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RÉSULTATS

Un pompier en forme!

Pompier - course à pied - Courtoisie
Publié
Mise à jour

Il y a des exploits en course à pied qui sont, à mes yeux, plus impressionnants que d'autres. Celui du pompier Lavallois Alexis Dufour est l'un de ceux-là. 

 

Le 4 juin dernier, à la 11e édition de la Course des pompiers de Laval, il est parvenu à battre le record du monde du demi-marathon le plus rapide réalisé en portant un habit complet de pompier. L'équipement qu'il avait sur le dos pesait 50 livres et il devait porter un appareil respiratoire complet devant son visage. Ses bottes, à elles seules, pesaient 10 livres.

 

Son chrono : 2h54:03! C'est plus de 27 minutes de mieux que l'ancienne marque qui appartenait depuis 2020 au Néozélandais Simon Trye (3h21:41).

 

Respirer est déjà difficile lorsqu'on court. On semble toujours à la recherche de son souffle. Le nouveau recordman portait un masque complet qui était alimenté en oxygène par un cylindre qui faisait partie de son équipement.

 

« J'ai eu besoin de 14 cylindres ! C'est lorsque je m'arrêtais quelques instants pour changer un cylindre vide que j'en profitais pour m'hydrater. Ce sont les seuls moments où je pouvais boire. Puisqu'il n'y a pas d'humidité dans les cylindres, je ne respirais que de l'air sec et cela accentuait mon sentiment de déshydratation. Je devais ingérer des capsules de sel car de l'eau seule me donnait des crampes », explique le pompier de 30 ans.

 

Alexis s'était lancé ce défi pour amasser de l'argent pour la Fondation des pompiers du Québec pour les grands brûlés (FPQGB). Il a récolté plus de 12 000 dollars, soit plus que son objectif initial, en plus de sensibiliser le public à la cause.

 

« Je voulais amasser le plus d'argent possible pour la Fondation des grands brulés. En 1946, mes grands-parents ont perdu leur fille de 6 ans en raison de l'explosion d'un appareil de cuisson. Une de mes tantes, âgée de 15 mois à l'époque, avait également subi de graves brûlures et a eu besoin d'une cinquantaine d'opérations tout au long de sa vie. À cette époque, il n'existait aucune fondation pour aider les gens. L'ironie de la vie a fait que je suis un pompier aujourd'hui et je voulais aider les familles qui auraient à affronter une telle tragédie. J'ai toujours eu un désir en moi de me surpasser alors j'ai décidé de le faire pour une bonne cause. » 

 

Alexis Dufour ne pratique pas la course à pieds depuis longtemps. Toutefois, l'activité physique a toujours fait partie de sa vie. Il est un adepte de CrossFit depuis une douzaine d'années et s'était véritablement mis à la course à pied d'endurance il y a quatre mois seulement.

 

Il avait anticipé une première portion de course difficile car il croyait qu'il ferait chaud. Ce ne fut heureusement pas le cas ce qui lui a laissé un répit. La pluie aurait également pu venir lui jouer un mauvais tour en alourdissant son équipement. La météo lui a été favorable.

 

« Je suis parti à un bon rythme, ce qui m'a donné un tampon pour gérer le reste de ma course et ralentir au besoin. Après une heure de course j'avais parcouru huit kilomètres. Ce fut plus difficile à ce moment de garder mon rythme, mais je savais que j'avais de l'avance sur le record du monde. »

 

On a commencé à arroser Alexis au dixième kilomètre puisqu'il avait chaud dans son lourd équipement qui se lestait de sa sueur.  Au 16e kilomètre il avoue qu'il a commencé à « ne plus être là ».

 

« Mes bottes pesaient 10 livres et j'avais l'impression de courir avec des blocs de bétons dans les pieds.  La fin du parcours me réservait beaucoup de côtes. Lorsque je les montais, je me répétais que c'était important de continuer de jogger et de ne surtout pas marcher. J'avais beaucoup d'ampoules aux orteils.  Lorsque je descendais, mes orteils cognaient sur les bouts en acier de mes bottes et c'était très douloureux. »

 

Après avoir franchi le fil d'arrivée et s'être effondré au sol, il est demeuré deux heures dans la tente médicale aux prises avec de violentes crampes et des frissons. On a dû lui installer des solutés pour le réhydrater. Il s'est toutefois rapidement rétabli en raison de sa bonne forme physique.

 

Ce n'est que quelques heures après son exploit qu'il a réalisé l'ampleur de ce qu'il venait d'accomplir. Alexis tient à préciser qu'il ne s'était pas lancé dans ce projet tête baissée et qu'il était conseillé et surveillé par une solide équipe médicale et de premier soins.

 

Après avoir couru pendant 2 heures et 54 minutes sur 21,1 kilomètres avec un habit complet de pompier, a-t-il le goût de répéter l'expérience pour améliorer son record ?

 

« Pas du tout ! Je suis un homme de défis. J'en relèverai certainement d'autres pour une bonne cause, mais ce ne sera pas en habit de pompier », conclut-il en riant!