MONTRÉAL - Après une récolte record de 29 médailles aux Jeux de PyeongChang, l'équipe olympique canadienne a amorcé une cure de rajeunissement en vue de ceux de Pékin en 2022.

Pour y parvenir, les différentes fédérations sportives canadiennes doivent être en mesure d'identifier et de développer leurs espoirs de demain. Dans cette optique, plusieurs intervenants ont récemment rappelé que des réformes sont devenues nécessaires afin d'assurer la pérennité du sport au pays.

L'ex-bosseur Jean-Luc Brassard remet d'ailleurs en question le fonctionnement du programme 'À nous le podium' (ANP) - fondé dans la foulée des Jeux olympiques de Vancouver en 2010 -, et dont le budget est distribué aux diverses fédérations en fonction des résultats.

« Nous n'avons pas de budget pour nos équipes nationales, mais sortons des millions de nulle part pour la grosse fête olympique? » s'est interrogé l'olympien dans un billet publié en novembre sur le site de Radio-Canada, à l'approche du référendum sur la candidature de Calgary pour l'obtention des JO de 2026.

Cette campagne visant une réforme d'ANP survient alors que de nombreux piliers de l'équipe canadienne ont annoncé au cours des derniers mois leur retraite, ou du moins qu'ils ne se rendaient pas jusqu'au prochain rendez-vous olympique. C'est notamment le cas de la patineuse de vitesse Marianne St-Gelais, du fondeur Alex Harvey et du skieur alpin Erik Guay.

Faute de financement, de nombreux espoirs de médaille pourraient ne jamais éclore sur la scène internationale. Des athlètes tels que la skieuse Valérie Grenier, qui a notamment terminé sixième du combiné alpin à PyeongChang, ou encore la fondeuse Cendrine Browne, qui tente de s'établir sur le circuit de la Coupe du monde.

Même si elles n'ont pas contribué à la récolte record de 29 médailles aux Jeux de PyeongChang, elles pourraient bien le faire aux JO de Pékin en 2022. D'ailleurs, parmi les 110 recrues de l'équipe canadienne sur les 225 athlètes présents en Corée du Sud, plusieurs ont été inspirées par Vancouver et sont arrivées au sein d'une structure sportive (ANP) qui leur a ouvert la voie au podium.

Avec 11 médailles d'or, huit d'argent et 10 de bronze, le Canada a terminé au troisième rang au total des médailles et des médailles d'or derrière les 39 de la Norvège (14-14-11) et les 31 de l'Allemagne (14-10-7). Mais avant de s'attaquer à ce record à Pékin en 2022, le pays fourbit ses armes en prévision des Jeux olympiques d'été de Tokyo, qui auront lieu dans moins de deux ans.

D'ailleurs, l'été 2019 sera monopolisé par des épreuves de qualification olympique dont la Coupe du monde de soccer féminin en France, les Jeux panaméricains de Lima, au Pérou, les Championnats du monde d'athlétisme de Doha, au Qatar, et les Championnats du monde aquatiques de Gwangju, en Corée du Sud.

Les plongeuses québécoises Jennifer Abel et Meaghan Benfeito, de même que les nageuses ontariennes Penny Oleksiak et Taylor Ruck, seront de nouveau à surveiller à la piscine, bien que tous les yeux seront évidemment tournés vers le sprinter étoile Andre DeGrasse. Comme quoi, en dépit de l'incertitude, l'avenir n'est pas si sombre.

Le CIO doit lui aussi se réformer

Le Canada a envoyé un message clair au Comité international olympique en novembre dernier lorsque les électeurs de Calgary ont dit non dans une proportion de 56,4 pour cent à la tenue des Jeux olympiques d'hiver de 2026 dans leur ville. Ce résultat témoigne de la profonde crise qui accable le mouvement olympique, tant au pays que sur la planète.

L'ex-bosseur et cofondateur de B2dix Dominick Gauthier, qui a contribué à paver la voie à de nombreux olympiens, n'a pas mâché ses mots envers le CIO et toutes ses organisations satellites dans les jours qui ont suivi la décision de Calgary.

« Il fallait une réforme solide et sans compromis, pas juste une nouvelle façade ou une couche de peinture, a-t-il écrit dans une lettre adressée au président du CIO, Thomas Bach. Il fallait refaire la maison à partir de la fondation. »

La décision de la métropole albertaine est la dernière d'une longue série de refus encaissés par le CIO au fil des derniers mois. En effet, avant Calgary, les villes d'Almaty, au Kazakhstan, Sapporo, au Japon, Innsbruck, en Autriche, Sion, en Suisse, et Erzurum, en Turquie, ont toutes retiré leur candidature en 2018.

En conséquence, il ne reste plus que Stockholm, en Suède, et Milan-Cortina d'Ampezzo, en Italie, pour l'obtention des JO de 2026. Et même la candidature de Stockholm bat de l'aile puisqu'une coalition au conseil municipal se refuse à engager le moindre sou d'argent public pour l'événement.

Cette tendance lourde aux retraits en inquiète plus d'un, dont le bosseur Mikaël Kingsbury, qui a tout de même indiqué comprendre la décision des résidents de Calgary.

« C'est sûr que ça m'a déçu, a déclaré le médaillé d'or des Jeux olympiques de Pyeongchang quelques jours avant le début de sa saison en Coupe du monde de ski acrobatique. Je rêvais de terminer ma carrière à 33 ans à Calgary - ç'aurait été la grosse cerise sur le sundae -, mais les gens ont voté 'non', et je comprends les motifs de leur décision. »

« C'est excessivement cher, la tenue des Jeux olympiques, et c'est dommage que ça le soit ainsi, a ajouté Kingsbury. Vous savez, Calgary est doté de nombreuses installations à la fine pointe, mais ça n'a pas suffi. C'est décevant, mais il reste maintenant Stockholm et Milan. Je me console en me disant que ces marchés sont traditionnels, contrairement à Sotchi (en 2014), Pyeongchang (en 2018) et Pékin (en 2022). »