MONTRÉAL – Après ne s’être affrontés qu’une seule fois en près de 14 mois, les Carabins de l’Université de Montréal et les Redmen de l’Université McGill croiseront le fer pour une deuxième fois en autant de semaines, samedi.

L’enjeu sera bien plus simple que la semaine dernière : gagner pour prolonger sa saison. Terminé le nombre de points accordés, les différentiels et les places en éliminatoires. L’important, c’est d’avoir au minimum un point de plus que son adversaire à la fin du match.

En plus du mauvais temps, les différentes luttes au classement – principalement celle entre les Bleus et le Rouge et Or pour le premier rang – ont changé le plan de match de Danny Maciocia dont la troupe l’a emporté par la marque de 13-0 au Stade Percival-Molson, samedi dernier.

« C’était quelque chose qu’on ne vit pas sur une base quotidienne, a indiqué l’entraîneur-chef des Carabins. On passe à un autre appel maintenant qu’on est en éliminatoires. La seule chose qui compte, c’est la victoire. »

Les Redmen en seront à une première participation aux éliminatoires depuis 2012. Cette équipe ne cesse de progresser sur toutes les facettes depuis que Ronald Hilaire a été nommé à la barre du programme en février 2015.

Bien qu’ils feront face à une formation beaucoup plus jeune et moins expérimentée qu’eux, les doubles champions québécois sont très conscients qu’ils ne peuvent la sous-estimer.

« Ce n’est pas quelque chose que j’ai besoin de répéter souvent cette semaine. En regardant les bandes vidéo, nos joueurs ont réalisé que c’était loin d’être facile la semaine passée. C’est une équipe qui va se présenter au CEPSUM et qui va tout donner », a souligné Maciocia qui dirigera son 14e match en éliminatoires depuis qu’il est le pilote des Carabins.

« La pression est des deux côtés. Nos jeunes veulent autant ne pas perdre que les leurs, a affirmé Hilaire. La conversation a beaucoup été axée sur les points accordés avec Laval. Maintenant qu’ils sont premiers, cette pression est encore existante. Si tu finis premier, ça te donne l’opportunité d’avoir la Coupe Dunsmore chez toi, mais il faut que tu gagnes ton match de demi-finale. »

Ne pas concéder le long jeu

L’attaque de l’UdeM était plus conservatrice la semaine dernière ne voulant pas commettre l’erreur qui pourrait redonner le ballon aux Redmen. Samedi, le quart-arrière Samuel Caron et ses coéquipiers offensifs montreront le vrai visage de l’unité offensive.

« Au cours des deux derniers matchs, on jouait beaucoup pour ne pas donner de points. En attaque, on va pouvoir plus ouvrir le livre de jeux. On va jouer pour marquer le plus de points et gagner le match. C’est une nouvelle saison », a expliqué le pivot des Carabins qui a complété 16 de ses 25 passes pour 210 verges la semaine dernière.

Les Bleus ont été incapables de franchir la ligne des buts samedi dernier. L’attaque a frappé à la porte à quelques reprises, mais a dû se contenter de placements de Félix Ménard-Brière.

Samuel Caron« C’était un manque d’opportunisme parce que nous n’avons pas terminé nos séquences offensives. Avec une bonne semaine de préparation, on va pouvoir régler ça », a assuré Caron qui a lancé 9 passes de touché en plus d’en marquer 4 au sol cette saison.

Hilaire sait très bien que l’unité offensive de son ancienne équipe peut être très explosive. La défense de celui qui a été entraîneur de la ligne défensive des Bleus de 2011 à 2013 devra de nouveau plier, mais ne pas casser.

« Si on est capable d’avoir une pression soutenue de notre ligne défensive, ça allège beaucoup le travail de nos demis défensifs. En même temps, il faut rester hermétique contre la course. Quand tu affrontes une attaque aussi balancée, le but premier est d’éviter les longs jeux et de les forcer à avancer petit par petit », a étalé Hilaire qui occupe les fonctions d’entraîneur-chef et de coordonnateur défensif à McGill.

Les Redmen devront également garder à l’œil Caron qui a récolté des gains au sol de 300 verges cette saison. McGill a accordé 159 verges par la voie terrestre la semaine dernière, dont 33 au quart-arrière des Carabins.

Un premier match en éliminatoires pour les deux quarts

Samuel Caron n’est peut-être pas une recrue, mais il disputera son premier match éliminatoire en tant que partant. Celui qui a passé la saison 2015 loin du football semble bien calme à l’approche d’une autre première dans sa carrière.

« Je vais l’approcher commet tous les autres matchs. Les médias me disent toujours que c’est ma première chaque semaine, mais je vais faire comme depuis le début de l’année et je vais prendre un match à la fois. C’est un match comme les autres. Ça ne sera pas le premier match de l’histoire des Carabins en éliminatoires, alors ça devrait bien aller », a lancé celui qui a complété 68,5 % de ses passes cette saison.

Avec une température plus clémente et aucune contrainte quant aux points accordés, on devrait revoir Caron tenter de longues passes à son trio infernal. Les receveurs Louis-Mathieu Normandin (613), Guillaume Paquet (538) et Régis Cibasu (535) ont respectivement terminé aux premier, troisième et quatrième rangs du RSEQ pour les verges sur réception. La jeune tertiaire des Redmen devra donc connaître son meilleur match de l’année pour aller chercher la victoire.

La recrue Frédéric Paquette-Perrault impressionne à sa première saison dans les rangs universitaires. Le quart-arrière a commencé tous les matchs depuis la deuxième semaine d’activités et il démontre qu’il représente le futur à cette position chez les Redmen.

Frédéric Paquette-Perrault et Nicolas Khandar« Sa progression était exactement ce à quoi on s’attendait et il est un joueur très cérébral. Il a une excellente mécanique et un bras phénoménal. Dans les dernières semaines, on a pu voir la force de son bras et la rapidité de ses lectures », a décrit Hilaire en parlant de celui qui a terminé la saison avec une moyenne de 232,2 verges aériennes par match.

L’attaque des hommes en rouge a reposé en grande partie sur le produit du Cégep du Vieux Montréal, samedi dernier, étant donné que le jeu au sol n’allait nulle part. Malgré ses deux interceptions, il a connu une bonne sortie en trouvant à plusieurs reprises les entre-zones pour compléter ses passes.

Sa ligne offensive, qui compte entre autres les finissants Qadr Spooner et Pierre-Olivier Daloze, lui a offert une bonne protection tout au long de la saison en ne concédant que 18 sacs du quart, dont aucun face aux Carabins. C’était la première fois de la campagne que la meilleure défense au pays terminait un match sans un seul sac, elle qui en a réussi 28 dans les 7 autres rencontres. La ligne à l’attaque des Redmen devra offrir le même genre de performance pour espérer avancer le ballon.

Mais pour battre les Carabins, ça prendra des points au tableau, notamment quand l’unité offensive se rend dans la zone payante.

Le tournant de l’affrontement de la fin de semaine dernière est attribuable au front défensif des Bleus. Il a stoppé les Redmen à trois reprises alors qu’ils étaient à la ligne de 1 des champions de la Coupe Vanier de 2014.

« Nous avons bien bougé le ballon. Mais avec trois essais à la ligne de 1, dans des matchs importants comme celui qui s’en vient, il ne faut pas partir avec les mains vides, a souligné avec raison le receveur de McGill, Louis Brouillette. Il faut donner du mérite à la défense de Montréal aussi parce qu’ils sont bons. Mais on n’est vraiment pas intimidé. Nous avons réussi à faire de bonnes choses. Ils ne sont pas invincibles. »

L’expérience est un facteur qui peut jouer pour beaucoup au mois de novembre et les Carabins ont nettement l’avantage de ce côté avec deux participations consécutives à la Coupe Vanier. Mais les Redmen n’ont jamais montré de complexe d’infériorité depuis le début de l’ère Hilaire et il sera intéressant de voir comment les jeunes loups réagiront devant la bruyante foule du CEPSUM.