VICTORIA – Quand Jussi Ahokas a pris la décision de retrancher Jesperi Kotkaniemi, quelques jours avant le début Championnat du monde junior 2018, jamais il ne se serait douté qu’il venait de saboter sa dernière chance de diriger le jeune surdoué.

Quelques mois avant de devenir le choix de première ronde du Canadien, Kotkaniemi avait été victime de la dernière vague de coupes au camp de sélection de l’équipe des moins de 20 ans de la Finlande. Ahokas, qui avait le dernier mot sur la composition du groupe, se souvient que c’est le coup de patin du jeune prétendant qui l’avait fait hésiter et, éventuellement, trancher en sa défaveur.

« Il était proche, mais il fallait lui trouver un rôle précis, sur l’avantage numérique ou quelque chose comme ça, s’est défendu le sélectionneur vendredi. On avait eu un tournoi en novembre où il avait connu un bon match, mais en avait joué deux plus ordinaires. Ça a été une décision difficile à prendre, mais il l’avait bien acceptée et depuis, il n’a pas cessé de s’améliorer. »

À la défense d’Ahokas, bien peu d’observateurs osaient prononcer le nom de Kotkaniemi dans la même conversation qu’Andrei Svechnikov, Filip Zadina et Brady Tkachuk il y a un an. C’est avec une bonne fin de saison en Liiga, et surtout une performance époustouflante au Championnat du monde des moins de 18 ans, que celui qu’on allait éventuellement surnommer « KK » s’est incorporé dans la crème de la crème.

On sait aujourd’hui que ce n’était pas un feu de paille. À l’aube d’une nouvelle année, le plus jeune joueur de la LNH occupe le huitième rang du classement des compteurs des recrues avec 17 points en 38 matchs. La qualité et la constance de ses performances lui ont rapidement valu un statut important au sein de sa nouvelle équipe, au point où quand Ahokas a appelé Marc Bergevin pour lui demander s’il avait l’intention de lui prêter le prodige de Pori, il a vite compris qu’il devrait se trouver un autre joueur de centre pour son premier trio.

« Pour moi, c’est sûr que c’est une surprise de voir qu’il a été capable de faire sa place aussi rapidement. Son maniement de rondelle et son sens du jeu font de lui un excellent joueur, mais c’est encore un garçon et en plus de son patin, j’étais sceptique quant à sa capacité d’endurer les rigueurs physiques de la LNH. C’est tout à son honneur d’avoir su aligner les matchs à un niveau aussi élevé. »

Ylonen sur la voie rapide

À défaut d’avoir pu rapatrier Kotkaniemi, Ahokas peut compter sur le deuxième meilleur espoir finlandais du Canadien. L’ailier droit Jesse Ylonen, sur qui Trevor Timmins a mis le grappin avec le premier de ses trois choix de deuxième ronde en juin dernier, connaît lui aussi une progression intéressante aux yeux de son sélectionneur.

« Je le connais depuis longtemps, il était déjà à notre camp l’an dernier. Sa vitesse, son attitude, son talent en général, rien de ça ne me surprend. Mais à mes yeux, il s’est beaucoup amélioré dans la Liiga. Le hockey professionnel lui va très bien. »

Ylonen a inscrit 13 points en 31 matchs jusqu’ici en première division finlandaise. Il connaissait ses meilleurs moments de la saison au moment de quitter pour Vancouver, à la mi-décembre. Dans les six matchs précédant son départ, il a marqué trois buts et ajouté trois mentions d’aide.

Il faut croire que l’Amérique du Nord ne le dépayse pas trop puisque depuis le début du Mondial junior, il a amassé trois passes en deux rencontres. C’est intéressant, mais pas autant que la prédiction d’Ahokas, qui s’attend à ce que son protégé ait tout autant de facilité à s’adapter lorsqu’il traversera l’Atlantique pour de bon.

« Je dois dire que la dimension des patinoires nord-américaines est parfaite pour son style de jeu, évalue Ahokas. Il tourne sur un dix sous, possède un excellent lancer et avec son accélération et sa vitesse... il sera un excellent Canadien de Montréal. »

Ylonen, un jeune homme de peu de mots, croit lui aussi que son arsenal pourra lui permettre, le jour venu, de se fondre sans heurt dans un environnement où la plupart des nouveaux arrivants avancent à tâtons.

Moins de temps? Moins d’espace? Moins de niaisage.

« C’est un peu différent, bien sûr, mais ça ne me cause aucun problème. J’aime le jeu rapide et c’est exactement ce qu’on retrouve sur les petites patinoires. Il y a plus de chances de marquer et j’adore ça. »

Dans combien de temps pourrait-on voir Ylonen faire le grand saut? Jussi Ahokas s’est déjà trompé dans le passé, mais il ose quand même se mouiller.

« Ça prendra une année ou deux, mais il va jouer dans la Ligue nationale, c’est certain. »