Véronique Leboeuf poussée par une puissance inconnue!
COLLABORATION SPÉCIALE
« Ma mère venait me porter en auto pour prendre l'autobus. »
Vous voyez le genre. Véronique Lebœuf nous a fourni cet exemple pour nous démontrer comment le sport pouvait se situer bien loin dans ses pensées…jusqu'à l'âge de 30 ans où un point tournant devait se produire dans sa vie et la faire basculer dans un monde complètement différent.
Son amie d'enfance, Julie Dubé, maintenant mère de trois enfants, lui lance un défi tout bonnement. Courir le demi-marathon d'Ottawa en mai 2011. Probablement piquée dans son orgueil, Véro accepte.
Puis, Julie lui demande par la suite de courir le marathon. « Moi, tu me dis que je ne suis pas game et j'embarque. Toutefois, après quelques semaines d'entraînement, Julie est enceinte de son 1er enfant. Que cela ne tienne. Et c'est un départ pour Véronique !
Originaire de Rivière Pentecôte, un petit village de 300 habitants sur la Côte-Nord à une centaine de kilomètres de Sept-Îles où elle s'y expatrie à l'âge de 17 ans pour parfaire ses études. Elle y rencontrera un futur enquêteur à la Sûreté du Québec qui en mars 2006, obtiendra un emploi à Québec. Dix-neuf ans plus tard, il affiche toujours présent pour l'appuyer et Dieu sait qu'elle en a eu besoin.
Au moment d'écrire, Véronique a couru 22 marathons dont neuf majeurs. Elle se présentera à Boston pour une 6e fois consécutive en avril prochain. Elle s'est qualifiée en 2017 mais n'a pu franchir la dernière étape dû au nombre élevé d'inscriptions. L'année suivante, elle a rebondi.
QUESTION D'HORMONES ?
Au début, elle ne se cataloguait pas comme une coureuse rapide mais des phénomènes étranges se sont passés.
En 2015, Gabrielle voit le jour. « Après l'accouchement, j'ignore si ce fut une question d'hormones mais je me suis mise à performer comme jamais auparavant, m'améliorant de jour en jour. »
Elle a couru entre autres à Londres, Berlin, Chicago, New York à deux reprises, Toronto, Philadelphie, Indianapolis et Victoria. En 2018, elle vit son moment de gloire alors qu'elle ne s'y attend aucunement. Avec son gang, elle quitte Québec pour courir le marathon de Longueuil. Au 21e kilo, on lui indique qu'elle occupe le 2e rang chez les femmes. « Je n'en revenais pas. »
Elle remporte le marathon à sa grande surprise. Après cette victoire, elle continue d'abaisser ses temps jusqu'à un jour de janvier 2020, où elle remarque une petite bosse sur un sein. On lui apprend qu'elle a un cancer. Trois chirurgies suivront et là, c'est l'inquiétude à son paroxysme. Vient-elle de mettre un terme à la course à pied ?
« Je ne me suis pas apitoyée sur mon sort. Je suis une éternelle positive car j'avais juste hâte de guérir pour recommencer à courir. Tu sais, j'ai déjà perdu quatre amies décédées dans un accident de la circulation alors que j'avais 18 ans. Cela m'a fait voir la vie d'un angle différent. »
45e AU MONDE
Étrangement, après une pause d'un mois, elle reprend le collier et à sa grande stupéfaction, elle voit ses marques personnelles diminuer considérablement.. Un an plus tard, à Berlin, elle signe sa meilleure performance, un chrono de 2h55. Au classement du Abbott World Major Age Group Championship Marathon qui a eu lieu à Londres en 2022, elle se classe première canadienne et 45e au monde.
La veille de notre entrevue, celle qui agit comme ambassadrice avec Brix venait de se taper un 35 kilomètres. « Si ce n'était que de moi, je n'arrêterais jamais de courir tellement j'adore me retrouver dans de tels moments. Même sans ces succès, j'aurais couru autant. J'en ai vraiment besoin », poursuit l'employée de Telus, chargée de programme. « Je travaille de la maison depuis 2009, assise la plupart du temps et occupée à parler au téléphone. Alors, tu comprendras que j'ai besoin de m'aérer régulièrement. »
Elle estime courir 4500 km par année. « C'est ce qu'il faut faire pour arriver à de telles performances. Ce n'est pas malsain. Je dis souvent à mon chum qu'il est préférable d'avoir besoin de ce genre de drogue. Ça me fait du bien, je suis toujours prête pour courir »
Son conjoint la trouve intense. « Il n'aime pas cette rigidité mais lorsque je prends part à un événement, je le sens tellement fier. »
COMMOTION CÉRÉBRALE
Véronique raconte qu'elle et son conjoint combinent leurs deux passions. Lorsqu'elle a a couru à Londres, il l'a accompagnée au marathon mais a dû la quitter au 35e km afin d'assister à un match de football de la NFL, passionné de ce sport.
Avec une cadence de 4 minutes 9 secondes du kilomètre, Véronique sourit. « Il m'est plus facile de courir avec le sourire. Mes amies me voient sur un plateau, plus haut que je me considère. Je l'accepte mais je suis un peu mal à l'aise. »
Elle rêve de courir à Tokyo. « Je sais que c'est dispendieux mais lorsque je vais mourir, je vais pouvoir dire que j'en ai profité au maximum et cela même si certaines personnes n'arrivent pas à comprendre mon attitude. »
En novembre dernier, lors d'un entraînement, elle s'est malencontreusement accrochée dans les jambes d'un autre coureur. Elle a chuté sévèrement. Fracture du nez et commotion cérébrale. Elle dit ressentir des symptômes encore aujourd'hui.
« Mais, j'aime tellement ça courir…. »