VANCOUVER – Lorsqu’il est parvenu à passer Max Pacioretty aux Golden Knights de Vegas avant le début du camp d’entraînement, le directeur général du Canadien Marc Bergevin a immédiatement été applaudi pour avoir ajouté un joueur de centre d’avenir à son bassin d’espoirs.

Personne ne s’attendait encore à ce que Max Domi ne s’établisse avec distinction comme le pivot du premier trio. Tout le monde semblait s’entendre sur le fait que Jesperi Kotkaniemi aurait besoin de quelques années avant d’être assez mature pour jouer dans la Ligue nationale. Il était donc tout à fait normal, à ce moment, de considérer Nick Suzuki comme une solution évidente aux carences vieilles comme Hérode dont le Tricolore souffrait à sa position.

À peine trois mois plus tard, la trajectoire qui attend le jeune homme de 19 ans est un peu plus floue.

Domi s’est imposé comme une option indiscutable au centre du premier trio, Kotkaniemi a surpassé les attentes, Philip Danault est un modèle de fiabilité à qui on trouve bien peu de choses à reprocher et Ryan Poehling, le plus beau projet de l’organisation, devrait faire le saut chez les pros l’an prochain. Bref, il y a maintenant congestion dans une voie où personne n’avait le moteur pour rouler il n’y a pas si longtemps.

Malgré tout, Suzuki continue de se projeter comme un joueur de centre chez les professionnels.

« Je pense qu’ils me voient comme un centre, garde comme impression le 13e choix au total du repêchage de 2017, rencontré après la victoire d’Équipe Canada junior contre le Danemark mercredi. Ils savent que j’ai aussi la capacité de jouer à l’aile et en vérité, ça ne change pas grand-chose pour moi. Mais je pense qu’ils me voient toujours au centre et je vais faire tout ce que je peux pour en être un. »

On sait de Suzuki que son équipe génère beaucoup plus de buts qu’elle en encaisse quand il est sur la glace. Depuis qu’il a terminé sa saison recrue dans la Ligue junior de l’Ontario à moins-15, il affiche un différentiel de plus-81. On dit de lui que son intelligence athlétique lui permet de compenser son petit gabarit et de bien se débrouiller défensivement.

On sait aussi qu’il peut-être dominant au cercle des mises en jeu. Avant de quitter l’Attack d’Owen Sound pour rejoindre ÉCJ, il a aligné trois matchs au cours desquels il a remporté 65% de ses duels au point rouge. Il s’est amélioré à chacune de ses quatre saisons chez les juniors et affiche cette saison un taux d’efficacité de 53,5% dans ce département.

« Il y a certains matchs où je me sens dans une zone et d’autres où la chance me sourit moins. Pour moi, l’important est d’aborder chaque nouvelle mise en jeu dans le bon état d’esprit. Chaque joueur de centre a ses propres méthodes et il faut être prêt à en découdre. Dans l’ensemble, je crois être plutôt bon dans ce domaine. »

La plus grande faiblesse de Suzuki est probablement son coup de patin. C’est en tout cas l’essentiel du message que le Canadien lui a transmis avant de le renvoyer à son club junior à l’automne et que le responsable du développement Rob Ramage continue de lui répéter lors de ses fréquentes visites à Owen Sound.

« J’y travaille beaucoup et je crois que ça se traduit dans mes performances dans ce tournoi, estime-t-il. J’ai l’impression de tenir un rythme élevé et ça m’aide beaucoup. »

Soirée timide contre les Danois

Comme ce fut le cas lors du calendrier préparatoire, le trio que Suzuki complète avec Jaret Anderson-Dolan et Alexis Lafrenière s’est fait plutôt discret dans le massacre aux dépens des Danois. Ses membres n’ont amassé qu’un total de deux petits points, une bien faible production si on la compare aux 11 points de celui pivoté par Barrett Hayton ou aux 10 générés par celui de Cody Glass.

« Tout le monde était excité à l’idée de commencer le tournoi et je pense qu’en première période, on était un peu brouillon et on n’a pas créé grand-chose, admet lui-même l’ailier droit temporaire. Ça s’est amélioré par la suite. »

L’idée n’est pas de chercher des poux où il n’y en a pas. Le tournoi en est encore à ses balbutiements et même si les chiffres ne le démontrent pas, Suzuki n’a pas joué un vilain match mercredi. Sa patience et sa vision du jeu lui ont notamment permis d’offrir à Morgan Frost un tour du chapeau sur un plateau d’argent et ses instincts offensifs ont été mis en évidence à quelques reprises dans la zone d’une équipe clairement déclassée.

D’ailleurs, le petit numéro 17 doit bien avoir des qualités puisque selon les statistiques fournies par la Fédération internationale de hockey sur glace (FIHG), il a été l’attaquant le plus utilisé par l’entraîneur Tim Hunter contre le Danemark (17:11).

« Ça s’en vient, pressent-il. Depuis le premier match qu’on a joué ensemble, on joue beaucoup mieux et la chimie continue de s’installer. Je trouve qu’on travaille bien en bas de zone pour faire circuler la rondelle, ce qui nous permet de ne pas passer trop de temps à défendre. Je trouve qu’on forme une unité fiable. »​