LAS VEGAS – « J’ai réalisé mon rêve aujourd’hui. »

 

C’est l’une des phrases qu’a répétées maintes et maintes fois l’entraîneur-chef Barry Trotz qui multipliait les entrevues sur la patinoire du T-Mobile Arena pendant que ses joueurs s’échangeaient la coupe Stanley.

 

À l’image de ses Capitals qui n’avaient encore jamais gagné la coupe Stanley depuis leur entrée dans la LNH en 1974, Barry Trotz attendait ce moment depuis 20 ans, soit depuis qu’il s’est retrouvé à la barre des Predators de Nashville dont il a été le premier entraîneur-chef de leur arrivée dans la LNH en 1998 jusqu’à ce qu’il quitte le Tennessee pour se retrouver à la barre des Capitals de Washington en 2014.

 

À l’image des Capitals et de leur capitaine Alex Ovechkin, Barry Trotz commençait même à traîner comme un boulet le poids de ses insuccès en séries éliminatoires. Le poids de son incapacité de se rendre jusqu’au bout.

 

« Je sais que la finalité dans le sport est de gagner un championnat. Mais parfois, on met de côté des tas de choses très importantes simplement parce qu’on n’a pas de championnat à célébrer. Dans une ligue où il est maintenant très ardu de maintenir sa place au sommet du classement, on a été champion de la saison régulière deux fois. C’est la première fois cette année qu’on dépasse la deuxième ronde des séries depuis que je suis à Washington, mais on est aussi la seule équipe qui se soit rendue en deuxième ronde quatre saisons de suite », a plaidé Trotz.

 

L’incertitude face aux séries a poussé l’état-major des Capitals à ne pas offrir de contrat à Barry Trotz au cours de la dernière saison.

 

À Washington, le directeur général Brian MacLellan a refusé la permission à plusieurs équipes – les Panthers de la Floride et les Sabres de Buffalo sont du nombre – la permission de parler avec l’entraîneur associé Todd Reirden que les Caps gardent jalousement comme successeur éventuel à Trotz.

 

Les gens près des Caps reconnaissent même que le fait que Reirden soit sous contrat pour les prochaines années alors que Trotz écoulait la dernière année de son pacte a créé des remous en cours de saison.

 

Des remous que la conquête de la coupe Stanley fera oublier. À moins que Trotz décide de partir en pleine gloire. Plusieurs rumeurs l’envoyaient d’ailleurs à la barre des Rangers de New York après que les BlueShirts eurent congédié Alain Vigneault.

 

Un poste est disponible avec les Islanders.

 

« Barry est sous contrat jusqu’au 1er juillet. Nous allons célébrer la conquête de la coupe Stanley comme il se doit et d’ici quelques jours, nous allons nous asseoir et je suis convaincu que Barry, s’il le désire, sera de retour avec nous l’an prochain », a lancé MacLellan.

 

Quand des journalistes ont demandé à Barry Trotz s’il se voyait à la barre des Caps l’an prochain, il a répondu tout de go : « Certainement! »

 

On verra si les deux hommes s’entendront.

 

Mais qu’ils s’entendent ou non sur les modalités d’un contrat qui devrait être long et lucratif – et qui devrait aussi entraîner le départ de Todd Rierden de Washington dans l’éventualité d’un retour de Trotz – Barry Trotz célébrera sa première coupe Stanley.

 

« Je suis un gars de la vieille école. Je crois que ma première bière sera suivie de plusieurs autres », a-t-il lancé en riant.

 

À ces bières, s’ajoutera dans un avenir rapproché une bouteille de champagne. Une bouteille que Trotz conserve dans une caisse de bois depuis plus de 20 ans.

 

« Je l’ai reçue en cadeau en 1996 alors que j’étais en finale de la Ligue américaine à la barre des Pirates de Portland. C’était le club-école des Caps. David Poile, mon mentor dans le hockey, m’avait dit que j’avais les aptitudes pour être un bon coach. Il m’avait donné son équipe de la Ligue américaine. Comme nous avions perdu en grande finale – Trotz avait toutefois gagné la coupe Calder deux ans plus tôt – j’avais refusé d’ouvrir le champagne. On avait alors décrété que je la boirais lorsque je gagnerais la finale de la coupe Stanley. Maintenant que c’est fait, je vais retrouver la bouteille qui est encore dans une boîte à Nashville et je vais enfin pouvoir la boire », a raconté Barry Trotz.

 

Le champagne c’est bien, les célébrations aussi, tout comme son nom qui sera bientôt gravé dans la coupe. Mais toutes ces célébrations associées à la conquête complétée jeudi ne font pas perdre la tête à cet entraîneur-chef qui est d’une grande droiture.

 

« Je ne crois pas que cette coupe fait de moi un meilleur coach ou qu’elle fait d’Ovie (Alexander Ovechkin) un meilleur joueur. Il était une grande vedette et un grand joueur avant la coupe. Il l’est toujours. Tenez : mon nom sera sur la coupe et ce que cela représente de plus important à mes yeux est associé au fait que les enfants de mes enfants pourront se rendre un jour au Temple de la renommée du hockey, chercher un peu et dire : c’est le nom de grand-papa qui est ici. Ça, c’est sensationnel. Le reste moins », philosophait Barry Trotz.

 

Parlant de philosopher, l’entraîneur-chef des Caps a refusé, malgré l’enthousiasme relié à la victoire historique de son équipe et également la sienne, de dévoiler les ennuis – on croit comprendre qu’il s’agit de problème de santé – qui l’ont incité l’été dernier à changer de tempérament. À afficher moins de nervosité dans son travail, à adopter une attitude selon laquelle on profite à plein de la journée présente parce qu’on ne sait jamais de quoi sera faite la prochaine.

 

« Je vous ai déjà dit que je ne voulais pas lever le voile sur cette information et je ne changerai pas d’idée ce soir », a lancé Barry Trotz dans l’une des nombreuses mêlées de presse qu’il a multipliées.

 

Peut-être qu’après la bouteille de champagne qu’il pourra enfin sabrer, ou qu’à la signature du riche contrat qui l’attend, il changera d’idée.