VANCOUVER – Pas une journée ne passe sans que le compliment ne se mêle aux bruits de corridors depuis le début du Championnat du monde de hockey junior. Tout le monde vante le calme de Cayden Primeau.

« C’est un stone-cold killer », un assassin avec de la glace dans les veines, a réitéré le défenseur Phil Kemp après que Primeau eut réalisé 33 arrêts contre la Russie pour transporter les États-Unis en finale.

 

Mais Primeau admet que son sang-froid légendaire l’a abandonné pendant une demi-seconde vendredi. Les Américains protégeaient une avance d’un but et se défendaient à court d’un homme, en tout début de troisième période, quand un tir de Vitali Kravtsov est passé sous son bras. La rondelle est allée danser sur la ligne rouge, en direction de laquelle a immédiatement plongé Ivan Muranov. Le Russe a fendu l’air et avant qu’il n’ait le temps de mesurer l’ampleur de la chance qu’il venait de rater, le défenseur Phil Kemp a balayé la rondelle loin de la zone dangereuse.

 

« J’ai réalisé que j’avais perdu la rondelle, mais je ne voulais pas bouger, juste au cas, relatait Primeau après la rencontre. Je ne sais pas si c’est mon cerveau qui m’a joué un tour, mais j’ai figé. Quand j’ai vu [Phil] arriver, mon cœur a flanché. »

 

« Pour être honnête, je n’ai pas eu le temps de penser à quoi que ce soit, racontait Kemp, qui joue le rôle discret de soupape de sécurité derrière l’aventureux Quinn Hughes depuis le début du tournoi. Mes instincts ont embarqué. Je ne sais pas si ça vient des entraînements, si ça a un rapport avec la mémoire musculaire ou quoi, mais je me suis penché et j’ai fait le ménage. Ça a été un gros jeu pour nous. »

 

Malgré l’insistance russe, les États-Unis ont désamorcé le reste de l’avantage numérique et se sont accrochés à leur avance. Ils ont accordé 16 tirs en troisième période seulement, mais Primeau les a tous arrêtés et a signé sa troisième victoire consécutive.

 

« Il voit des ballons de plage présentement dans sa cage, a illustré Kemp. On est chanceux de pouvoir compter sur lui. »

 

« Il  nous a procuré du confort quand on en avait besoin, a développé l’entraîneur-chef Mike Hastings. Quand on affronte une équipe comme celle de la Russie, on s’attend à ce qu’elle obtienne sa part de chance et dans ces moments, c’est important de pouvoir compter sur un dernier rempart solide qui vous permet de reprendre votre souffle. En début de troisième période, notre gardien devait être notre meilleure arme en désavantage numérique et il l’a été. Disons que Phil a été la deuxième! »

 

Primeau a été irréprochable depuis qu’il a hérité du poste de gardien numéro un des États-Unis à la fin de la ronde préliminaire. Dans une séquence qui l’a opposé à la Finlande, la République tchèque et à la Russie, il n’a jamais accordé plus d’un but dans un match. Son taux d’efficacité durant ces trois rencontres s’élèvent à ,963.

 

« Depuis qu’on lui a remis le témoin, il court comme un gars qui ne veut rien savoir de le céder, réalise Hastings, qui apprécie la confiance tranquille de son cerbère.

 

« Je ne fais que me nourrir de la confiance que mes coéquipiers me transmettent, s’excuse presque Primeau. Dans le match contre la Finlande, j’ai arrêté de compter le nombre de tirs dangereux qu’ils ont bloqués devant moi. Quand tout le monde se défonce devant moi, ça ne peut que m’aider à élever mon jeu. »

 

« J’ai eu quelques conversations avec lui au cours des dernières semaines, simplement parce qu’il a joué beaucoup de matchs pour nous, ajoute Hastings. Il me pose des questions sur les matchs qu’il vient de jouer, ceux qui l’attendent et il absorbe toute l’information que je lui donne. Il fait tout ce qui est en son pouvoir pour se préparer adéquatement, donc de le voir offrir une performance comme ce soir, c’est un moment spécial. »​