Finale de la coupe Stanley : Vincent Desharnais appuie Stuart Skinner sans réserve
FORT LAUDERDALE - Il y a un an jour pour jour, Vincent Desharnais et ses coéquipiers des Oilers, ragaillardis par une victoire écrasante de 8-1 qui leur avait permis d'éviter d'être balayés par les Panthers en finale de la coupe Stanley, mettaient le cap sur la Floride.
Ils ne le savaient pas encore. Leurs adversaires non plus. Mais les joueurs des Oilers venaient d'amorcer une remontée exceptionnelle qui a poussé la finale jusqu'à la limite des sept parties. Une mince consolation, mais une consolation tout de même, alors que les joueurs des Panthers ont finalement soulevé la coupe Stanley sous leurs yeux.
Un an plus tard, pendant que ses anciens coéquipiers se préparent à éviter l'élimination, mardi soir, en Floride, afin de pousser, encore cette année, la finale jusqu'à la limite des sept parties, le géant défenseur sue sang et eau dans le gymnase où il a amorcé l'entraînement intensif qui lui permettra d'assumer un rôle de leader à la ligne bleue des Sharks de San Jose l'automne prochain.
Malgré un divorce difficile avec les Oilers qui ne lui ont pas offert de contrat une fois la saison terminée, Desharnais suit la finale de son ancienne équipe.
«Ma mère et mon frère refusent de regarder les matchs. Je pense qu'ils en veulent encore aux Oilers», lance Desharnais en riant.
«Moi? J'ai tourné la page. Ce n'a pas été facile de quitter Edmonton. Mais quand la finale a commencé, je me suis permis de repenser à tout ce que j'ai vécu là-bas l'an dernier. Alors oui, je regarde les matchs.»
Le Lavallois souhaite-t-il à ses anciens coéquipiers de soulever la coupe Stanley?
«Je ne pousse pas autant pour les Oilers que pour «Stu» qui est devenu au fil des ans un grand ami. Je lui souhaite vraiment une coupe. Ce serait tellement une grande récompense pour tout ce qu'il a dû traverser comme épreuves dans les ligues mineures afin de se rendre là où il est là. Surtout qu'il doit encore composer avec des critiques qui sont démesurées», défile Desharnais avec vigueur et passion.
«Stu» c'est Stuart Skinner. Le gardien numéro un des Oilers. Le gardien qui a connu un début de séries éliminatoires très difficile face aux Kings de Los Angeles, au point de perdre son filet au profit de son adjoint Calvin Pickard. Un gardien qui s'est fait sortir de son filet deux fois par l'entraîneur-chef Kris Knoblauch depuis le début de la grande finale et qui lui a préféré son adjoint lors du dernier match. Un match que les Panthers ont gagné 5-2 pour s'approcher à un gain d'une deuxième conquête consécutive de la coupe Stanley.
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Appels quotidiens
Skinner et Desharnais sont devenus de grands amis sur la glace. Ils le sont encore dans la vie. Deux solides gaillards au cœur tendre et à la confiance durement mise à l'épreuve au cours de leurs lentes ascensions vers la LNH, le gardien et le défenseur se sont beaucoup aidés au fil des ans.
Ils s'aident toujours.
«On se parle plusieurs fois par semaine pour savoir comment les choses vont. Pour s'encourager. Pour éviter de se décourager. C'est important d'être bien entouré. Mais il y a des limites à ce que mes parents, mon frère, mes amis peuvent faire pour m'aider. Un gars comme «Stu» sait ce que j'ai vécu parce qu'il l'a vécu lui aussi. Il sait très bien comment tu te sens. Cette année, quand j'ai traversé des moments difficiles – le défenseur a été échangé des Canucks de Vancouver aux Penguins de Pittsburgh avant de passer aux Sharks de San Jose à la date limite des transactions – il était là pour moi. Là, c'est à mon tour de l'appuyer. On se parle tous les jours», insiste Desharnais qui, vous l'aurez compris, offre un appui sans réserve au gardien des Oilers.
«Je suis loin d'Edmonton et comme je te disais tantôt, je n'appuie pas vraiment les Oilers. Mais quand je regarde ce que «Stu» a fait depuis deux ans derrière cette équipe, je n'arrive pas à comprendre comment il peut être autant critiqué. «Stu» fait un salaire qui est très loin – 2,6 millions $ en moyenne annuelle – des salaires des gardiens élites de la LNH. Et il a quand même amené les Oilers en finale de la coupe Stanley pour une deuxième année de suite. Il a Connor et Leon devant lui. C'est bien sûr. Mais il a quand même eu un gros mot à dire dans les succès des Oilers depuis deux ans.»
Stuart Skinner sera-t-il de retour devant le filet mardi soir pour ce match sans lendemain? La réponse viendra bien assez vite. Et cette réponse laisse Desharnais totalement indifférent. C'est l'état d'esprit de son grand ami qui le préoccupe.
«S'il revient devant le filet mardi, il sera prêt. S'il n'obtient pas le match, il encaissera le coup. C'est un gars très fort mentalement. Il est très honnête dans ses analyses personnelles. Ce qu'il vit en ce moment n'est pas évident. Et c'est sûr que moi je trouve ça injuste. Mais quand il est passé de la Ligue américaine à la East Coast et qu'il n'arrivait même plus à y gagner, ça c'était vraiment difficile. Quand tu es rendu si loin de la LNH que tu te demandes si le temps n'est pas venu de tout lâcher, tu vis des moments très noirs. Là, il est en finale de la coupe Stanley. Ça devrait prouver toute sa valeur comme personne et comme gardien. Les gens sont durs en maudit», de plaider le défenseur.
Défi emballant à San Jose
Bien plus secoué par les émotions qui l'ont chaviré au cours de la dernière saison que par les mises en échec de ses adversaires, Vincent Desharnais a retrouvé le sourire.
Il a retrouvé sa confiance aussi.
Il a aussi retrouvé la passion de l'entraînement. Une passion plus que nécessaire pour traverser les épreuves quotidiennes que lui fait subir son entraîneur personnel.
«J'ai hâte d'aller au gym demain. Il y a quelques semaines, je ne t'aurais pas dit la même chose. Il s'est fait un déclic il y a un mois à peu près. J'ai finalement balayé de ma tête tout le négatif que j'ai vécu depuis un an alors que trois organisations – les Oilers, les Canucks et les Penguins – ont cessé de croire en moi. C'est dur à encaisser, tu sais.»
Desharnais est maintenant emballé par le défi qui l'attend à San Jose. Les Sharks sont jeunes. Très jeunes. Ils ont encore des années difficiles à traverser avant de reprendre leur place au sein de l'élite de la LNH. Mais le défi d'épauler ces jeunes de grand talent sourit au grand défenseur qui a disputé seulement sept rencontres avec sa nouvelle équipe.
Il n'a pas encore disputé 200 matchs dans la LNH, mais l'expérience acquise avec les Oilers et surtout dans la Ligue américaine lui servira beaucoup.
«C'est en remplissant des rôles de leader avec mes équipes de la Ligue américaine que j'ai connu le plus de succès. J'aime relever ce genre de défi. Je ne suis pas un joueur vedette et j'ai toujours dû travailler plus fort que tout le monde pour me faire une place et la garder. C'est justement ça que je pourrai transmettre à mes nouveaux coéquipiers. San Jose est un petit marché. On est moins reconnu qu'à Edmonton. Mais je vois ça d'un très bon œil. Je vais m'entraîner très fort tout l'été pour être prêt à relever le défi qui m'attend là-bas», assurait Desharnais joint par RDS.CA en fin d'après-midi dimanche.
Mais entre deux entraînements, il s'assurera de parler avec Stuart Skinner et de lui offrir son appui sans réserve en plus de regarder le match Oilers-Panthers mardi soir… et peut-être celui de vendredi si la finale se rend à la limite.