Geneviève Asselin Demers l'a échappé belle!
Publié
Mise à jour
Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis la victoire de Geneviève Asselin-Demers au marathon de Montréal en 2015. J'avais d'ailleurs eu le plaisir d'écrire sur cette performance.
Depuis, sa vie a complètement basculé, sauf qu'elle est encore une excellente athlète.
Un plaisir de lui parler après toutes ces années car elle voulait m'informer de sa participation au championnat du monde de courses en sentier qui sera présenté en Autriche, du 6 au 10 juin prochains. Ce que j'ignorais c'est qu'elle a dû vaincre d'importants défis pour rebondir et pouvoir remettre les pendules à l'heure.
Habituée à la compétition de haut niveau, il fallait bien s'attendre à ce qu'elle ne baisse pas les bras.
Revenons en arrière. En 2019, elle donne naissance à des jumelles, Chloé et Charlotte. Trois mois plus tard, elle rafle les honneurs d'un demi-marathon. Pas question de changer le niveau d'intensité.
Toutefois, de sérieux ennuis de santé l'attendent et cette fois-ci, la bataille ne sera pas de tout repos. En 2020, elle doit subir l'ablation du colon droit et du colon transverse. Par la suite, des troubles avec son appendice et elle se retrouve une fois de plus sur la table d'opération. Puis, on doit lui retirer deux mètres et demi d'intestins qui se sont tournés. « On ne comprenait pas ce qui m'arrivait car normalement, les gens inactifs ou les personnes beaucoup plus âgées sont aux prises avec ce genre de difficultés », m'expliquait Géneviève.
VOMIR SES SELLES
Avant d'être admise à l'hôpital, elle a dû patienter 10 heures à l'urgence. À un certain moment, elle vomissait ses selles ! On a alors décidé d'agir rapidement. « Si on avait attendu encore dix minutes, j'aurais terminé mes jours avec un sac ! ».
Il lui a fallu du temps pour remonter la pente.
Sa condition physique est revenue sauf qu'elle a dû procéder à un petit ajustement. Lorsqu'elle participait à des compétitions sur route, elle se déshydratait rapidement. Ce qui n'était pas le cas en sentier. Le changement s'imposait et devenait à la fois logique.
Il devient plus facile de s'hydrater lors des épreuves en sentiers.
Il fallait s'attendre à ce qu'elle continue de s'illustrer, elle, dont le talent est indéniable et surtout naturel.
Considérant les performances qu'elle livrait, elle a décidé de poster son CV à l'Équipe Canadienne et elle a été retenue.
Ingénieure en structure à 35 ans, Geneviève a du mérite car elle revient de très loin. « Je dois continuellement ajuster mon horaire. Mes entraînement sont programmés en fonction de ma vie et ce, contrairement à des athlètes professionnels. »
ÉPILEPSIE
Pour ajouter une tuile de plus à un palmarès de santé déjà très amoché, on lui a diagnostiqué de l'épilepsie qui serait causé par une commotion cérébrale qu'elle aurait encaissée antérieurement. Heureusement, elle doit prendre des médicaments qui apportent un contrôle à cette situation.
Il faut vraiment qu'elle soit motivée pour ce championnat puisque le Canada ne débourse absolument rien, ce qui représente une dépense de 5000$ pour qu'elle puisse réaliser ce rêve. Heureusement, elle reçoit la contribution de commanditaires tels On Running qui la supporte depuis huit ans et qui lui a versé un montant de 1500$ ainsi que Naak pour la nutrition.
Lors de ce championnat en Autriche, elle est inscrite à la distance de 85 km avec de 2,000 à 3,000 mètres d'altitude.
Elle fera le périple avec neuf autres athlètes québécois qui sont Rémi Leroux, Samuel et Anselme Poher, David Jecker, Jean-Philippe Thibodeau, Lindsay Webster, Anne-Marie Comeau, Mélodie Gilbert et Mylène Sansoucy.
La délégation canadienne sera composée de 38 athlètes.
Tout un redressement de situation pour Geneviève Asselin Demers.
Caractère, détermination, courage, appelez ça comme vous voudrez, mais l'essentiel est que lorsqu'elle s'envolera pour l'Autriche, de son hublot dans l'avion, elle pourra regarder la terre en se disant qu'elle n'a jamais abandonné !
