Depuis quatre ans, le Québécois Mikaël Kingsbury fait la loi sur les bosses du monde entier : tout autre résultat qu'un titre olympique lundi lors de la finale des JO 2018 serait une déception pour le prodige québécois.

À 25 ans, Kingsbury est déjà entré dans l'histoire de son sport : le 11 janvier, il s'est imposé sur la piste de Deer Valley (Utah), la plus difficile et réputée du circuit mondial, pour signer sa 48e victoire en Coupe du monde, un record.

Mieux encore, il a enchaîné ce jour-là un 13e succès consécutif dans une impressionnante série débutée le 2 février 2017 et qui, depuis, a pris fin le 20 janvier à domicile avec une 2e place derrière le Japonais Ikuma Horishima.

Dans une discipline où des juges notent les virages (60 % du score) et les sauts (20 %), Kingsbury marque les esprits à chacune de ses sorties.

« Ma combinaison de sauts est la plus difficile qui soit, c'est un avantage. Plus c'est difficile, plus ça fait ressortir les meilleurs. Plus c'est facile, plus le groupe (de concurrents) est proche », a-t-il expliqué en janvier à la radio canadienne 98,5 fm Montréal.

« Mais en bout de ligne, le job reste le même : il faut se rendre en bas et faire le moins d'erreurs possible », rappelle le phénomène, amateur de jeux vidéo et partisan inconditionnel des Canadiens de Montréal.

Tradition canadienne

Et à ce petit jeu-là, il est sans rival ou presque : il a enlevé six des sept dernières éditions de la Coupe du monde de ski acrobatique, s'est offert deux titres mondiaux (2013, 2015) et a ramené des JO 2014 de Sotchi une médaille d'argent.

Sans surprise, il a encore survolé vendredi la première manche de qualifications de l'épreuve olympique au Phoenix Snowpark de Bokwang, en reléguant à plus de deux points son premier poursuivant, le Russe sous bannière olympique Aleksandr Smyshliaev.

« Je suis juste content d'avoir brisé la glace. J'ai beaucoup appris de mes récentes victoires et je me sens de mieux en mieux, concentré sur les bonnes choses », a-t-il résumé après cette première manche olympique.

Le skieur de Deux-Montagnes s'inscrit dans la longue et glorieuse tradition canadienne, et même québecoise, des bosses, celle de Jean-Luc Brassard et d'Alexandre Bilodeau, sacrés champions olympiques en 1994 pour le premier, 2010 et 2014 pour le second, ou encore des soeurs Dufour-Lapointe.

« Cela doit être dur pour ses adversaires de voir ce qu'il arrive à faire. C'est dur pour moi à comprendre, car ce qu'il réussit va au-delà de l'imagination », admire Brassard.

« Quand je skie, j'entends la foule ou ma musique. Mais je sens surtout le rythme de mon ski. La piste, c'est vraiment l'endroit où je me sens le mieux », a expliqué Kingsbury vendredi.

Rien ne semble lui faire peur, pas même le risque de blessures ou les énormes attentes qu'il suscite.

« Je suis prêt, j'aime cette situation, je m'amuse. La compétition, c'est comme une drogue pour moi, j'aime ce stress », assure Kingsbury qui, depuis qu'il a 18 ans, a pour porte-bonheur un t-shirt « It's good to be the king » (Qu'il est bon d'être le roi, NDLR), en référence à son patronyme. 

Il ne lui reste plus qu'à accomplir la prédiction qu'il avait faite à l'âge de neuf ans. Sur le plafond de sa chambre d'enfant, il avait affiché un dessin des anneaux olympiques sur lequel il avait écrit. « Je vais gagner!".