. Oui, l’organisation a donné un vote de confiance à Andy Dalton, mais le doute existe encore et c’est par la stabilité au sol que ce doute se dissipera. Entre en piste l’explosif Giovani Bernard (photo) qui a connu une très bonne saison en 2013 (+ de 1200 verges) et qui pourrait en connaître une meilleure encore avec la recrue Jeremy Hill a ses côtés. Bernard est une menace dès qu’il touche au ballon en raison de sa vitesse et son adaptation dans la NFL permettra aux Bengals de maximiser son utilisation et, surtout, son potentiel pour l’offensive. Si Bernard reprend là où il a laissé la saison dernière, les Bengals seront de sérieux aspirants dans l’AFC.

Pour les Steelers, le temps est venu pour la jeune relève de prendre le flambeau. Jason Worilds a commencé le travail en 2013, mais un ailier défensif comme Cameron Heyward, ou la recrue Ryan Shazier chez les secondeurs, devra se lever dans la chambre et sur le terrain afin d’épauler Lawrence Timmons. Les jeunes auront la tâche de remplacer LaMarr Woodley et une tradition défensive à Pittsburgh qui n’est plus aussi forte depuis deux saisons. C’est une lourde tâche, mais la défensive est identitaire à Pittsburgh, il ne faut jamais la négliger malgré une offensive spectaculaire dirigée par Big Ben.

Ray Rice n’est plus, à mon avis, un facteur chez les Ravens. L’allure de la saison sera dictée par les vétérans en défensive, notamment Haloti Ngata, Terrelle Suggs et Elvis Dumervil. L’âge rattrape tout ce beau monde et la fenêtre des Ravens se fermera très rapidement. L’équipe est bâtie pour gagner maintenant, sinon des têtes rouleront. Par contre, avec ce groupe de vétérans en défensive, les équipes adverses sentiront une pression rare.

Pour les Browns, le développement est à l’ordre du jour et un joueur qui aura toutes les chances de se faire valoir est certainement le secondeur Barkevious Mingo, sélectionné lors de la première ronde du repêchage de 2013 après un passage remarqué à LSU. Choisi avec le sixième choix global de sa cuvée, Mingo était dans la mire des Bills au 8e échelon à l’époque. Mike Pettine, maintenant à la barre des Browns, retrouve donc un joueur qu’il convoitait avec son ancienne équipe et il sera sans doute tenté d’établir plusieurs stratégies afin d’optimiser les talents du jeune secondeur. Si tout se passe comme prévu, le reste de la division fera connaissance avec la tornade Mingo.

En bref…

Les Bengals ont le pouvoir et toutes les cartes en main pour s’établir comme une puissance dans l’AFC. Autant de talents à de multiples positions se doivent de payer des dividendes. Ils ont été très malchanceux au niveau des blessures en 2013 et ont tout de même trouvé le moyen de remporter onze matchs et la division. L'année 2014 devrait être encore plus faste pour les champions en titre et, qui sait, peut-être même qu’Andy Dalton s’améliorera un peu. Ce serait un luxe pour l’équipe.  

Difficile d’imaginer une autre équipe que les Bengals sortir du nord avec un billet pour les éliminatoires. Malgré toutes les bonnes intentions au monde, les Steelers ne sont pas tout à fait rétablis encore et le scénario est de plus en plus dysfonctionnel à Baltimore, rien qui laisse présager un saut au classement.

Les tigrés seront de retour en éliminatoire et Geno Atkins brillera sur une ligne défensive très menaçante.

Classement de l'AFC Nord en 2013
Équipe Victoires Défaites
Bengals 11 5
Steelers 8 8
Ravens 8 8
Browns 4 12

 

Prédictions pour la saison 2014
Équipe Victoires Défaites
Bengals 12 4
Steelers 8 8
Ravens 7 9
Browns 5 11