À peine 90 minutes avant que le coup d'envoi soit donné à la finale d'association de l'Est entre le Canadien et les Rangers de New York, Marc Bergevin se tenait sur le podium avec un enthousiasme contagieux, encore exalté par l'élimination des Bruins de Boston quelques jours plus tôt. L'esprit de camaraderie était au rendez-vous entre le DG du Tricolore et les journalistes présents.

Puis, quelques heures plus tard seulement, l'entraîneur-chef Michel Therrien faisait son arrivée sur ce même podium afin d'y tenir un point de presse après l'écrasant revers de 7-2, et soudainement le sentiment d'euphorie ressenti en avant-midi était entièrement disparu.

Incapable de mettre le doigt sur ce qui avait bien pu clocher pour que sa troupe s'effondre ainsi, le pilote du CH et ses joueurs ont opté pour « l'amnésie sélectitve » comme stratégie d'après-match, analyse Mark Cannizzaro, du New York Post. Selon lui, c'est d'ailleurs la façon de procéder qui servira le plus aux Montréalais que celle d'en tirer une leçon et de faire peau neuve.

« Les Rangers ont tendu une embuscade à Carey Price, qui avait pourtant été leur bête noire en saison régulière. (...) Pour leur part, les joueurs du Canadien ont paru amorphes de la première à la dernière minute », poursuit Cannizzaro.

Quels fantômes?

Sous la plume de Pat Leonard, le New York Daily News se réjouissait pour sa part d'avoir vu les Blue Shirts, et tout particulièrement le gardien Henrik Lundqvist, exorciser leurs démons au Centre Bell, un environnement qui leur avait été bien peu clément depuis cinq ans.

« Le match no 1 s'est avéré un véritable volte-face des duels auxquels nous avions récemment eu droit entre Price et Lundqvist », écrit-il.

Selon Leonard, le Tricolore a dominé samedi les premières 18 minutes et 50 secondes de la deuxième période (jusqu'au moment où les Rangers ont inscrit deux filets rapides pour retraiter au vestiaire avec une priorité de 4-1), et c'est l'efficacité de Lundqvist, notamment à l'endroit de P.K. Subban et à de multiples reprises aux dépens de Max Pacioretty, qui a mis la table pour la fin de match à sens unique à laquelle ont assisté incrédules les partisans du bleu-blanc-rouge.

« La raison pour laquelle les Rangers n'ont pas cédé à la pression montréalaise est qu'ils évoluaient devant un gardien qui ressemblait beaucoup plus à celui qui a vaincu les Penguins de Pittsburgh trois fois de suite pour les éliminer des séries qu'à celui qui avait connu maintes difficultés à s'ajuster à l'ambiance unique régnant au Centre Bell », conclut-il.

Ben Shpigel, du New York Times, reprend un refrain que plusieurs partisans du Canadien doivent trouver lassant en faisant l'éloge du jeune défenseur Ryan McDonagh, échangé aux Rangers par Bob Gainey en 2009 dans la transaction amenant Scott Gomez à Montréal, et qui a éclot d'une manière que probablement même Trevor Timmins n'avait pas envisagé.

« De loin, le Canadien et ses supporters ont vu McDonagh progresser jusqu'au statut d'étoile, jusqu'à l'élite des défenseurs de la LNH. De plus près samedi, ils l'ont vu briller dans une performance des plus dominantes. Nul doute que le meilleur arrière des Rangers a disputé son meilleur match depuis le début des séries », soutient Shpigel.

Une sortie publique d'Alain Vigneault lors de la série de premier tour contre les Flyers de Philadelphie avait passablement aidé à motiver McDonagh à élever son jeu d'un cran, lui qui avait connu certains ratés au tout début du rendez-vous printanier. Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette fameuse séquence ardue est maintenant chose du passé.