Même si le saut est immense du football universitaire canadien à la NFL, Mathieu Betts s’est déjà attiré les éloges de Chuck Pagano, le nouveau coordonnateur défensif des Bears de Chicago, ce qui est évidemment de bon augure en vue du camp d’entraînement qui démarre le 25 juillet.

 

Le compliment n’est pas banal. Il est survenu lorsqu’un journaliste a demandé à Pagano d’identifier des athlètes qui l’ont impressionné parmi les joueurs autonomes embauchés après avoir été ignorés au repêchage.

 

Pagano a tout de suite évoqué le nom de Betts et celui de Chuck Harris. En entrevue au balado Le sac du quart du collègue Didier Orméjuste, l’ancien du Rouge et Or de l’Université Laval a réagi à ce bouquet de fleurs.

 

« Oui, j’avais vu un peu les commentaires, c’est certain que c’est flatteur. C’est l’un de nos privilèges avec les Bears, on peut travailler avec un entraîneur comme lui, un homme avec un très beau bagage surtout son passage avec les Colts. [...] La seule chose que je peux faire, c’est de continuer à travailler fort pour tenter de faire ma place dans cette équipe et de contribuer au maximum de mes capacités », a commenté Betts.

 

Il y a plus d’un mois, en discutant des probabilités de Betts de jouer pour les Bears éventuellement, Pierre Vercheval avait justement songé à un tel scénario. À ses yeux, c’était évident qu’un entraîneur allait tomber sous le charme de ce joueur intelligent, capable de s’adapter, travaillant et discipliné.

 

Le constat de Pagano est encore plus intéressant en sachant que Betts procède à une transition d’ailier défensif à secondeur extérieur au sein du système défensif 3-4 des Bears. Il a donc trimé dur au cours des étapes qu’il vient de franchir comme le minicamp et les OTA’s (les semaines d’exercices préparatoires). 

 

« Dans l’ensemble, ça s’est vraiment bien passé. C’était plus une période d’adaptation pour se familiariser avec le cahier de jeux, les nouveaux coéquipiers et les entraîneurs. Dans mon cas, c’est une nouvelle position même si c’est similaire à ce que je faisais dans les rangs universitaires. Il y a aussi les règles du football canadien comparativement à celles du football américain. Ça faisait beaucoup de changements, de nouveautés, mais je suis content de l’avoir vécu avant le début du camp d’entraînement et des matchs préparatoires », a-t-il convenu.

 

Betts profite maintenant d’une période plus tranquille de trois à quatre semaines avant de retourner en Illinois à l’Université Olivet Nazarene où se tiendra le camp du 25 juillet au 11 août.

 

Épier Khalil Mack et des légendes des Bears

 

Lorsqu’il entamera cette étape cruciale, l’espoir québécois de haut niveau aura une meilleure idée de l’opposition qui se dressera devant lui.

 

Mathieu Betts« C’est sûr que je m’attendais que les joueurs soient un plus gros, un peu plus forts et que la vitesse du jeu soit plus élevée. Ce sont certaines des choses impressionnantes. Je pense aussi aux petits receveurs qui n’ont pas le plus gros gabarit, mais qui sont souvent les plus dangereux, les plus difficiles à rattraper. Parfois, en couverture de passes, je dois me frotter à eux et ce n’est pas toujours l’idéal comme confrontation. Je dois utiliser ma ruse. »

 

« Il y a des phénomènes physiques, mais c’est normal puisqu’on est rendus au sommet de la pyramide. Il y a plus de bons joueurs que de mauvais et c’est tant mieux pour nous. On est une bonne équipe avec beaucoup de talent qui peut espérer faire beaucoup de chemin dans les éliminatoires », a ensuite décrit Betts à propos de ce qui lui a sauté aux yeux sur le terrain depuis son repêchage.

 

Mais ça ne s’arrête pas là, Betts sera entouré d’athlètes expérimentés qui détiennent une grande maîtrise technique. Cette réalité le force à repousser ses limites sans tarder.

 

« Il y a beaucoup de pères de famille, plus que moins. C’est comme un vrai boulot, comme être enseignant ou vendeur d’autos. C’est vrai qu’ils possèdent une excellente technique et j’ajouterais leur niveau de connaissance du football. J’ai été impressionné par la compréhension du système de jeu et de l’anticipation de ce que l’attaque va faire. Ce sont des joueurs qui ont beaucoup d’expérience dans le football, c’est de plus en plus difficile de tirer son épingle du jeu, mais c’est le défi que je me lance et j’ai hâte de voir ma progression. Je me dis que plus longtemps je vais rester dans cette ligue, plus je vais progresser. Je ne peux pas rester ici et stagner, je me ferais dépasser facilement », a noté Betts avec réalisme.

 

Le maître chez les Bears, c’est le secondeur Khalil Mack et Betts ne pouvait espérer un plus grand privilège que d’apprendre à ses côtés.

 

« C’est un joueur que je considérais comme l’un des meilleurs à sa position et je peux le confirmer depuis que je suis arrivé à Chicago. Ce n’est pas pour rien qu’il a déjà été nommé le meilleur joueur défensif, il s’attarde aux détails avec sérieux. Je n’ai pas encore eu la chance de le voir s’entraîner avec des épaulettes, mais il fait paraître des choses très spéciales comme si c’était de la routine », a déclaré Betts.

 

En 2019, la NFL et les Bears vont célébrer leur 100e anniversaire. Le prestige de sa nouvelle organisation lui rappelle une certaine équipe de hockey.

 

« Je suis un gars de Montréal et je compare ça au Canadien. Je fais souvent ce parallèle, ça me fait penser à 2009 avec le centenaire du CH. On sent qu’il y a un buzz supplémentaire. Il y a même eu des célébrations de cet anniversaire dans les OTA’s. J’ai eu la chance de côtoyer des grands noms comme Dick Butkus, Mike Singletary, William The Fridge Perry, Jim McMahon, Gale Sayers », a confié Betts avec un immense sourire.

 

« C’est important de se laisser impressionner par ces choses-là. J’ai commencé à jouer très jeune et il me reste moins d’années devant moi. J’essaie juste d’en profiter », a conclu celui qui souhaite de tout cœur participer au premier match des Bears. La NFL a d’ailleurs accordé le soin aux Bears de lancer la saison 2019 pour leur 100e anniversaire.