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RÉSULTATS

Denis Laliberté ne s'est jamais découragé

Denis Laliberté - rds.ca
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Mise à jour

Il existe de ces malchances, difficilement prévisibles. Certains diront que ça fait partie intégrante de la vie sauf que lorsqu'on est touché, on se pose des questions.

 

Il avait 24 ans quand la fatalité lui est tombée dessus et c'est le cas de le dire. Denis Laliberté a vu le jour sur une ferme dans la région de Victoriaville et est le dernier d'une famille de huit enfants. Producteur laitier avec ses deux frères Marc et Robert, ils étaient des passionnés.

 

Alors qu'il travaillait à réparer un équipement agricole, une lourde pièce s'est effondrée sur lui, sur son dos. La moelle épinière a été sectionnée sur le coup. En plus, il a subi une fracture du tibia. En une fraction de seconde, sa vie venait de basculer.

 

« Je me souviens encore du médecin lorsqu'il m'a appris cette nouvelle. Il est parti immédiatement après ça. Disons que j'ai trouvé cette méthode assez ordinaire », nous raconte Denis, aujourd'hui âgé de 51 ans.

 

Toutefois, il ne s'est jamais découragé, n'a jamais traversé de périodes sombres. « Je pense que ma personnalité m'a grandement aidé. J'ai rapidement pris conscience qu'il fallait obligatoirement que je m'ajuste, que je trouve des solutions, sachant très bien que je ne pouvais plus revenir en arrière ».

 

Il a pris le temps pour bien se réorienter. À partir du moment où il a considéré qu'il pouvait agir, il a pris les choses en main. Il a œuvré pendant six ans pour un organisme communautaire avec lequel il s'occupait des personnes handicapées. En 2002, il décide de retourner sur la ferme, n'écoutant que son courage.

 

UN SOLIDE TRIO

 

 

Dès 2005, il y a même travaillé à temps plein, ce qu'il n'avait jamais osé imaginer auparavant. « Car si j'avais écouté bien des gens, je ne me serais jamais retrouvé dans une position semblable. Il fallait que je redécouvre mes limites et me prouver que je pouvais accomplir le travail. Avec mes deux frères, nous formions un solide trio, comme au hockey. J'ai vite réalisé que je pouvais me compter chanceux qu'ils soient là pour me seconder, m'encourager, m'appuyer. »

 

Vers la fin de 2015, le trio devait prendre une décision importante. Face à l'évolution, il fallait trancher. Ils investissaient plus de trois millions de dollars ou ils vendaient. « Tu sais que travailler sur une terre, ça peut facilement se comparer à la besogne d'un curé. On doit faire un vœu de pauvreté et de chasteté car je n'avais même plus le temps de faire l'amour », nous a-t-il dit, sur un ton humoristique. D'un commun accord, ils décident de vendre.

 

En 2016, Denis accepte d'œuvrer pour la ville de Victoriaville où on lui donne la responsabilité des gens handicapés. Pour la première fois de sa vie, il se retrouve inactif, derrière un bureau, lui qui est habitué au grand air et aux jobs physiques. Son état de santé se désagrège tranquillement. Il prend du poids, fait de la haute pression et éprouve régulièrement des ennuis à trouver le sommeil.

 

PAS SPORTIF MAIS EN FORME

 

 

Toutefois, il remarque que ses collègues au travail vont souvent courir et se dit qu'il pourrait lui aussi embarquer dans la danse, toujours à la recherche d'un équilibre de vie. Au début, il s'entraîne mais ne participe à aucun événement. Plusieurs lui demandent pour quelle raison ? Il répond : « Je fais ça pour moi, je suis revenu en santé, c'est tout ce qui m'intéresse. »

 

Or, il remarque l'ambiance qui règne lors des courses officielles et ça commence à le titiller.

 

Aujourd'hui, il sert d'inspiration à de nombreux handicapés et pas uniquement en fauteuil roulant. Une cinquantaine d'entre eux le suivent régulièrement et plongent dans le feu de l'action. « Je pense que mon exemple incite les autres à en faire autant et j'en suis très fier. Tu fais ta course comme si tu étais un autre coureur. »

 

Durant sa jeunesse, Denis ne s'est jamais considéré comme étant un sportif. « Sur une ferme, il faut travailler fort à tous les jours de la semaine et j'ai grandi avec ce comportement. On n'avait pas le temps de pratiquer des sports mais on était en forme », poursuit-il.

 

Une force de la nature, autant physiquement que mentalement, Denis peut aujourd'hui servir de modèle pour ceux et celles qui éventuellement, verront malheureusement leur vie prendre radicalement une tournure différente.