OSTRAVA, République tchèque – Longtemps considéré comme le favori pour défendre le filet du Canada au Mondial junior 2020, Olivier Rodrigue vit présentement l’expérience dans le rôle ingrat de troisième gardien de l’équipe.
 
Même s’il était le seul des candidats évalués par ÉCJ à posséder l’expérience des tournois internationaux, Rodrigue a été dépassé dans la hiérarchie par Nico Daws et Joel Hofer, qui connaissent des saisons du tonnerre dans leurs ligues junior respectives. Daws, le titulaire contre les États-Unis, montre une moyenne de buts alloués de 2,06 et un taux d’efficacité de ,939 avec le Storm de Guelph. Joel Hofer, son auxiliaire, accorde en moyenne 1,81 but par match et affiche un rendement de ,937 avec les Winterhawks de Portland.
 

« On est tous des numéros un. Il fallait qu’ils prennent une décision et je dois vivre avec ça », se résignait Rodrigue après l’entraînement de vendredi.
 
« C’est sûr que je voudrais aider l’équipe à ma façon, mais dans les circonstances, on me demande de faire ça et si je peux être le meilleur coéquipier et le meilleur joueur sur la glace dans les pratiques, c’est ce que je vais faire. »
 
Selon l’entraîneur-adjoint André Tourigny, Rodrigue s’acquitte merveilleusement de son mandat.
 
« La communication avec lui est importante, mais le gros du mérite, c’est à lui qu’il revient. Il s’implique et on n’a pas l’impression que c’est un gars qui est exclu ou qui essaie de faire les choses à part. Il est avec tout le monde, il est de bonne humeur, il est engagé et c’est ça qui fait la différence. Ce serait facile pour nous de prendre le crédit, mais tout ça lui revient. Ce n’est pas la première fois que j’ai un troisième gardien, mais c’est la première fois que j’en ai un comme ça. C’est sûr qu’en dedans de lui, ça doit faire mal, mais jamais il ne le démontre. C’est un coéquipier extraordinaire. »
 
« Il n’est aucunement question d’être à part de la gang, insiste Rodrigue, qui avait une moyenne de buts alloués de 2,79 et un taux d’efficacité de ,907 au moment de quitter les Wildcats de Moncton pour se joindre à la sélection nationale. Je prends l’autobus en même temps que tout le monde, je m’entraine en même temps que tout le monde. J’ai un cochambreur et on a autant de fun que les autres! »
 
Il n’y a que pendant les matchs que le natif de Chicoutimi est séparé de ses coéquipiers. De son siège dans les gradins du Ostravar Aréna, Rodrigue devient une paire d’yeux supplémentaire à la disposition de ses patrons.

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« J’ai quelques notes à prendre et je reste impliqué. Je regarde surtout les gardiens de but, ce que je pourrais faire pour aider notre coach des gardiens. L’organisation me traite comme il faut et m’implique dans les décisions. C’est même un peu plus stressant que si je jouais. »
 
À l’extérieur de la patinoire, le tournoi est aussi l’occasion pour Rodrigue de renouer avec ses parents, qui ont fait le voyage de Californie en sachant qu’ils ne verraient probablement pas leur fils en action. Sylvain, le paternel, est entraîneur des gardiens pour le club-école des Oilers d’Edmonton et la petite famille n’avait pas été réunie depuis l’été dernier.

 
Pour le troisième cerbère d’Équipe Canada, il s’agit d’une autre bonne raison de relativiser sa déception et de prendre la vie du bon côté.
 
« C’est une belle expérience, je fais partie de l’équipe canadienne. De me retrouver avec les gars et de pouvoir pratiquer avec eux, c’est quand même l’expérience d’une vie. »